«Pour des millions de personnes, cette Pâques continue d’être marquée par la souffrance, les conflits, la guerre, les déplacements, la faim, la mort et la destruction. Si l’on considère ce scénario d’un point de vue humain, on éprouve un sentiment de peur, d’angoisse, de perte : une voie sans issue. En revanche, pour nous, disciples missionnaires, ce n’est pas le moment de nous plaindre, mais de voir, à travers le regard de notre foi, le Ressuscité qui ne nous laisse pas seuls.» (Conseil Général)
Message de Pâques
« Alors je vis un ciel nouveau et une terre nouvelle : car le premier ciel et la première terre ont disparu et la mer n’est plu … Et j’entendis, venant du trône, une voix forte qui disait : “Voici la tente de Dieu avec les hommes ! Il demeurera avec eux. Ils seront ses peuples et lui sera le Dieu qui est avec eux, leur Dieu. Il essuiera toute larme de leurs yeux. La mort ne sera plus. Il n’y aura plus de deuil, ni cri ni souffrance, car le monde ancien a disparu ». (Ap 21, 1-4)
Chers Confrères, C’est avec une grande joie que nous nous tournons vers vous pour partager la Bonne Nouvelle que le Ciel Nouveau et la Terre Nouvelle sont déjà parmi nous : Il est ressuscité ! « C’est la tente de Dieu avec les hommes ». Alléluia !
Temps de la passion
Parler de Pâques, de Résurrection, de Ciel Nouveau, de Terre Nouvelle en temps de pandémie et de guerre semble une contradiction. Au lieu de voir des signes de vie, nous voyons la destruction et la mort, car les guerres et les maladies sont des signes de la passion et de la mort de Jésus qui se poursuivent dans la vie de son peuple. Pour des millions de personnes, cette Pâques continue d’être marquée par la souffrance, les conflits, la guerre, les déplacements, la faim, la mort et la destruction. Si l’on considère ce scénario d’un point de vue humain, on éprouve un sentiment de peur, d’angoisse, de perte : une voie sans issue. En revanche, pour nous, disciples missionnaires, ce n’est pas le moment de nous plaindre, mais de voir, à travers le regard de notre foi, le Ressuscité qui ne nous laisse pas seuls : «il habitera avec eux et ils seront son peuple et il sera Dieu avec eux, leur Dieu. Et il essuiera toute larme de leurs yeux ». Le Ressuscité est le Crucifié. Sur son corps glorieux, il y a des blessures indélébiles qui se sont transformées en lueurs d’espoir. Comme le dit le pape François : « … L’indifférence, l’égoïsme, la division, l’oubli ne sont pas vraiment les mots que nous voulons entendre en ce moment. Nous voulons les bannir à tout jamais ! Ils semblent l’emporter lorsque la peur et la mort gagnent en nous, c’est-à-dire lorsque nous ne laissons pas le Seigneur Jésus gagner dans nos cœurs et dans nos vies. Que Lui, qui a déjà vaincu la mort et nous a ouvert la voie du salut éternel, dissipe les ténèbres de notre pauvre humanité et nous fasse entrer dans son jour glorieux qui ne connaît pas de coucher de soleil » (Message pascal Urbi et Orbi – 12 avril 2020).
Temps d’écoute et de discernement
La lumière du cierge de Pâques qui allume nos bougies est la lumière du Seigneur ressuscité qui éclaire nos actions et nos actes, le fruit de notre écoute. Écouter les cris de millions d’êtres humains qui vivent encore dans des situations de mort ; écouter les Frères qui marchent avec nous sur les traces de la mission ; écouter la Parole et la voix de l’Esprit Saint qui nous aide, à travers le partage et la prière, à discerner les signes des temps que nous vivons comme société, comme Institut et comme Église. C’est dans l’intimité avec le Seigneur ressuscité que nous façonnons notre être de disciples missionnaires comboniens appelés à vivre la joie de l’Evangile dans le monde d’aujourd’hui. Nous sommes une mission et par notre témoignage, par notre ministérialité, nous proclamons le Ciel Nouveau et la Terre Nouvelle, car « le premier ciel et la première terre avaient disparu et la mer n’était plus … les premières choses ont disparu ». La voix de l’espérance résonne : le Christ est ressuscité ! C’est la victoire de l’amour sur la racine du mal, une victoire qui ne “contourne” pas la souffrance et la mort, mais qui les traverse, ouvrant un chemin au milieu de l’abîme, transformant le mal en bien : la marque exclusive de la puissance de Dieu.
Temps de célébrer
« …et il n’y aura plus ni mort, ni deuil, ni cri, ni douleur ». La certitude que le Seigneur ressuscité est vivant parmi nous nous remplit de joie, confirmant à nouveau notre être mission dans la construction du Règne qui est la vie en plénitude pour tous, en particulier pour les plus pauvres et les plus abandonnés. C’est pourquoi nous devons célébrer. Célébrer les petites et grandes victoires qui se produisent quotidiennement dans les actes de solidarité, de partage, de réconciliation, de fraternité, de justice et de paix dans nos communautés religieuses et paroissiales. Célébrer la victoire que la mort est vaincue par la tendresse de l’amour au service de personnes qui sont l’ange gardien de la porte d’à côté, au milieu des guerres, des pandémies, des conflits, de la violence, etc. Célébrez le 19ème Chapitre général dans ce contexte pascal comme un Kairos pascal, un Kairos de l’Esprit : « Et Celui qui était assis sur le trône dit : “Voici, je fais toutes choses nouvelles” ». (Ap 21, 5).
Joyeuses Pâques à tous ! Le Conseil général Rome, le 17 avril 2022
Le 11 décembre, trois de nos membres Wotormenyo Christian, Amekor Benjamin et Justin Nougnui commencèrent le voyage pour le Togo. Après avoir traversé la frontière Togo-Ghana, nous nous dirigions vers Tabligbo pour rencontrer le curé Rév. Père Shane Degblor qui nous conduisit à la station catholique des Saints Joachim et Anne d’Esse-Ana où nous devrions rester pour notre expérience. Notre séjour de trois semaines nous aida à nous contenter de la vie communautaire et aussi à aller dehors pour rencontrer d’autres personnes. Nous fûmes rejoints plus tard par un autre membre Godwin Ocloo.
A. Vie communautaire
Nous eûmes le temps de prier, manger et planifier ensemble comme aspirants lmc,
Vie de prière: Matin et soir nous prions, partagions les lectures quotidiennes et spécialement les lectures du dimanche avec les commentaires que le père curé de Tabligbo nous a donnés.
Autour de la même table: Avec les nourritures préparées par nous-mêmes ou avec l’aide de certains membres de la station, nous nous asseyions toujours autour de la même table pour les repas. Et souvent, les repas allaient de pair avec des discussions sur notre expérience et aussi à propos de la vie du groupe des lmc dans la province.
Planification: Les soirées, nous réfléchissions sur comment la journée fut passée et comment faire mieux le jour suivant.
B. La vie avec la communauté de la station
La rencontre tenue avec le père curé le 15 décembre après notre arrivée ouvrit la voie pour notre engagement avec la communauté catholique d’Esse-Ana.
La prière avec la station: Chaque matin de lundi à vendredi, nous avons la célébration de la parole. Avec la belle organisation du diocèse d’Aného concernant les ministres laïcs de la Communion, nous avions la grâce de communier chaque jour avec le zèle du Fidei Custos Richard Tchitchira.
La célébration était présidée par l’un de nous ou par le catéchiste Albert Adandjehoun.
Les lundis et mardis soirs, nous prions le chapelet.
Les festivités de Noël furent bien vécues avec les célébrations et distractions organisées par les CVAV (Enfance missionnaire) et Hosevu (group de tam-tam).
Le service avec les associations: Une rencontre tenue le 12 décembre avec les responsables des associations nous aida à identifier les défis de certaines associations. Nous avons essayé de notre mieux de leur donner un coup de main spécialement à la Chorale et le groupe des lecteurs. Avec les chansons apprises le matin après les célébrations, la chorale sut de nouvelles chansons. Nous avons monté le nombre des lecteurs en appelant pour de nouveaux membres.
Formation sur comment présider la célébration sans prêtre: Nous avions commencé la formation de deux membres de la communauté d’Esse-Ana pour aider la catéchiste à présider la célébration en l’absence du prêtre. Nous avons confié les deux membres au catéchiste pour continuer la formation avec eux.
C. Rencontre avec le monde hors de l’église
Les visites de maison: Les visites de maisons nous ont aidé à aller vers certains malades catholiques ou non. Nous rencontrâmes la sous-commission du Conseil Pastoral en charge des malades à continuer la visite et planifier de petites aides aux malades. Nous avons demandé au catéchiste de préparer les communicants parmi les malades pour qu’ils se confessent et aient accès au Saint Sacrement de Communion. D’autres membres furent invités à nous joindre pour les célébrations.
Enseignement de l’anglais: Nous étions arrivés à Esse-Ana quelques jours avant les congés. Nous avons profité de cette occasion pour donner un coup de main aux professeurs d’anglais dans la dispensation des cours d’anglais au primaire, collège et lycée. Etant tous des enseignants et a fortiori ayant un professeur d’anglais parmi nous, Amekor Benjamin, fut un grand avantage pour nous. Par les leçons, nous invitions les élèves à l’église et demandions à d’autres d’assumer certaines responsabilités. Nous eûmes une célébration avec le primaire avant de partir et avons planifié d’autres activités pastorales à continuer quand les écoles reprennent.
D. La visite d’autres stations secondaires
Nous avons visité d’autres stations proches d’Esse-Ana. En voiture, à moto ou à vélo, Christian Wotormenyo et Justin Nougnui sont allés à Kodehoe, Tometykondji, Boevikorpe et Klohome. Nous avons aidé dans le partage de la Bonne Nouvelle, dans la préparation des chorales et faisions des tours pour visiter des fidèles qui ont arrêté de venir aux célébrations. Nous avons pu rassembler certains couples à Esse-Ana dans le but de faciliter leur préparation au sacrement de mariage.
E. Défis
Le grand défi pour nous fut l’absence d’électricité ce qui a empêché certains de nos engagements les soirées. L’autre défi fut le manque de moyen de transport adéquat pour aller vers les stations environnantes. Nous allâmes à certaines stations avec des motos louées ou à vélo.
F. L’ouverture à plus
Cette expérience d’Esse-Ana a ouvert de nouveaux champs à ce que nous fîmes l’année passée à Cape-Coast (République du Ghana) à savoir l’enseignement (notre profession) et la visite à d’autres stations outre la principale où nous résidions. Nous avons expérimenté le besoin de l’enseignement et le besoin d’aller vers d’autres. Nous espérons que les expériences à venir nous aideront à pratiquer notre profession (l’enseignement) et àavoir le temps et les moyens adéquats pour visiter d’autres stations.
Hier, la messe d’envoi a été célébrée pour Regimar et Valmir, Laïcs Missionnaires Comboniens (LMC).
L’envoi a eu lieu dans la communauté de Nossa Senhora Aparecida, à Ipê Amarelo – Contagem-MG.
Le couple missionnaire a décidé de partir en mission à l’étranger alors qu’il participait au GEC (Groupe de Spiritualité Combonienne) de Balsas. Ils se rendront au Mozambique le mercredi 5 janvier.
Continuons à accompagner ce couple missionnaire par notre amitié, notre prière et notre partage. Daniel Comboni, prie pour nous.
Le week-end dernier, nous avons eu l’occasion d’organiser une réunion africaine en ligne.
Les difficultés techniques n’ont pas manqué, car nous savons tous combien il est parfois difficile pour la connexion internet d’atteindre de nombreux endroits de notre cher continent. Parfois, nous avons même dû compenser cette difficulté par de l’imagination ; certaines personnes se sont rendues présentes grâce à des audios WhatsApp que nous avons pu partager par la suite.
Il a également fallu surmonter les barrières linguistiques, mais grâce à la patience et à la coopération de chacun d’entre nous, nous avons pu nous comprendre.
Mais les efforts de chacun ont été récompensés.
Nous avons pu passer l’après-midi à écouter comment chacun des groupes vit en ce moment, les rêves, les espoirs et les difficultés de cette époque.
De plus en plus de groupes de LMC africains sont présents, alors qu’il y a encore quelques LMC venant d’Europe ou d’Amérique.
Avec le rêve de sauver l’Afrique par l’Afrique, de plus en plus d’Africains prennent la voie missionnaire, non seulement pour aider leurs frères et sœurs les plus proches, mais aussi avec la volonté de s’ouvrir pour servir d’autres pays, pour collaborer tous ensemble à la mission de Dieu pour le monde.
Nous demandons au Seigneur d’envoyer des missionnaires africains à sa moisson, afin que, par leur bon travail, ils nous aident à comprendre le Seigneur à partir de leur propre culture et de leurs particularités. De même, qu’il nous aide, en tant que mouvement LMC, à savoir comment accompagner et soutenir ces vocations et que, en tant que famille, nous sachions collaborer ensemble pour le bien de nos sœurs et frères les plus nécessiteux.
« C’est un feu que je suis venu apporter sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! » (Lc 12,49)
Maintenir le feu en vie
Introduction. Avec la célébration du 190ème anniversaire de la naissance de Daniel Comboni (Limone Sul Garda, 15 mars 1831) et du 140ème anniversaire de sa mort (Khartoum, 10 octobre 1881), nous sommes invités à célébrer notre mémorial charismatique et à invoquer la force de la présence de l’Esprit qui a illuminé sa vie, de sa naissance à sa mort. Sa béatification (17 mars 1996), dont le 25ème anniversaire tombe cette année, a été un cadeau charismatique pour toute la famille combonienne. En ces moments-là[1], les Conseils Généraux ont publié un message et une lettre commune pour encourager les membres de notre famille missionnaire à se réjouir et à se tourner spirituellement vers notre père, en quête d’inspiration et de fécondité pour le service missionnaire. Enfin, avec sa canonisation, l’Eglise l’a inscrit au tableau des Saints, reconnaissant la validité et la pertinence du charisme missionnaire combonien et proposant Saint Daniel Comboni comme modèle de vie et de mission chrétienne, exemple et paradigme d’un engagement missionnaire universel, qui unit les différents continents et les peuples dans la passion pour Dieu et l’Humanité. Déjà à l’époque, nos Conseils Généraux nous ont donné un message[2] et une lettre[3] nous invitant à considérer Saint Daniel comme un témoin et un maître de la sainteté à laquelle nous sommes appelés et de la mission que nous vivons. Cette lettre s’inscrit dans ce mouvement de commémoration et d’actualisation du don charismatique confié à Saint Daniel et, en lui, à nous tous : un don de Dieu ravivé dans chaque génération combonienne.
Considérer ses propres racines. Faire mémoire de la naissance de Saint Daniel Comboni nous invite, avant tout, à considérer ses racines familiales, ecclésiales et sociales, qui l’ont tant influencé et auxquelles il est souvent retourné[4]. Sa naissance s’est déroulée au milieu de difficultés et de contraintes. Ses parents étaient des migrants venus à Limone en quête de travail. Son père, Luigi Comboni, était venu de Bogliaco à Limone en décembre 1818 à l’âge de 15 ans. Sa mère, Domenica Pace, était née à Limone (31 mars 1801) mais la famille était originaire de Magasa, dans les montagnes. Luigi et Dominique se marièrent le 21 juillet 1826 dans l’église de San Benedetto et eurent, selon le registre des baptêmes, six enfants ; à ceux-ci il faut ajouter deux jumeaux morts, qui ne purent être baptisés[5].
« Daniel Comboni a grandi dans la modeste maison de Tesol avec ses parents, vivant les joies et les peines de la famille. De ses frères et sœurs, seuls Vigilio (1827-1848) et Marianna (1832-1836) ont survécu »[6]. Il avait beaucoup d’affection et d’estime pour sa mère et son père. Sa mère meurt le 14 juillet 1858, lors de son premier voyage en Afrique, et c’est avec son père Luigi que Daniel entretient une correspondance intense, dans laquelle il reconnaît la religiosité de ses parents et l’influence qu’ils ont eue sur sa vie et sa vocation missionnaire. On retrouve dans ces lettres les éléments humains et chrétiens qui constituaient l’humus qui a fait grandir la vocation et la mission de Saint Daniel (l’appel de la beauté du lac et des montagnes, l’orgueil de la foi et de la vie chrétienne, la dévotion à la Croix du Sauveur, la contemplation de son amour et du Cœur transpercé, la passion pour Dieu et pour les plus démunis) : « Courage donc, mon aimable père, j’ai toujours le cœur tourné vers toi, je te parle tous les jours, je connais tes afflictions, et j’anticipe les délices que Dieu te réserve au ciel. Prenez donc courage : laissez Dieu être le centre de communication entre vous et moi. Qu’Il guide nos entreprises, nos affaires, nos fortunes, et que nous puissions apprécier le fait que nous avons affaire à un bon maître, un ami fidèle, un père aimant »[7]. La célébration du 190ème anniversaire de sa naissance nous offre une nouvelle occasion de nous rapprocher de lui et de ses racines familiales et ecclésiales, en renforçant la conscience de nos propres racines, en tant que fond spirituel qui assure la stabilité de nos personnalités et la fécondité spirituelle de notre vie missionnaire. Et cette célébration nous donne l’occasion d’approfondir, en tant que famille combonienne, le rôle de Limone et de poursuivre la collaboration entreprise dans le lieu de naissance de Saint Daniel Comboni.
La fidélité au milieu des adversités. La commémoration du 140ème anniversaire de la mort de Daniel Comboni nous invite à regarder sa vie à partir du moment suprême du don de soi pour la régénération de la Nigritie. Dans les lettres écrites dans les derniers mois de sa vie, il apparaît comme un missionnaire entouré de difficultés, mais enraciné dans la foi : famine, peste et faim, manque d’eau, manque de moyens matériels pour soutenir les initiatives missionnaires, maladie et mort de ses missionnaires… Ce sont, selon lui, des “temps de désolation” dans lesquels « il y a malheureusement trop de souffrances pour être soulagées »[8].
Face à ces difficultés, Comboni est resté ancré dans sa foi en Dieu et dans la vision missionnaire qui a inspiré et soutenu sa vie. « Je suis heureux de la croix, parce que si elle est portée volontiers pour l’amour de Dieu, elle engendre le triomphe et la vie éternelle » : ces mots[9] résument, à un moment crucial, l’état d’esprit de toute sa vie. Ce retour au pied de la Croix, à la contemplation du Cœur transpercé, où tout a commencé, remplit de lumière et de courage le temps du retour au Père, et est à l’origine de la confiance et du « courage pour le présent et surtout pour l’avenir »[10] que Comboni inculque à ses missionnaires, au moment de l’a-Dieu : « Je meurs, mais l’œuvre ne mourra pas ! »[11].
Les deux dates du mémorial que nous faisons cette année tracent un chemin de vie, dans lequel la puissance de l’Esprit prend forme dans la vie de Saint Daniel et rend perceptible et vivante une petite partie de “l’amour illimité” de Dieu[12]; il se laisse “former” par l’Amour qu’il contemple, en gardant le regard fixé sur Jésus crucifié. Saint Daniel nous laisse un témoignage qui est générateur de vie pour notre aujourd’hui.
Entre la naissance et la mort. Nous célébrons ces anniversaires de la vie de Saint Daniel Comboni après une année, 2020, marquée par la pandémie du coronavirus. Et la nouvelle année 2021, a commencé dans le monde entier, toujours sous le signe de l’incertitude et de la crise sanitaire et économique. Dans la famille combonienne, nous subissons les conséquences de cette situation : nous avons perdu des missionnaires qui, après des années de travail missionnaire, nous enrichissaient de leur témoignage et qui espéraient avoir une vieillesse paisible[13]; le rythme de nos activités s’est arrêté et nos plans et projets sont restés suspendus ; les limitations des voyages nous ont mis à l’épreuve, défiant notre créativité pour rester proches des pauvres et des plus petits, de ceux qui souffrent le plus des conséquences de la pandémie ; nous nous sentons incapables de discerner un chemin et un moment de sortie et nous partageons le sentiment de perte et de désarroi qui accable tant de nos frères et sœurs.
En regardant Daniel Comboni, dans l’arc de sa vie et de sa vocation missionnaire, entre sa naissance et sa mort, nous voyons comment, dans le moment de crise et d’incertitude, il a su reconnaître et attendre les mouvements de l’Esprit, réviser ses projets et renouveler son engagement missionnaire, embrasser la Croix et les difficultés, voir en elles le signe d’une présence aimante et d’une action mystérieuse de Dieu, d’une heure divine avec sa promesse de vie renouvelée. Dans toutes ces situations, il se laisse attirer par l’amour de Dieu pour l’Afrique et n’a pas peur s’il fait partie d’un tout petit groupe ; il persévère, rêve, prend des risques et est capable d’offrir sa vie, sans mesurer ses efforts. De lui, nous apprenons les attitudes nécessaires pour vivre ce temps qui est le nôtre, si incertain, comme une heure de Dieu : la patience et la fidélité à la vocation missionnaire ; la capacité de nous mettre en jeu avec créativité, en mettant toujours les personnes et Dieu au centre ; le sens de la communion (être cénacle) qui nous maintient unis et renforce notre identité charismatique et notre vocation missionnaire dans l’Église aujourd’hui.
Daniel Comboni nous exhorte à ne pas nous laisser enfermer dans le poids du covid et dans les effets négatifs de l’éloignement physique ; à surmonter la compétition et les conflits, en retrouvant l’esprit de collaboration entre laïcs, sœurs, frères, prêtres ; à faire croître le sens de la communion et la jovialité du vivre ensemble que Comboni recommandait aux siens ; à garder l’espérance même dans l’obscurité, en redécouvrant la force de l’attention et de la résilience ; accepter les changements en cours et voir des opportunités là où d’autres voient un échec ; prendre la naissance et la mort comme des portes d’entrée, des défis à la créativité et des opportunités de se soutenir mutuellement ; voir les pertes (de vies, d’emplois, de santé et de sécurité économique …) comme des opportunités de conversion et de soutien entre nous, individus, familles et communautés. Dans la pandémie, nous avons maintenu la communion, échangé des informations et lancé des processus comme le Forum de la Ministérialité Sociale, dont les réunions se font via zoom ; la situation actuelle nous met au défi de chercher de nouvelles façons de nous maintenir unis en tant que famille combonienne et d’affronter ensemble les moments difficiles et les changements et de poursuivre les processus de collaboration[14].
La lumière du témoignage de Saint Daniel Comboni éclaire le discernement que ce que nous vivons nous appelle à faire pour l’avenir immédiat, qui ne sera pas un simple retour au passé que nous connaissons. Elle nous offre les critères pour assumer les valeurs qui nous sont chères, l’amitié et l’affection de la famille et des amis ; pour comprendre le destin commun de l’humanité, menacée par la pandémie et la catastrophe écologique ; pour nous engager dans la transformation sociale (du changement climatique au soin de la maison commune et de la santé de chaque personne…) en apportant notre contribution avec créativité, en renonçant au superflu et en favorisant la solidarité.
Ces attitudes sont ancrées dans la foi, dans le “fort sentiment de Dieu” et le “vif intérêt pour sa Gloire et le bien des personnes”, en particulier les pauvres et les marginaux, qui sont l’antidote que Saint Daniel suggère pour contrecarrer le stress de la pandémie et l’incertitude de l’époque dans laquelle nous vivons. Il nous incite à regarder le monde et les événements que nous vivons « au pur rayon de la foi »[15] et nous avertit que le missionnaire et la missionnaire qui n’a pas cette vision « finirait par se retrouver dans une sorte de vide et d’isolement intolérable »[16]. Et elle nous indique la voie à suivre pour rester dans la fidélité : « … Toujours garder les yeux fixés sur Jésus Christ, l’aimer tendrement et s’efforcer de comprendre toujours mieux ce que signifie un Dieu mort sur la croix … »[17]. Comboni parle d’une “flamme de feu divin” qui jaillit du Cœur transpercé et que le/la missionnaire recueille au pied de la croix pour la porter partout, comme un feu qui nourrit son propre engagement pour la régénération des personnes et la transformation des sociétés dans lesquelles il vit[18].
Maintenez ce feu en vie. La mémoire de la naissance et de la mort de Saint Daniel Comboni nous rappelle que le plus grand défi que nous vivons en ce moment est précisément celui-ci, maintenir le feu en vie, allumer cette flamme divine dans nos cœurs et « sentir la beauté de la paternité spirituelle de Saint Daniel, qui avait un cœur brûlant et (…) était capable d’allumer prophétiquement le feu de l’Evangile, en dépassant les frontières (…), les malentendus, les visions limitatives, en concrétisant une vision missionnaire novatrice ». La fidélité à Daniel Comboni se joue en « restant sur le chemin inauguré par lui » et en « croyant en la force du feu, de l’Esprit (…) qui descend sur nous pour nous faire devenir de personnes courageuses qui fréquentent l’avenir »[19].
Conseils Généraux des SMC, MSC et des MCCJ et le Comité International des LMC
[1] Lettre du 23 février 1996, pour la Journée de la Réconciliation. Le message En regardant au Rocherd’où nous avons été taillés date du 6 avril 1995.
[2]Dono da Accogliere e Approfondire, du 15 mars 2003.
[3]Daniele Comboni, Testimone di Santità e Maestro di Missione, du 1 septembre 2003.
[4] Soit par ses visites à la maison natale de Limone, soit surtout par les lettres à ses parents, à son père après la mort de sa mère, à ses cousins, aux curés et aux concitoyens de Limone. L’ensemble des lettres de Daniel Comboni à son père est composé de trente et unes lettres. La première a été écrite au Caire le 19 octobre 1857, la dernière le 6 septembre 1881, un mois avant sa mort.
[11] Giovanni Dichtl, lettre au Cardinal Simeoni du 29.9.1889.
[12] Daniel Comboni, Homélie de Khartoum, Les Ecrits 3158.
[13] Au cours de la première vague de la pandémie treize Sœurs Missionnaires Comboniennes sont mortes à Bergame. Au cours de la deuxième vague, entre le 8 novembre 2020 et le 10 janvier 2021, vingt Missionnaires Comboniens sont morts à Castel d’Azzano ; et d’autres à Milan, à Ellwangen (Allemagne), à Guadalajara (Mexique) et en Ouganda ; pour un totale di trente-cinq. Au total, fin janvier 2021, quarante-huit missionnaires hommes et femmes ont été les victimes du covid-19.
[14] Les membres de la commission de la famille combonienne, au cours de la préparation du Forum de la Ministérialité Sociale, ont réfléchi ensemble sur ce temps comme une grande opportunité pour de nouvelles modalités de rencontre, dans l’attente de moments meilleurs pour se rencontrer personnellement, en présence. Pour maintenir vivant le processus, on a programmé deux webinar. Pour le premier, en décembre, deux cent soixante-dix- neuf personnes étaient inscrites, qui représentaient toute la famille combonienne répandue dans le monde.
[15] Daniel Comboni, Homélie à Khartoum, Les Ecrits 2745.
[18] Daniel Comboni, Plan pour la Régénération de l’Afrique, IV Edition, Vérone 1871, Les Ecrits 2742. « … Transporté alors par un mouvement de cette charité allumée par une divine flamme sur le sommet du Golgotha, et sortie du côté du Crucifié pour embrasser toute la famille humaine … ».
[19] Cardinal José Tolentino de Mendonça, Homélie dans la fête de saint Daniel Comboni, Rome 10 octobre 2020.
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