Laïcs Missionnaries Comboniens

Campagne sur les effets néfastes de l’activité minière sur la santé et l’environnement

Piquia
Piquia

Aujourd’hui, 29 octobre, la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), en collaboration avec Justiça nos Trilhos (Justice sur les rails), a lancé une campagne pour alerter les citoyens du monde qui consomment inconsciemment les produits des entreprises minières et sidérurgiques qui, depuis plus de trois décennies, détériorent la santé et polluent l’environnement de la communauté de Piquiá de Baixo, en Amazonie brésilienne.

La campagne marque le 30e anniversaire du Grupo Ferroeste dans la municipalité d’Açailândia et invite tout le monde à soutenir la lutte pour les droits de cette communauté, à laquelle les entreprises et l’État ont fermé les yeux pendant si longtemps.

Pour en savoir plus : https://bit.ly/3kFKur8

Livre: Nous sommes mission

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“La création elle-même attend avec impatience la révélation des enfants de Dieu” (Rom. 8,19)

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Très chères sœurs Très chers frères Au nom de notre Seigneur Jésus, nous vous saluons cordialement !

Comme vous vous en souvenez bien, il y a environ deux ans, un premier volume avait été publié, intitulé : « Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde », où ont été rassemblées les idées qui nous animent et nous guident d’une manière particulière dans les voies inhérentes à JPIC. Ces parcours ont également été rendus possibles par la rencontre entre les Forums sociaux mondiaux (FSM) et les Forums organisés en tant que Famille Combonienne en même temps que les FSM. Au cours des 150 ans d’histoire et de vie, nos Instituts se sont enrichis d’une grande expérience ministérielle grâce surtout au dévouement de très nombreux missionnaires hommes et femmes qui ont interprété la spécificité de notre Charisme avec créativité et passion apostolique.

Ce deuxième volume intitulé : « Nous sommes mission : témoins de la ministérialité sociale dans la famille combonienne », présente un éventail significatif d’expériences ministérielles concrètes. Notre souhait est que le partage de ces expériences, choisies parmi tant d’autres, nous aide tout d’abord à valoriser ce que nous faisons déjà, grâce au Don de l’Esprit Saint et à nos réponses personnelles et communautaires. De plus, cette pluralité d’expériences partagées nous aide à apprécier les différentes actions ministérielles comboniennes qui se complètent et s’enrichissent mutuellement, révélant la richesse du Charisme dans un dynamisme croissant.

Nous demandons à nos Supérieurs provinciaux de prendre soin de distribuer des exemplaires imprimés de ce deuxième volume à toutes les communautés, ainsi que la copie numérique en quatre langues, afin que tous et chacun puissent apprécier le travail réalisé ensemble et en collaboration avec plus de 40 confrères et consœurs comboniens.

Nous tenons à remercier les membres de la Commission de la Ministérialité Sociale de la Famille Combonienne qui ont travaillé avec passion et compétence à la réalisation de ce deuxième volume et à la cartographie de notre présence combonienne des ministères sociaux dans le monde. En décembre 2020, si le Covid-19 le permet, le Forum sur la ministérialité sociale aura lieu à Rome.

Ces initiatives et activités font partie d’un grand chemin de synergie et de collaboration entre les membres de la Commission et de nombreux confrères et consœurs, qui apportera certainement de l’enthousiasme et de l’ouverture à la nouveauté vers laquelle le Seigneur nous guide. Tout cela demande, cependant, de la part de toute la Famille Combonienne une grande ouverture de cœur, d’esprit, de créativité et d’engagement que nous confions à l’intercession de notre grand fondateur, Saint Daniel Comboni.

Marie, Femme de l’Evangile, apprends-nous à annoncer ton Fils Jésus dans notre engagement ministériel !

Sr. Luigia Coccia, smc                        P. Tesfaye Tadesse, mccj

Vous pouvez télécharger le livre en suivant ce lien

Fr. Alberto Parise: «Quelle méthodologie pour l’Église ministérielle?»

Alberto Parise
Alberto Parise

Dans le nombre réflexions et approfondissements que nous proposons en cette année consacrée à la ministérialité, une suggestion ne peut pas manquer sur la question méthodologique. Dans Evangelii gaudium (EG 24), le pape François illustre par cinq verbes les éléments saillants de l’action ministérielle : prendre l’initiative, s’engager, accompagner, porter du fruit, célébrer. Mais d’un point de vue pratique, comment tout cela peut-il être mis en pratique de manière organique et systématique ? Dans cette réflexion, nous suggérons que la méthodologie du cycle pastoral est un héritage ecclésial qui a beaucoup à offrir à cet égard.

Le cycle pastoral

Le cycle pastoral est une évolution de la méthode de la « révision de vie » développée par Joseph Cardijn dans les années 1920, également appelée « voir – juger – agir ». Le prêtre belge, issu d’une formation sociopolitique, avait développé cette approche dans le cadre de son ministère auprès du mouvement chrétien de la jeunesse ouvrière, pour accompagner les jeunes dans des milieux où l’orientation socialiste et communiste proliférait, avec des préjugés anticléricaux. Il avait en effet pressenti la nécessité d’une méthode adaptée à la pastorale d’une Église ‘en sortie’.

La grande intuition de Cardijn a été de lier les sciences sociales et le ministère pastoral dans un processus intégré. Au fil du temps, cette méthodologie s’est répandue dans le monde catholique, jusqu’à ce qu’elle soit officiellement reconnue dans l’encyclique Mater et magistra (1961) comme la méthodologie de la pastorale sociale (n° 217 dans la version italienne de l’encyclique – curieusement reprise au n° 236 dans la version anglaise du texte). Plus tard, elle a trouvé sa fortune en Amérique latine, grâce au mouvement de la théologie de la libération, et a continué à se répandre dans différents contextes, s’adaptant à des lieux et des époques particuliers. Ainsi, cette méthodologie est aujourd’hui connue sous différents noms (cercle pastoral, ou cycle, ou spirale, etc.) et s’articule en quatre, cinq ou même six phases, mais il s’agit fondamentalement de la même méthode. Le schéma de base reste celui de voir – juger – agir. Mais un premier moment d’insertion est ajouté, une étape fondamentale pour une approche ministérielle. Viennent ensuite l’analyse socioculturelle (voir), qui fait appel aux sciences humaines et sociales, et la réflexion théologique (juger), dans laquelle on est confronté à l’Évangile et à la tradition sociale de l’Église. La phase d’action peut donc être formellement articulée en plusieurs étapes pour souligner l’importance de certains aspects souvent oubliés ou négligés, tels que la vérification et la célébration.

L’actualité du cycle pastoral : la force de l’insertion

Aujourd’hui, il est clair que la valeur de cette méthodologie est inestimable non seulement pour la pastorale sociale, mais aussi pour toute initiative ministérielle. Tout d’abord parce que l’accompagnement pastoral exige que nous développions des relations vivifiantes, que nous voyions l’expérience humaine, les situations et les problèmes des gens de leur point de vue, avec empathie. Avant tout, il est fondamental de savoir saisir le point de départ d’un accompagnement qui conduit à la régénération des personnes et des communautés, qui est généralement liée à leur expérience, à la motivation et à l’énergie émotionnelle qu’elle peut générer, et à la criticité de la situation. C’est grâce à l’insertion qu’un agent pastoral est capable de saisir tout cela, de prendre l’initiative, d’aller vers les périphéries humaines et existentielles et de s’impliquer. Du point de vue combonien, l’insertion est une caractéristique charismatique (cf. Ratio missionis), dans laquelle ‘faire cause commune’ est exprimée et l’heure de Dieu est saisie dans le contexte dans lequel le ministère est exercé, surtout dans les situations de crise.

Une analyse socioculturelle qui éveille l’espoir

Ici se greffe l’accompagnement pastoral, sur la ligne de faire des personnes les protagonistes de leur propre parcours, en dépassant le paternalisme et les situations de dépendance (cf. la régénération de l’Afrique avec l’Afrique). Il s’agit de marcher avec les gens vers une régénération dans le Ressuscité, un chemin de transformation qui naît des situations particulières dans lesquelles on se trouve. Des situations qui doivent être comprises non seulement au niveau des symptômes, mais aussi des causes profondes des problèmes. Lorsqu’une communauté, un groupe humain ne perçoit pas clairement les causes de son état de malaise ou de pauvreté, il n’est pas en mesure de l’influencer de manière significative et a tendance à se décourager, à se résigner, à se replier sur lui-même afin de retrouver son propre espace de contrôle dans sa vie. De plus, il permet de trop grandes simplifications, des lectures trompeuses de la réalité, un outil utilisé aujourd’hui pour manipuler les gens dans une logique de domination. Mais quand on comprend de façon critique sa propre condition et le contexte mondial, l’espoir renaît et on retrouve le pouvoir de changer les choses.

La réflexion théologique : la clé de la transformation

La phase d’analyse permet également de faire ressortir ses propres contradictions et dilemmes, ce qui offre un excellent point de départ pour une réflexion sur l’expérience, en termes de foi, qui complète le discernement. C’est la réflexion théologique qui caractérise le cycle pastoral et qui aboutit à la décision d’entreprendre une action. C’est vraiment le tournant sur le chemin de la régénération dans le Ressuscité, un don de la grâce. Et c’est aussi le lieu où se déroule le dialogue entre l’expérience, le vécu des personnes et les perspectives de sens qui les guident, qui interprètent les événements et les situations : un dialogue entre des valeurs culturelles, une vision du cosmos et l’Évangile, ou encore un processus qui offre les conditions d’une incarnation de l’Évangile. C’est un moment propice à la conversion du cœur, à la prise de conscience d’une rencontre authentique avec le Ressuscité, découvrant ainsi aussi une vocation à répondre à la situation sur laquelle on a réfléchi. Comme il ressort également du Plan de Comboni (S 2742), cette réflexion nous amène à regarder la réalité avec les yeux de la foi et à répondre aux invitations de l’Esprit avec détermination, du concret et prophétie

Le style d’action collaboratif

Enfin, la phase d’action est très articulée. Elle nécessite généralement une planification et parfois il faut aussi du temps et de l’énergie pour s’équiper afin d’acquérir ou de développer les compétences nécessaires. L’accompagnement ministériel exige en effet de faciliter une formation et une organisation continues des groupes et des communautés avec lesquels on partage le chemin, d’autant plus efficace que l’on est impliqué, à partir d’une même programmation. Cela devrait inclure des mécanismes de contrôle et de vérification, qui sont autrement facilement oubliés ou ignorés.

L’approche ministérielle est basée sur la collaboration des équipes pastorales, sur la synodalité, le travail en réseau et un style de service, le tout dans un processus partagé. Il est clair que tout cela ne s’improvise pas, il faut une organisation et des attitudes d’ouverture, d’humilité et de confiance. Il ne suffit pas d’agir, mais il est également nécessaire de réfléchir ensemble à ce que l’on fait, à la manière dont on le fait, aux résultats de l’action, à ce que l’on apprend, et surtout à la présence et à l’action de Dieu tout au long du chemin. C’est au moment de la célébration que tout cela émerge, s’approfondit, s’enrichit d’une nouvelle conscience, de nouveaux dons, d’une inspiration renouvelée, ainsi que de la possibilité de régénérer les relations et de construire la communion. Nous célébrons ainsi la vie donnée et reçue en cours de route, ce qui ne signifie pas tant “célébrer les succès” que reconnaître que « les œuvres de Dieu naissent au pied de la croix ». D’où l’impulsion pour inaugurer un nouveau cycle ministériel.

En conclusion, deux considérations s’imposent : premièrement, le fait que le cycle pastoral, en tant que méthodologie ministérielle, exige des compétences qui doivent être acquises et développées. Non pas que tout le monde doive tout savoir, mais dans le cadre d’une équipe ministérielle, il est bon de pouvoir maîtriser un ensemble d’outils articulés, une sorte de “boîte à outils”. Et puis nous devons nous demander comment nous pouvons faciliter l’acquisition de ces compétences tant dans la formation de base que dans la mission, dans un contexte de formation continue qui tient compte de la spécificité des situations et des besoins.

Fr. Alberto Parise mccj

Agroécologie au Brésil

Brasil

L’agroécologie est encore très timide dans la région de Tocantina de Maranhão. Nous espérons que cette initiative pourra faciliter l’adoption de cette innovation, qui est à la fois un ensemble de pratiques agricoles, une science et un mouvement social. Pour cela, la collaboration et le dialogue avec les différents acteurs sont très importants, tels que les institutions d’enseignement et de recherche (Maisons Rurales Familiales, IFMA, UEMASUL …), les syndicats, les établissements, les mouvements sociaux ruraux, les organisations d’assistance technique, les secrétariats municipaux des l’agriculture et la société en général. Mais surtout avec des agriculteurs innovants et agités. Nous sommes prêts à ajouter à ce voyage commun.

Avec sous-titres en portugais, espagnol, anglais, italien et français.

LMC au Brésil

Laïcat et Ministérialité

Laicado
Laicado

Laïcat et ministérialité

Nous essaierons de faire une réflexion sur la ministérialité dans une perspective laïque, en particulier du point de vue de la vocation missionnaire combonienne. Cependant, avant d’aborder ces ministères et services du point de vue de la foi, je pense qu’il est important de cadrer le sujet.

Notre vie prend un tournant lorsque nous avons une rencontre personnelle avec Jésus de Nazareth. Nous partageons cette société avec de nombreux hommes et femmes de bonne volonté. Chacun avec des principes et des valeurs qui guident ses actions et ses choix de vie. Mais pour nous, il y a un “avant” et un “après” dans la connaissance de Jésus. Comme les premiers disciples, nous avons un jour rencontré Jésus sur notre chemin. Nos cœurs bondissent et nos lèvres demandent “Où demeures-tu ?”. Et sa réponse a été “venez et voyez”. À partir de ce moment, notre vie a changé.

Nous sommes arrivés à cette rencontre de multiples façons : pour beaucoup, c’est grâce à nos familles, à nos communautés chrétiennes, à nos amis, aux circonstances de la vie qui nous sont arrivées… la casuistique est sans aucun doute très vaste. Mais ce qui est vraiment décisif, c’est la réponse donnée, à partir de notre liberté, et les conséquences de cette réponse dans chacune de nos vies. La réponse est libre, personne ne nous oblige à la donner, c’est une grâce que nous avons reçue et, par conséquent, la reconnaissance d’une nouvelle vie.

Le laïc est avant tout un disciple du Christ. Il ne s’agit pas de suivre une idéologie ou simplement de lutter pour des causes justes qui contribuent à une nouvelle humanité plus juste et plus digne pour tous, ni de suivre tous les préceptes de la religion qui peuvent nous aider dans notre relation avec Dieu. Être chrétien signifie avant tout suivre Jésus, sortir de notre zone de confort et se mettre en route. Prendre ce qui est nécessaire pour aller légers et être toujours ouverts et disponibles dans cette suite. Jésus nous montrera, sur ce chemin, quelle est notre part de responsabilité dans la proclamation et la construction du Royaume.

Nous disons que nous sommes en constant discernement, ce qui n’est qu’un état de dialogue constant avec le Seigneur. Il est vrai qu’il y a des moments de discernement particuliers dans la vie de chacun. Ce sont ceux qui concernent sa vocation principale, comme dans le cas du mariage ou la vocation à laquelle nous nous sentons appelés, comme la vocation missionnaire, et aussi le type de profession par laquelle nous voulons ou sentons que nous pouvons servir les autres, en choisissant un certain type d’études ou un autre, un certain travail ou un autre. Il est fondamental pour la vie de chacun de comprendre cet appel à être infirmière, médecin, professeur, chef d’entreprise, avocat, éducateur, ou à travailler dans le domaine social, ou à être politicien, artisan, etc.

Des moments vitaux qui, à l’adolescence, à la jeunesse et à l’âge adulte, se présentent de manière significative. Mais, au-delà de ces moments, qui nous maintiendront sur le chemin dans les moments difficiles, dans ce chemin nous voulons rester à l’écoute. Nous ne voulons pas nous asseoir. Dans la vie, de nouveaux défis et de nouveaux appels sont continuellement présentés par Jésus. Pour nous, en tant que missionnaires, préparer notre valise fait partie de notre vocation. Nous sommes appelés à accompagner des personnes, des communautés pendant un certain temps, puis à partir, car partir est une partie essentielle. Sortir ou continuer à se développer. Nous ne restons pas les mêmes pendant des années parce que nous reconnaissons que les besoins changent. Nous sommes appelés à quitter notre terre et à voyager dans d’autres pays, dans d’autres cultures ; nous sommes appelés à réaliser de nouveaux services, à retourner dans nos lieux d’origine, à prendre de nouveaux engagements : tout cela fait partie de notre vocation. Dans chaque appel, dans chaque nouveau changement, nous devons comprendre quels sont les plans du Seigneur pour nous. Parce qu’il nous demande d’aller sur un autre continent ou de retourner à notre lieu d’origine alors que nous nous en sortions si bien avec ces gens, alors que nous y paraissions même si nécessaires, la vie nous amène à changer de lieu, à recommencer…

Pourquoi lorsque nous avons l’impression d’être arrivés dans un dernier port, y a-t-il quelque chose en nous qui nous interroge, qui nous inquiète ? C’est le Seigneur qui nous parle. Avec lui, nous avons une relation amicale qui nous aide à grandir. En tant qu’amis, nous partageons la vie et les nouveaux projets qui la traversent. Avec des moments de plus grande stabilité mais aussi avec des moments de nouveaux défis. Nous ne sommes pas venus pour nous reposer sur cette terre, mais pour rendre la vie fructueuse, pour permettre et pour lutter afin que d’autres puissent en profiter aussi.

Nous répondons à cet appel non seulement individuellement mais aussi au sein d’une communauté. Nous ne marchons pas seuls. Cela fait partie de notre vocation chrétienne, l’appartenance à l’Église, tout comme nous nous sentons aussi partie de l’humanité tout entière. Et en tant que membres de cette Église, nous nous sentons appelés à un service commun. En tant que Laïcs Missionnaires Comboniens (LMC), nous ressentons cette appartenance à l’Eglise de Jésus. Et nous pensons que cette vocation spécifique que nous avons reçue est une vocation et une responsabilité communautaire. Nous avons un appel personnel mais aussi un appel en tant que communauté et communauté de communautés. Nous reconnaissons l’Église comme un sacrement universel de salut, chacun ayant sa spécificité, ses dons et son charisme propres pour la proclamation et la construction du Royaume.

Jésus appelle ses disciples à vivre, à marcher sur le chemin en communauté. Nous savons que ce n’est qu’avec l’aide de Jésus que nous pouvons marcher et, en tant que communauté, nous avons besoin de cette profonde spiritualité qui nous unit à Jésus, au Père et à l’Esprit. Un chemin où la prière, la vie de foi et la communauté deviennent une nourriture et une référence pour la vie du LMC.

La centralité de la mission en Comboni. L’Église au service de la mission

Comboni a été très clair sur la centralité de la mission dans sa vocation et sur la nécessité de celle-ci dans l’Eglise. Devant les besoins de nos frères et sœurs les plus démunis, nous sommes appelés à donner une réponse. Et cette réponse est tellement nécessaire et complexe que nous ne sommes pas appelés à la donner individuellement mais en tant qu’Église. Chacun de nous, chrétiens, est appelé à répondre à cet appel. Quel que soit notre statut ecclésial, chacun de nous doit donner une réponse de foi. Jésus appelle chacun à marcher. Et c’est en raison de la complexité des besoins qui existent que l’Esprit suscite dans le monde et dans son Église différentes vocations, différents charismes qui apportent leur contribution à cette réalité.

Identifier l’Église avec le clergé ou même avec les religieux et les religieuses, c’est ne pas comprendre Jésus, c’est ne pas écouter l’Esprit. L’activité et l’appel au sacerdoce ou à la vie religieuse sous ses nombreux aspects sont fondamentaux pour le monde, mais pas plus que l’engagement de chacun des laïcs. L’Église n’a pas seulement une responsabilité liée à la religiosité et à la spiritualité des gens. Nous avons une responsabilité sociale, familiale, environnementale, éducative, sanitaire, etc. avec le monde entier.

Les choses de tous les jours sont les choses de Dieu. Les petites choses sont les choses de Dieu. L’attention portée à chaque personne dans les besoins concrets et globaux est la responsabilité des disciples de Jésus. Et dans toutes ces choses, le rôle des laïcs est fondamental, de l’homme et de la femme, dans le domaine matériel et spirituel… c’est ainsi que Comboni l’a compris et c’est ainsi que nous le comprenons aussi.

Comboni

Le laïc dans le monde

Dans cet appel global que nous avons reçu, l’Église se présente comme une communauté de référence. C’est une nourriture pour le service. C’est un lieu pour reprendre des forces, pour se nourrir d’une manière privilégiée mais pas unique.

En tant que laïcs, nous sommes appelés à créer des racines qui stabiliseront le sol et l’enrichiront, nous sommes appelés à créer des réseaux de solidarité et de relations qui articulent la société, à travers la famille, les petites communautés de copropriétaires, les quartiers, les entités sociales, les entreprises … nous sommes de grands créateurs de réseaux de relations, de collaboration et de travail. Nous vivons impliqués dans tous ces réseaux et nous sommes appelés à les animer, à leur donner une spiritualité afin qu’ils soient au service des gens, surtout des plus faibles. Nous sommes appelés à inclure toutes les personnes. Notre regard doit se concentrer sur les personnes les plus pauvres et les plus abandonnées dont Comboni a parlé, sur les exclus de cette société, ce doit être un regard qui nous pousse à rester dans les banlieues parce que c’est d’en bas que les choses sont vues d’une manière différente. Nous ne pouvons pas nous adapter à une société où tout le monde n’a pas une vie décente. Une société où l’on récompense l’avoir et non pas l’être, une consommation qui dévaste une planète finie qui crie et revendique notre responsabilité globale.

Cette vision qui doit remettre en question nos vies exige des actions concrètes.

L’appel du laïc est un appel au service de l’humanité. Un appel qui, pour certains, sera au service de notre Église. Nous ne pouvons pas penser que le bon laïc est celui qui aide dans la paroisse mais perd de vue notre vocation de service au monde. Certains services internes sont nécessaires mais l’Eglise est appelée à sortir. Pour aller avec Jésus sur la route, pour aller de village en village, de maison en maison, pour aider dans les petites et les grandes choses. Nous sommes appelés à être le sel qui donne la saveur, la levure dans la pâte… appelés à être dans le monde et à y contribuer de manière significative. Nous ne pouvons pas rester à la maison où nous nous sentons bien, où nous nous comprenons les uns les autres. Nous sommes appelés à sortir. L’Église n’est pas née pour elle-même, mais pour être une communauté de croyants qui suivent Jésus et servent les plus démunis. C’est pourquoi nous nous sentons appelés à contribuer à la croissance des communautés humaines (y compris les communautés chrétiennes).

Quelle réponse sommes-nous en train de donner en tant que LMC ?

Actuellement, il y a une large réflexion dans toute l’Église sur le spécifique de la mission, sur ce que sont et doivent être nos services en tant que missionnaires, nos ministères spécifiques. Nous avons désormais perdu la référence géographique de la mission, la référence entre un Nord riche et un Sud à développer, où les inégalités et les difficultés sont présentes dans tous les pays, même si dans certains continuent à concentrer l’essentiel des richesses et des possibilités alors que dans d’autres les difficultés sont beaucoup plus graves … En effet, la pauvreté sévit parmi les sans-abris dans les pays dits riches, les migrations forcées dues à la pauvreté, les guerres, les persécutions pour diverses raisons, le changement climatique et d’autres facteurs aggravent un phénomène qui a toujours été présent dans l’humanité. La pandémie COVID-19 nous rappelle la globalité de notre humanité au-delà des barrières et des frontières. Elle nous affecte tous et tous de la même manière. Jusqu’à présent, l’argent semblait être le seul moyen de voyager sans passeport, mais il semble maintenant que le virus le puisse aussi.

Ce n’est que dans un monde juste que nous pouvons tous vivre dans la paix et la prospérité. Les inégalités salariales, les conflits, la consommation imprudente au point de faire fondre la glace aux pôles, etc. finissent par affecter et avoir des conséquences pour toute l’humanité. Les barrières et la police, que ce soit aux frontières, dans les maisons ou dans les zones urbaines de ceux qui ont plus, ne permettront pas d’obtenir un monde meilleur pour tous ou pour ceux qui se réfugient derrière.

Face à tout cela, le débat et la réflexion sur les spécificités du laïcat missionnaire en cette nouvelle ère sont clairs. Je ne prétendrai pas entrer dans le sujet de manière théorique. Je vais simplement vous présenter quelques-unes des activités dans lesquelles nous sommes présents en tant que laïcs pour répondre à l’appel que nous avons reçu.

C’est notre ministère, le service auquel nous nous sentons appelés. La réponse de la vie, non pas théorique, que nous donnons. Je ne m’étendrai pas sur le sujet. Je n’indiquerai que quelques exemples qui peuvent éclairer ; beaucoup d’autres resteront anonymes… ce n’est pas pour rien que nous sommes appelés à être des pierres cachées.

Nous avons des amis qui travaillent avec les Pygmées et le reste de la population en République centrafricaine, un pays où nous sommes présents depuis plus de 25 ans, parmi ceux qui sont considérés comme des esclaves par la majorité de la population ; agir comme un pont d’inclusion ou prendre la responsabilité d’un réseau d’écoles primaires dans un pays qui a connu plusieurs coups d’État et qui est en situation de guerre depuis des années, ce qui ne permet pas à l’État de fournir ces services.

Au Pérou, nous accompagnons les gens des périphéries des grandes villes. Dans les colonies de squatters où les gens de la campagne arrachent un morceau de terre à la ville pour y vivre, sans lumière, sans eau ni égouts. Peu de familles luttent pour une vie digne, elles ont quitté leur village pour la ville afin de manger et de donner une vie meilleure à leurs enfants. Où il y a beaucoup de solidarité entre voisins et d’accueil, mais aussi des problèmes causés par l’alcool, la violence masculine et l’éclatement de nombreuses familles.

Au Mozambique, nous collaborons à l’éducation des jeunes hommes et femmes qui, en quittant leurs communautés à l’intérieur du pays, espèrent pouvoir être formés pour élever le pays. Ils ont besoin d’écoles qui leur donnent cette formation professionnelle et de stages qui leur permettent de vivre pendant la période scolaire, car leur domicile est très éloigné. Accompagner ces jeunes et les communautés chrétiennes fait également partie de notre appel.

D’autre part, nous sommes présents au Brésil, dans la lutte contre les grandes compagnies minières qui chassent les communautés de leurs terres, empoisonnent les rivières et l’air, interrompent les communications ou les isolent avec leurs trains kilométriques qui extraient des minéraux de la région sans se soucier de l’environnement ou du bien des gens.

En outre, dans de nombreux pays européens, nous nous occupons de l’accueil des immigrants. Nous essayons de rendre ce que nous avons reçu lorsque nous étions nous aussi des étrangers. Nous sommes appelés à accueillir ceux qui fuient la pauvreté et les guerres, ceux qui cherchent un avenir meilleur pour leur famille et qui, à leur arrivée, sont confrontés non seulement à des murs de béton et de grillage mais aussi à la peur et à l’incompréhension de la population. Servir de pont avec une population qui continue à être accueillante et solidaire, présente dans les organisations sociales et ecclésiales qui se mobilisent pour accueillir et intégrer les nouveaux voisins. De l’accueil sur la plage à l’aide linguistique, en passant par la recherche d’un emploi, d’une maison, d’un travail administratif ou la reconnaissance de la richesse qu’ils nous apportent et de la valeur ajoutée qu’ils représentent pour la nouvelle société. Valoriser ce qu’ils sont et leurs cultures et être un point de référence pour eux dans un monde qui ne les comprend pas toujours.

Lorsque la société s’effondre et que l’être humain est vaincu, nous ne savons pas quoi faire de ces personnes. L’emprisonnement en prison est la solution que nous avons donnée en tant que société. Mais ces prisons deviennent très souvent des écoles de délinquance et non de réhabilitation, comme elles le devraient. Parmi eux, les APAC qui sont nés au Brésil et qui se développent progressivement. Un système d’emprisonnement où la personne qui arrive est considérée comme une personne à récupérer et non comme un prisonnier, qui est appelé par son nom et non par un numéro. Protagoniste de sa vie, elle est aidée à comprendre son erreur et la nécessité de demander pardon et de réintégrer la société en tant que membre actif. Une méthode où la communauté fait un changement et construit des ponts en récupérant ses fils et ses filles qui ont un jour commis une erreur ; où ces personnes à récupérer ont les clés des portes et, avec d’autres, elles comprennent la dignité d’être enfants de Dieu, le repentir et leur valeur en tant que personnes pour la société.

La façon dont les gens vivent dans les pays disposant de plus de ressources épuise une planète finie. Les relations commerciales internationales appauvrissent beaucoup de gens au profit de quelques-uns… La promotion d’un nouveau mode de vie est essentielle pour changer les paradigmes et les valeurs qui s’avèrent être les seuls valables pour le résultat social et le bonheur. Dans une société où la possession et la consommation l’emportent sur l’être, de nouveaux modes de vie doivent être proposés. C’est aussi ce à quoi nous nous employons en Europe : proposer de nouveaux modes de vie, d’engagement, de responsabilité dans la consommation, dans l’économie, etc.

Nous pourrons ainsi poursuivre les activités liées à une éducation engagée auprès des exclus dans les banlieues de nos villes, dans la prise en charge des malades en montrant le visage de Dieu qui les accompagne et la main de Dieu qui les soigne, dans la prise en charge des sans-abri, des personnes souffrant de dépendances, etc.

En tant que missionnaires, nous sommes et devons faire prendre conscience à tous de la réalité d’un monde globalisé qui exige une action commune, une nouvelle position. Ainsi, chacune de nos petites actions, tous nos grains de sable donnent forme à de petites montagnes où nous pouvons escalader, voir et rêver d’un monde différent.

Pour grimper avec les gens avec qui nous vivons tous les jours. Appelés en particulier vers ceux qui vivent submergés sans possibilité de voir un horizon, de sortir de leurs difficultés, nous sommes appelés à lever la tête et à regarder devant nous, à animer et à accompagner ces communautés. Nous sommes appelés à rester là où personne ne veut aller. Tous appelés à lutter de manière globale pour les problèmes qui sont globaux, à s’unir et à être les promoteurs de réseaux de solidarité dans cette humanité qui habite la maison commune, qui s’avère chaque jour plus petite.

Et entre les deux, de mettre Jésus, la personne qui a changé nos vies. Dieu est le droit de chaque homme et de chaque femme. Nous nous sentons responsables de faire connaître la Bonne Nouvelle, de présenter un Dieu vivant qui est au milieu de nous, qui marche avec nous, qui, comme Jésus de Nazareth nous l’a montré, ne nous abandonne pas et nous accompagne toujours. A l’intérieur de chaque personne, dans les plus démunis, dans la communauté, Dieu attend de chacun de nous, de transformer notre vie, de la remplir de bonheur, de bonheur profond. Dieu attend que nous lui donnions de l’eau vive, cette eau qui remplit la soif de l’être humain.

Que le Seigneur nous donne la force d’être toujours présents et de nous accompagner, d’être un instrument qui amène les gens à le rencontrer et nous garde toujours à ses côtés sur le chemin.

LMC

Alberto de la Portilla, LMC