Laïcs Missionnaries Comboniens

190ème Anniversaire de la naissance de saint Daniel Comboni

Daniel Comboni

« C’est un feu que je suis venu apporter sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! » (Lc 12,49)

Maintenir le feu en vie

Daniel Comboni

Introduction. Avec la célébration du 190ème anniversaire de la naissance de Daniel Comboni (Limone Sul Garda, 15 mars 1831) et du 140ème anniversaire de sa mort (Khartoum, 10 octobre 1881), nous sommes invités à célébrer notre mémorial charismatique et à invoquer la force de la présence de l’Esprit qui a illuminé sa vie, de sa naissance à sa mort. Sa béatification (17 mars 1996), dont le 25ème anniversaire tombe cette année, a été un cadeau charismatique pour toute la famille combonienne. En ces moments-là[1], les Conseils Généraux ont publié un message et une lettre commune pour encourager les membres de notre famille missionnaire à se réjouir et à se tourner spirituellement vers notre père, en quête d’inspiration et de fécondité pour le service missionnaire. Enfin, avec sa canonisation, l’Eglise l’a inscrit au tableau des Saints, reconnaissant la validité et la pertinence du charisme missionnaire combonien et proposant Saint Daniel Comboni comme modèle de vie et de mission chrétienne, exemple et paradigme d’un engagement missionnaire universel, qui unit les différents continents et les peuples dans la passion pour Dieu et l’Humanité. Déjà à l’époque, nos Conseils Généraux nous ont donné un message[2] et une lettre[3] nous invitant à considérer Saint Daniel comme un témoin et un maître de la sainteté à laquelle nous sommes appelés et de la mission que nous vivons. Cette lettre s’inscrit dans ce mouvement de commémoration et d’actualisation du don charismatique confié à Saint Daniel et, en lui, à nous tous : un don de Dieu ravivé dans chaque génération combonienne.

Considérer ses propres racines. Faire mémoire de la naissance de Saint Daniel Comboni nous invite, avant tout, à considérer ses racines familiales, ecclésiales et sociales, qui l’ont tant influencé et auxquelles il est souvent retourné[4]. Sa naissance s’est déroulée au milieu de difficultés et de contraintes. Ses parents étaient des migrants venus à Limone en quête de travail. Son père, Luigi Comboni, était venu de Bogliaco à Limone en décembre 1818 à l’âge de 15 ans. Sa mère, Domenica Pace, était née à Limone (31 mars 1801) mais la famille était originaire de Magasa, dans les montagnes. Luigi et Dominique se marièrent le 21 juillet 1826 dans l’église de San Benedetto et eurent, selon le registre des baptêmes, six enfants ; à ceux-ci il faut ajouter deux jumeaux morts, qui ne purent être baptisés[5].

« Daniel Comboni a grandi dans la modeste maison de Tesol avec ses parents, vivant les joies et les peines de la famille. De ses frères et sœurs, seuls Vigilio (1827-1848) et Marianna (1832-1836) ont survécu »[6]. Il avait beaucoup d’affection et d’estime pour sa mère et son père. Sa mère meurt le 14 juillet 1858, lors de son premier voyage en Afrique, et c’est avec son père Luigi que Daniel entretient une correspondance intense, dans laquelle il reconnaît la religiosité de ses parents et l’influence qu’ils ont eue sur sa vie et sa vocation missionnaire. On retrouve dans ces lettres les éléments humains et chrétiens qui constituaient l’humus qui a fait grandir la vocation et la mission de Saint Daniel (l’appel de la beauté du lac et des montagnes, l’orgueil de la foi et de la vie chrétienne, la dévotion à la Croix du Sauveur, la contemplation de son amour et du Cœur transpercé, la passion pour Dieu et pour les plus démunis) : « Courage donc, mon aimable père, j’ai toujours le cœur tourné vers toi, je te parle tous les jours, je connais tes afflictions, et j’anticipe les délices que Dieu te réserve au ciel. Prenez donc courage : laissez Dieu être le centre de communication entre vous et moi. Qu’Il guide nos entreprises, nos affaires, nos fortunes, et que nous puissions apprécier le fait que nous avons affaire à un bon maître, un ami fidèle, un père aimant »[7]. La célébration du 190ème anniversaire de sa naissance nous offre une nouvelle occasion de nous rapprocher de lui et de ses racines familiales et ecclésiales, en renforçant la conscience de nos propres racines, en tant que fond spirituel qui assure la stabilité de nos personnalités et la fécondité spirituelle de notre vie missionnaire. Et cette célébration nous donne l’occasion d’approfondir, en tant que famille combonienne, le rôle de Limone et de poursuivre la collaboration entreprise dans le lieu de naissance de Saint Daniel Comboni.

La fidélité au milieu des adversités. La commémoration du 140ème anniversaire de la mort de Daniel Comboni nous invite à regarder sa vie à partir du moment suprême du don de soi pour la régénération de la Nigritie. Dans les lettres écrites dans les derniers mois de sa vie, il apparaît comme un missionnaire entouré de difficultés, mais enraciné dans la foi : famine, peste et faim, manque d’eau, manque de moyens matériels pour soutenir les initiatives missionnaires, maladie et mort de ses missionnaires… Ce sont, selon lui, des “temps de désolation” dans lesquels « il y a malheureusement trop de souffrances pour être soulagées »[8].

Face à ces difficultés, Comboni est resté ancré dans sa foi en Dieu et dans la vision missionnaire qui a inspiré et soutenu sa vie. « Je suis heureux de la croix, parce que si elle est portée volontiers pour l’amour de Dieu, elle engendre le triomphe et la vie éternelle » : ces mots[9] résument, à un moment crucial, l’état d’esprit de toute sa vie. Ce retour au pied de la Croix, à la contemplation du Cœur transpercé, où tout a commencé, remplit de lumière et de courage le temps du retour au Père, et est à l’origine de la confiance et du « courage pour le présent et surtout pour l’avenir »[10] que Comboni inculque à ses missionnaires, au moment de l’a-Dieu : « Je meurs, mais l’œuvre ne mourra pas ! »[11].

Les deux dates du mémorial que nous faisons cette année tracent un chemin de vie, dans lequel la puissance de l’Esprit prend forme dans la vie de Saint Daniel et rend perceptible et vivante une petite partie de “l’amour illimité” de Dieu[12]; il se laisse “former” par l’Amour qu’il contemple, en gardant le regard fixé sur Jésus crucifié. Saint Daniel nous laisse un témoignage qui est générateur de vie pour notre aujourd’hui.

Entre la naissance et la mort. Nous célébrons ces anniversaires de la vie de Saint Daniel Comboni après une année, 2020, marquée par la pandémie du coronavirus. Et la nouvelle année 2021, a commencé dans le monde entier, toujours sous le signe de l’incertitude et de la crise sanitaire et économique. Dans la famille combonienne, nous subissons les conséquences de cette situation : nous avons perdu des missionnaires qui, après des années de travail missionnaire, nous enrichissaient de leur témoignage et qui espéraient avoir une vieillesse paisible[13]; le rythme de nos activités s’est arrêté et nos plans et projets sont restés suspendus ; les limitations des voyages nous ont mis à l’épreuve, défiant notre créativité pour rester proches des pauvres et des plus petits, de ceux qui souffrent le plus des conséquences de la pandémie ; nous nous sentons incapables de discerner un chemin et un moment de sortie et nous partageons le sentiment de perte et de désarroi qui accable tant de nos frères et sœurs.

En regardant Daniel Comboni, dans l’arc de sa vie et de sa vocation missionnaire, entre sa naissance et sa mort, nous voyons comment, dans le moment de crise et d’incertitude, il a su reconnaître et attendre les mouvements de l’Esprit, réviser ses projets et renouveler son engagement missionnaire, embrasser la Croix et les difficultés, voir en elles le signe d’une présence aimante et d’une action mystérieuse de Dieu, d’une heure divine avec sa promesse de vie renouvelée. Dans toutes ces situations, il se laisse attirer par l’amour de Dieu pour l’Afrique et n’a pas peur s’il fait partie d’un tout petit groupe ; il persévère, rêve, prend des risques et est capable d’offrir sa vie, sans mesurer ses efforts. De lui, nous apprenons les attitudes nécessaires pour vivre ce temps qui est le nôtre, si incertain, comme une heure de Dieu : la patience et la fidélité à la vocation missionnaire ; la capacité de nous mettre en jeu avec créativité, en mettant toujours les personnes et Dieu au centre ; le sens de la communion (être cénacle) qui nous maintient unis et renforce notre identité charismatique et notre vocation missionnaire dans l’Église aujourd’hui.

Daniel Comboni nous exhorte à ne pas nous laisser enfermer dans le poids du covid et dans les effets négatifs de l’éloignement physique ; à surmonter la compétition et les conflits, en retrouvant l’esprit de collaboration entre laïcs, sœurs, frères, prêtres ; à faire croître le sens de la communion et la jovialité du vivre ensemble que Comboni recommandait aux siens ; à garder l’espérance même dans l’obscurité, en redécouvrant la force de l’attention et de la résilience ; accepter les changements en cours et voir des opportunités là où d’autres voient un échec ; prendre la naissance et la mort comme des portes d’entrée, des défis à la créativité et des opportunités de se soutenir mutuellement ; voir les pertes (de vies, d’emplois, de santé et de sécurité économique …) comme des opportunités de conversion et de soutien entre nous, individus, familles et communautés. Dans la pandémie, nous avons maintenu la communion, échangé des informations et lancé des processus comme le Forum de la Ministérialité Sociale, dont les réunions se font via zoom ; la situation actuelle nous met au défi de chercher de nouvelles façons de nous maintenir unis en tant que famille combonienne et d’affronter ensemble les moments difficiles et les changements et de poursuivre les processus de collaboration[14].

La lumière du témoignage de Saint Daniel Comboni éclaire le discernement que ce que nous vivons nous appelle à faire pour l’avenir immédiat, qui ne sera pas un simple retour au passé que nous connaissons. Elle nous offre les critères pour assumer les valeurs qui nous sont chères, l’amitié et l’affection de la famille et des amis ; pour comprendre le destin commun de l’humanité, menacée par la pandémie et la catastrophe écologique ; pour nous engager dans la transformation sociale (du changement climatique au soin de la maison commune et de la santé de chaque personne…) en apportant notre contribution avec créativité, en renonçant au superflu et en favorisant la solidarité.

Ces attitudes sont ancrées dans la foi, dans le “fort sentiment de Dieu” et le “vif intérêt pour sa Gloire et le bien des personnes”, en particulier les pauvres et les marginaux, qui sont l’antidote que Saint Daniel suggère pour contrecarrer le stress de la pandémie et l’incertitude de l’époque dans laquelle nous vivons. Il nous incite à regarder le monde et les événements que nous vivons « au pur rayon de la foi »[15] et nous avertit que le missionnaire et la missionnaire qui n’a pas cette vision « finirait par se retrouver dans une sorte de vide et d’isolement intolérable »[16]. Et elle nous indique la voie à suivre pour rester dans la fidélité : « … Toujours garder les yeux fixés sur Jésus Christ, l’aimer tendrement et s’efforcer de comprendre toujours mieux ce que signifie un Dieu mort sur la croix … »[17]. Comboni parle d’une “flamme de feu divin” qui jaillit du Cœur transpercé et que le/la missionnaire recueille au pied de la croix pour la porter partout, comme un feu qui nourrit son propre engagement pour la régénération des personnes et la transformation des sociétés dans lesquelles il vit[18].

Maintenez ce feu en vie. La mémoire de la naissance et de la mort de Saint Daniel Comboni nous rappelle que le plus grand défi que nous vivons en ce moment est précisément celui-ci, maintenir le feu en vie, allumer cette flamme divine dans nos cœurs et « sentir la beauté de la paternité spirituelle de Saint Daniel, qui avait un cœur brûlant et (…) était capable d’allumer prophétiquement le feu de l’Evangile, en dépassant les frontières (…), les malentendus, les visions limitatives, en concrétisant une vision missionnaire novatrice ». La fidélité à Daniel Comboni se joue en « restant sur le chemin inauguré par lui » et en « croyant en la force du feu, de l’Esprit (…) qui descend sur nous pour nous faire devenir de personnes courageuses qui fréquentent l’avenir »[19].

Conseils Généraux des SMC, MSC et des MCCJ et le Comité International des LMC


[1] Lettre du 23 février 1996, pour la Journée de la Réconciliation. Le message En regardant au Rocher d’où nous avons été taillés date du 6 avril 1995.

[2] Dono da Accogliere e Approfondire, du 15 mars 2003.

[3] Daniele Comboni, Testimone di Santità e Maestro di Missione, du 1 septembre 2003.

[4] Soit par ses visites à la maison natale de Limone, soit surtout par les lettres à ses parents, à son père après la mort de sa mère, à ses cousins, aux curés et aux concitoyens de Limone. L’ensemble des lettres de Daniel Comboni à son père est composé de trente et unes lettres. La première a été écrite au Caire le 19 octobre 1857, la dernière le 6 septembre 1881, un mois avant sa mort.

[5] Positio, Rome 1988, vol. I, p. 14.

[6] Mario Trebeschi e Domenico Fava, San Daniele Comboni e Limone, Limone sul Garda 2011, p. 39.

[7] Daniel Comboni, Les Ecrits 188.

[8] Daniel Comboni, Les Ecrits 6631.

[9] Lettre à Sembianti, Les Ecrits 7246.

[10] In Annali del Buon Pastore 27 janvier 1882.

[11] Giovanni Dichtl, lettre au Cardinal Simeoni du 29.9.1889.

[12] Daniel Comboni, Homélie de Khartoum, Les Ecrits 3158.

[13] Au cours de la première vague de la pandémie treize Sœurs Missionnaires Comboniennes sont mortes à Bergame. Au cours de la deuxième vague, entre le 8 novembre 2020 et le 10 janvier 2021, vingt Missionnaires Comboniens sont morts à Castel d’Azzano ; et d’autres à Milan, à Ellwangen (Allemagne), à Guadalajara (Mexique) et en Ouganda ; pour un totale di trente-cinq. Au total, fin janvier 2021, quarante-huit missionnaires hommes et femmes ont été les victimes du covid-19.

[14] Les membres de la commission de la famille combonienne, au cours de la préparation du Forum de la Ministérialité Sociale, ont réfléchi ensemble sur ce temps comme une grande opportunité pour de nouvelles modalités de rencontre, dans l’attente de moments meilleurs pour se rencontrer personnellement, en présence. Pour maintenir vivant le processus, on a programmé deux webinar. Pour le premier, en décembre, deux cent soixante-dix- neuf personnes étaient inscrites, qui représentaient toute la famille combonienne répandue dans le monde.

[15] Daniel Comboni, Homélie à Khartoum, Les Ecrits 2745.

[16] Daniel Comboni, Règles de 1871, Chapitre X.

[17] Daniel Comboni, Règles de 1871, Chapitre X.

[18] Daniel Comboni, Plan pour la Régénération de l’Afrique, IV Edition, Vérone 1871, Les Ecrits 2742. « … Transporté alors par un mouvement de cette charité allumée par une divine flamme sur le sommet du Golgotha, et sortie du côté du Crucifié pour embrasser toute la famille humaine … ».

[19] Cardinal José Tolentino de Mendonça, Homélie dans la fête de saint Daniel Comboni, Rome 10 octobre 2020.

Expérience missionnaire à la Station Secondaire St. Paul d’Akonoma, Cape Coast (République du Ghana) du 21 décembre 2020 au 4 Janvier, 2021.

LMC Ghana
LMC Ghana

Notre aumônier, le Rév. P. Léopold Adanlé dans son zèle de continuer notre formation, a suggéré à notre groupe de faire une expérience à Manigri au Bénin. Le Conseil Provincial a par après changé la destination sur Cape Coast au Ghana.

Nous devions quitter nos families pour célébrer les festivités de Noël loin de nos résidences. Tôt ce 21 décembre, Frank Amenyo et Justin Nougnui ont commencé le voyage de leurs lieux respectifs pour rencontrer Christian Wotormenyo à Accra. D’Accra, nous trois prîmes un bus pour Cape Coast. La ville de Cape Coast est environ à 300km de nos résidences. Le curé de la paroisse, le Rév. P. Bonaventure Gnaha vint nous prendre de la station pour notre nouvelle résidence à Akonoma, la station St. Paul. Notre expérience fut en deux volées, avec la communauté chrétienne d’Akonoma d’une part et avec la communauté laïque missionnaire combonienne que nous trois nous avons formée de l’autre part.

1. Expérience avec la communauté chrétienne d’Akonoma

Notre service était de raviver l’église d’Akonoma. Nous allions de maison en maison à la recherche des chrétiens qui ont arrêté d’aller à l’église. Aucun de nous trois ne maitrisait le Fante, la langue locale du milieu. Deux d’entre nous pouvaient dire juste quelques mots en Fante. Nous allions alors dans les maisons avec l’aide d’un interprête. Nous eûmes la grâce de visiter certains vieux et malades de la communauté chrétienne et aussi de l’endroit. Après les visites de maison, nous rencontrions les associations pour les former et les consolider. Nous célébrions les festivités de Noël avec les frères et soeurs d’Akonoma. Les 24, 25, 27, 31 décembre et 1er et 3 janvier qui furent la veille de Noël, Noël, la fête de la Sainte Famille, la veille du Nouvel An, la Solennité de Marie Mère de Dieu et la Solennité de l’Epiphanie respectivement, la participation des fidèles fut encourageante. Les Rév. Pères Bonaventure, Joseph et Antoine vinrent l’un après l’autre pour les célébrations. Le 31 nuit, la veille du nouvel an, les enfants de “School of Jesus” ont fait une belle prestation.

2. La communauté LMC

Mensuellement, nous avons des réunions mais cette fois, nous avons eu la grace de vivre ensemble comme une famille.

a. La vie de prière

Nous avons notre programme journalier. Nous faisons les Laudes le matin, lisons l’évangile du jour avec un commentaire, la Vie de Daniel Comboni écrit par Bernard Ward. Après le petit déjeuner, nous avons nos activités à la maison ou hors de la maison. À 12:30, nous avons le déjeûner suivi du repos. Dans l’après midi, nous avons des activités et à 18h30, nous prions les vêpres et mangeons. Chaque jour avant les Complies, nous revoyons les activités faites dans la journée et planifions pour le jour suivant.

b. Division du travail

Nous préparions les repas nous mêmes, servions et lavions les assiettes. Nous puisions l’eau nous mêmes mais parfois, les jeunes nous donnaient un coup de main. Chacun de nous avait une responsabilité: Christian le chef du groupe, Frank le trésorier et Justin le secrétaire.

c. Promotion vocationnelle

Nous avons parlé de la Famille Combonienne en général dans notre rencontre avec certains membres actifs d’Akonoma. Nous avons plus parlé des LMC, qui ils sont, les conditions pour être LMC et les activités des LMC. Nous fîmes de même quand nous avons participé a la rencontre du Comité Liturgique Paroissial. Nous avons profité du temps aussi pour visiter le groupe de “Friends of Comboni” à la paroisse St. Paul de Nkanfoa. A notre niveau provincial actuel, être membre du groupe “Amicale” ou “Friends of Comboni” est une étape pour être LMC. Nous avons causé avec les membres et les avons encouragé à aller plus en avant de leur engagement pour être LMC. Nous avons promis garder le contact avec eux pour les jours à venir.

d. Les abandonnés

La visite de maison en maison nous a révélé la réalité des pauvres et abandonnés. Certains vieux et malades furent un peu abandonnés. Pour continuer l’aspect caritatif de l’Eglise, nous avons formé du Comité de la station le Comité du Bien-Être (O.C.D.I.). Son rôle fut, principalement, de s’occuper des membres malades, de trouver “les brebis perdues” et aussi d’assister les fidèles qui auraient perdu un membre de leur famille.

Nous sommes très reconnaissants pour l’opportunité qui nous fut donnée. Nous disons un grand merci au Conseil Provincial, au père provincial le Rév. P. Timothée Hounake, notre aumônier le Rév. P. Léopold Adanlé, le curé de la paroisse St. Paul de Nkanfoa, le Rév. P. Bonaventure Gnaha, le comité de la station secondaire St. Paul d’Akonoma pour nous avoir aidé dans la réponse à notre vocation. Cette expérience missionnaire a consolidé notre foi et motivé encore plus à continuer notre cheminement de LMC.

Justin Nougnui, coordinateur LMC.

Message du saint-pere François pour le careme 2021

Papa Francisco

« Voici que nous montons à Jérusalem… » (Mt 20, 18)
Le Carême : un temps pour renouveler notre foi, notre espérance et notre charité

Papa Francisco

Chers Frères et Sœurs,

En annonçant à ses disciples sa Passion, sa mort et sa résurrection, accomplissant ainsi la volonté de son Père, Jésus leur révèle le sens ultime de sa mission et il les appelle à s’y associer, en vue du salut du monde.

En parcourant le chemin du Carême, qui nous conduit vers les célébrations pascales, nous faisons mémoire de Celui qui nous a aimés« devenant obéissant jusqu’à la mort et la mort de la croix » (Ph 2,8). Dans ce temps de conversion, nous renouvelons notre foi, nous puisons « l’eau vive » de l’espérance et nous recevons le cœur ouvert l’amour de Dieu qui fait de nous des frères et des sœurs dans le Christ. Dans la Nuit de Pâques, nous renouvellerons les promesses de notre baptême pour renaître en hommes et femmes nouveaux par l’intervention du Saint Esprit. L’itinéraire du Carême, comme l’itinéraire chrétien, est déjà entièrement placé sous la lumière de la résurrection, qui inspire les sentiments, les attitudes ainsi que les choix de ceux qui veulent suivre le Christ.

Le jeûne, la prière et l’aumône, tels que Jésus les présente dans sa prédication (cf. Mt 6, 1-18) sont les conditions et les expressions de notre conversion. Le chemin de la pauvreté et du manque (le jeûne), le regard et les gestes d’amour vers l’homme blessé (l’aumône), et le dialogue filial avec le Père (la prière), nous permettent d’incarner une foi sincère, une vivante espérance et une charité active.

1. La foi nous appelle à accueillir la Vérité et à en devenir des témoins, devant Dieu et devant tous nos frères et sœurs.

Pendant ce temps du Carême, recevoir et vivre la Vérité manifestée dans le Christ c’est avant tout se laisser toucher par la Parole de Dieu et qui nous est transmise, de générations en générations, par l’Eglise. Cette Vérité n’est pas une construction de l’esprit qui serait réservée à quelques intelligences supérieures ou séparées. Elle est un message que l’on reçoit et que l’on peut comprendre grâce à l’intelligence du cœur ouvert à la grandeur de Dieu qui nous aime, avant que nous-mêmes en ayons conscience. Cette Vérité c’est le Christ lui-même, qui, en assumant pleinement notre humanité, s’est fait Voie – exigeante, mais ouverte à tous – conduisant à la plénitude de la Vie.

Le jeûne, vécu comme expérience du manque, conduit ceux et celles qui le vivent dans la simplicité du cœur à redécouvrir le don de Dieu et à comprendre notre réalité de créatures à son image et ressemblance qui trouvent en lui leur accomplissement. En faisant l’expérience d’une pauvreté consentie, ceux qui jeûnent deviennent pauvres avec les pauvres et ils « amassent » la richesse de l’amour reçu et partagé. Compris et vécu de cette façon, le jeûne nous aide à aimer Dieu et notre prochain car, comme Saint Thomas d’Aquin l’enseigne, il favorise le mouvement qui amène à concentrer l’attention sur l’autre en l’identifiant à soi-même (cf. Enc. Fratelli tutti, n. 93).

Le Carême est un temps pour croire, c’est-à-dire pour recevoir Dieu dans notre vie et pour le laisser “établir sa demeure” en nous (cf. Jn 14, 23). Jeûner consiste à libérer notre existence de tout ce qui l’encombre, même de ce trop-plein d’informations, vraies ou fausses, et de produits de consommation pour ouvrir la porte de notre cœur à celui qui vient jusqu’à nous, pauvre de tout mais « plein de grâce et de vérité » (Jn 1, 14) : le Fils du Dieu Sauveur.

2. L’espérance, comme “eau vive” qui nous permet de continuer notre chemin

La Samaritaine à qui Jésus demande à boire au bord du puit ne comprend pas lorsqu’il lui dit qu’il peut lui offrir une “eau vive” (Jn 4, 10). Au début, elle pense naturellement à l’eau matérielle. Mais Jésus parle de l’Esprit Saint qu’il offrira en abondance dans le Mystère pascal et qui nous remplira de l’espérance qui ne déçoit pas. Lorsqu’il évoque sa passion et sa mort, Jésus annonce déjà l’espérance en disant : « Le troisième jour, il ressuscitera » (Mt 20, 19). Jésus nous parle de l’avenir grand ouvert par la miséricorde du Père. Espérer, avec lui et grâce à lui, c’est croire que l’histoire n’est pas fermée sur nos erreurs, nos violences, nos injustices et sur le péché qui crucifie l’Amour. Espérer c’est puiser le pardon du Père de son Cœur ouvert.

Dans le contexte d’inquiétude que nous vivons, où tout apparaît fragile et incertain, parler d’espérance pourra sembler provocateur. Le temps du Carême est un temps pour espérer, pour tourner de nouveau le regard vers la patience de Dieu qui continue de prendre soin de sa Création, alors même que nous l’avons souvent maltraitée (cf. Laudato si’, nn. 32, 33, 43, 44). C’est l’espérance en la réconciliation à laquelle Saint Paul nous exhorte avec passion : « Laissez-vous réconcilier avec Dieu » (2Co 5, 20). En recevant le pardon, dans le sacrement qui est au cœur de notre démarche de conversion, nous devenons, à notre tour, des acteurs du pardon. Nous pouvons offrir le pardon que nous avons-nous-mêmes reçu, en vivant un dialogue bienveillant et en adoptant un comportement qui réconforte ceux qui sont blessés. Le pardon de Dieu permet de vivre une Pâque de fraternité aussi à travers nos paroles et nos gestes.

Pendant ce Carême, appliquons-nous à dire « des mots d’encouragements qui réconfortent qui fortifient, qui consolent, qui stimulent » au lieu de « paroles qui humilient, qui attristent, qui irritent, qui dénigrent » (Enc. Fratelli tutti [FR], n. 223). Parfois, pour offrir de l’espérance, il suffit d’être « une personne aimable, […], qui laisse de côté ses anxiétés et ses urgences pour prêter attention, pour offrir un sourire, pour dire une parole qui stimule, pour rendre possible un espace d’écoute au milieu de tant d’indifférence » (ibid., n. 224).

Dans le recueillement et la prière silencieuse, l’espérance nous est donnée comme une inspiration et une lumière intérieure qui éclaire les défis et les choix de notre mission. Voilà pourquoi, il est déterminant de se retirer pour prier (cf. Mt 6, 6) et rejoindre, dans le secret, le Père de toute tendresse.

Vivre un Carême d’espérance, c’est percevoir que nous sommes, en Jésus-Christ, les témoins d’un temps nouveau, dans lequel Dieu veut « faire toutes choses nouvelles » (cf. Ap 21, 1-6). Il s’agit de recevoir et d’offrir l’espérance du Christ qui donne sa vie sur la croix et que Dieu ressuscite le troisième jour : « Soyez prêts à répondre à qui vous demande à rendre raison de l’espérance qui est en vous » (1P 3, 15).

3. La charité, quand nous la vivons à la manière du Christ, dans l’attention et la compassion à l’égard de chacun, est la plus haute expression de notre foi et de notre espérance.

La charité se réjouit de voir grandir l’autre. C’est la raison pour laquelle elle souffre quand l’autre est en souffrance : seul, malade, sans abri, méprisé, dans le besoin… La charité est l’élan du cœur qui nous fait sortir de nous-mêmes et qui crée le lien du partage et de la communion.

« Grâce à l’amour social, il est possible de progresser vers une civilisation de l’amour à laquelle nous pouvons nous sentir tous appelés. La charité, par son dynamisme universel, peut construire un monde nouveau, parce qu’elle n’est pas un sentiment stérile mais la meilleure manière d’atteindre des chemins efficaces de développement pour tous » (FT, n. 183).

La charité est don. Elle donne sens à notre vie. Grâce à elle, nous considérons celui qui est dans le manque comme un membre de notre propre famille, comme un ami, comme un frère. Le peu, quand il est partagé avec amour, ne s’épuise jamais mais devient une réserve de vie et de bonheur. Ainsi en fût-il de la farine et de l’huile de la veuve de Sarepta, quand elle offrit la galette au Prophète Elie (cf. 1R 17, 7-16). Ainsi en fût-il des pains multipliés que Jésus bénit, rompit et donna aux apôtres pour qu’ils les offrent à la foule (cf. Mc, 6, 30-44). Ainsi en est-il de notre aumône, modeste ou grande, que nous offrons dans la joie et dans la simplicité.

Vivre un Carême de charité, c’est prendre soin de ceux qui se trouvent dans des conditions de souffrance, de solitude ou d’angoisse à cause de la pandémie de la Covid-19. Dans l’impossibilité de prévoir ce que sera demain, souvenons-nous de la parole adressée par Dieu à son Serviteur : « Ne crains pas, car je t’ai racheté » (Is 43, 1), offrons avec notre aumône un message de confiance, et faisons sentir à l’autre que Dieu l’aime comme son propre enfant.

« Ce n’est qu’avec un regard dont l’horizon est transformé par la charité, le conduisant à percevoir la dignité de l’autre, que les pauvres sont découverts et valorisés dans leur immense dignité, respectés dans leur mode de vie et leur culture, et par conséquent vraiment intégrés dans la société » (FT, n. 187).

Chers frères et sœurs, chaque étape de la vie est un temps pour croire, espérer et aimer. Que cet appel à vivre le Carême comme un chemin de conversion, de prière et de partage, nous aide à revisiter, dans notre mémoire communautaire et personnelle, la foi qui vient du Christ vivant, l’espérance qui est dans le souffle de l’Esprit et l’amour dont la source inépuisable est le cœur miséricordieux du Père.

Que Marie, Mère du Sauveur, fidèle au pied de la croix et au cœur de l’Eglise, nous soutienne par sa présence prévenante et que la bénédiction du Ressuscité nous accompagne dans ce chemin vers la lumière de Pâques.

Donné à Rome, près de Saint Jean de Latran, 11 novembre 2020, mémoire de Saint Martin de Tours

François

Vers le Forum social combonien sur la ministérialité sociale 2021

Forum

COMMISSION DE LA MINISTÉRIALITÉ SOCIALE DE LA FAMILLE COMBONIENNE

VERS LE FORUM SOCIAL COMBONIEN 2021

ROME EUR 3 – 7 JUILLET 2021

Chers Confrères, Sœurs, Séculières et Laïcs Comboniens ! La paix soit avec vous !

Forum

Nous savons depuis un certain temps que vous attendez le feu vert pour indiquer les noms des représentants de vos provinces qui devaient participer au Forum de la ministérialité sociale. Nous vous remercions pour votre patience et votre disponibilité.

Malheureusement, vu l’impasse créée par la pandémie COVID-19, il n’a pas été possible de convoquer le Forum Social Combonien en juillet 2020 comme prévu et même l’hypothèse de se réunir à nouveau en décembre 2020 s’est effacée à cause de cette seconde vague de ces derniers temps. Nous regrettons une fois de plus de devoir reporter cet événement important en tant que famille combonienne, mais la situation nous demande, avec sagesse, de nous réorganiser pour des temps meilleurs.

L’ÉVÉNEMENT EST DONC REPORTÉ AU 3-7 JUILLET 2021.

Cependant, pour valoriser ce temps qui nous amènera au Forum en présence, nous pouvons animer la Famille Combonienne et la préparer pour l’événement.

Nous nous orientons vers deux événements webinaires de deux jours : un premier rendez-vous en décembre 2020, et un autre en mars 2021.

POUR LA PRÉPARATION :

Faire circuler l’article publié dans Nigrizia en septembre 2020 pour présenter le livre NOUS SOMMES MISSION. Les MCCJ le trouveront directement dans « FAMILIA COMBONIANA » de novembre 2020. Avec cette action, nous voulons aider les participants à se concentrer sur le travail et à arriver préparés pour l’événement de décembre 2020.

DÉCEMBRE 2020 :

2 WEBINAR, VENDREDI 4 et SAMEDI 5 DECEMBRE, DE 15h00 A 17h00 HEURE de ROME

Contenus : = Un changement d’époque : le chemin prophétique de l’Eglise (orateur à confirmer). Il vise à offrir un cadre de référence plus large au parcours du Forum Social Combonien, dans le contexte de Evangelii Gaudium (EG), Laudato Si (LS), Fratelli Tutti – Fratres Omnes (FO).

= Le Forum Social Combonien en comparaison avec le chemin prophétique de l’Eglise (conférencier à confirmer). Une réflexion théologique sur la voie du FSC.

Format :

= Deux webinaires de 2 heures, incluant un espace d’interaction (max 30 min). Le webinaire serait retransmis depuis Rome, avec la participation d’un groupe en présence. Dans d’autres lieux, lorsque cela est possible, les participants seraient invités à se rencontrer et à suivre les interventions ensemble (pour ensuite partager et réfléchir ensemble), mais les conférences seraient toujours diffusées en direct pour permettre de participer à tous ceux qui vont s’inscrire. L’enregistrement des conférences peut être téléchargé sur la chaîne YouTube pour les rendre accessibles même à ceux qui n’ont pas pu se connecter en direct.

Les deux conférences devraient faire l’objet d’une traduction simultanée dans plusieurs langues. Des questions directrices émergeront des conférences pour le partage / réflexion en groupe (ceux qui participent individuellement à Zoom peuvent le faire dans les temps de pause) et un travail chez soi à faire en préparation à l’événement de mars 2021.

Travail chez soi : dans les mois qui séparent les deux événements, les participants auront l’occasion d’approfondir les thèmes et de les mettre en dialogue avec leur pratique ministérielle. Parmi les outils d’étude approfondie, nous recommandons vivement la lecture du livre : NOUS SOMMES MISSION envoyé aux différentes provinces et communautés via une copie électronique et également sous forme de livre.

MARS 2021 : 2 WEBINAR, VENDREDI 5 et SAMEDI 6 MARS 2021

Contenus :

= Présentation de la cartographie des présences sociales et ministérielles de la famille combonienne et première analyse des données (en relation avec les contributions du webinaire de décembre) – travail de groupe à partir des résultats de l’analyse.

= Partage par les groupes de travail (sur Zoom, avec traduction en plusieurs langues)

Format :

Similaire à l’événement de décembre.

Le premier jour, il y aurait une conférence à organiser, suivie d’un travail de groupe. Le deuxième jour, il y aurait un partage des travaux des groupes (avec traduction simultanée) et le lancement du Forum Social Combonien en juillet 2021.

Travail chez soi : en préparation du FSC, les participants sélectionnés prépareront la présentation de leur expérience ministérielle la plus régénératrice.

JUILLET 2021 : 5 JOURS À ROME EUR : 3 – 7 JUILLET 2021

Le format du forum à Rome, resterait celui déjà élaboré par les organisateurs, avec des adaptations, une partie du programme ayant déjà été réalisée lors des deux événements de décembre 2020 et mars 2021. L’avantage sera qu’il sera possible d’approfondir davantage et que les participants arriveront beaucoup mieux préparés et impliqués dans la dynamique du Forum.

En novembre prochain, nous vous donnerons plus de détails sur le premier webinaire des 4 et 5 décembre 2020. Nous vous demandons d’informer vos membres des différentes provinces et communautés afin qu’ils puissent être présents à ces dates et dans ces 2 heures particulières pour participer activement à l’événement.

Forum

Au nom de la Commission de la Famille Combonienne pour la Ministérialité Sociale, je vous salue fraternellement et nous restons unis dans la prière en ce moment difficile mais aussi plein de nouvelles opportunités. Que Dieu nous accompagne et nous bénisse !

P. Daniele Moschetti, MCCJ
Coordinateur de la commission
Rome, le 16 octobre 2020

Message du Pape François. 4ème Journée Mondiale des Pauvres

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« Tends ta main au pauvre » (Si 7, 32)

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« Tends ta main au pauvre » (Si 7, 32). La sagesse antique a fait de ces mots comme un code sacré à suivre dans la vie. Ils résonnent encore aujourd’hui, avec tout leur poids de signification, pour nous aider, nous aussi, à concentrer notre regard sur l’essentiel et à surmonter les barrières de l’indifférence. La pauvreté prend toujours des visages différents qui demandent une attention à chaque condition particulière : dans chacune d’elles, nous pouvons rencontrer le Seigneur Jésus qui a révélé sa présence dans ses frères les plus faibles (cf. Mt 25, 40).

1. Prenons entre les mains le texte du Livre de Ben Sira, un des livres de l’Ancien Testament. Nous y trouvons les paroles d’un maître de sagesse qui a vécu environ deux cents ans avant le Christ. Il était en recherche de la sagesse, celle qui rend les hommes meilleurs et capables de scruter à fond les événements de la vie. Il le faisait à un moment de dure épreuve pour le peuple d’Israël, un temps de douleur, de deuil et de misère, à cause de la domination de puissances étrangères. Étant un homme de grande foi, enraciné dans les traditions des pères, sa première pensée était de s’adresser à Dieu pour lui demander le don de la sagesse. Et l’aide du Seigneur ne lui manqua pas.

Dès les premières pages, le Livre de Ben Sira donne des conseils sur de nombreuses situations concrètes de la vie, et la pauvreté en est une. Il insiste sur le fait que, dans le besoin, il faut avoir confiance en Dieu : «Ne t’agite pas à l’heure de l’adversité. Attache-toi au Seigneur, ne l’abandonne pas, afin d’être comblé dans tes derniers jours. Toutes les adversités, accepte-les ; dans les revers de ta pauvre vie, sois patient ; car l’or est vérifié par le feu, et les hommes agréables à Dieu par le creuset de l’humiliation. Dans les maladies comme dans le dénuement, aie foi en lui. Mets ta confiance en lui, et il te viendra en aide ; rends tes chemins droits, et mets en lui ton espérance. Vous qui craignez le Seigneur, comptez sur sa miséricorde, ne vous écartez pas du chemin, de peur de tomber. » (2, 2-7).

2. Page après page, nous découvrons un précieux recueil de suggestions sur la façon d’agir à la lumière d’une relation intime avec Dieu, créateur et amant de sa création, juste et providentiel envers tous ses enfants. La référence constante à Dieu, cependant, n’empêche pas de regarder l’homme concret, bien au contraire, les deux choses sont étroitement liées.

Ceci est clairement démontré par l’extrait biblique dont le titre de ce Message est tiré (cf. 7, 29-36). La prière à Dieu et la solidarité avec les pauvres et les souffrants sont inséparables. Pour célébrer un culte qui soit agréable au Seigneur, il est nécessaire de reconnaître que toute personne, même la plus indigente et la plus méprisée, porte l’image de Dieu imprimée en elle. De cette attention découle le don de la bénédiction divine, attirée par la générosité pratiquée à l’égard du pauvre. Par conséquent, le temps consacré à la prière ne peut jamais devenir un alibi pour négliger le prochain en difficulté. Le contraire est vrai : la bénédiction du Seigneur descend sur nous et la prière atteint son but quand elles sont accompagnées par le service aux pauvres.

3. Cet antique enseignement est combien actuel pour chacun de nous ! En effet, la parole de Dieu dépasse l’espace, le temps, les religions et les cultures. La générosité qui soutient le faible, console l’affligé, apaise les souffrances, restitue la dignité à ceux qui en sont privés, est en fait la condition d’une vie pleinement humaine. Le choix de consacrer une attention aux pauvres, à leurs nombreux et divers besoins, ne peut être conditionné seulement par le temps disponible ou par des intérêts privés, ni par des projets pastoraux ou sociaux désincarnés. On ne peut étouffer la force de la grâce de Dieu par la tendance narcissique de toujours se mettre à la première place.

Avoir le regard tourné vers le pauvre est difficile, mais plus que jamais nécessaire pour donner à notre vie personnelle et sociale la bonne direction. Il ne s’agit pas d’exprimer beaucoup de paroles, mais plutôt d’engager concrètement la vie, animée par la charité divine. Chaque année, avec la Journée Mondiale des Pauvres, je reviens sur cette réalité fondamentale pour la vie de l’Église, parce que les pauvres sont et seront toujours avec nous (cf. Jn 12, 8) pour nousaider à accueillir la présence du Christ dans l’espace du quotidien.

4. Chaque rencontre avec une personne en situation de pauvreté nous provoque et nous interroge. Comment pouvons-nous contribuer à éliminer ou, du moins, à soulager sa marginalisation et sa souffrance? Comment pouvons-nous l’aider dans sa pauvreté spirituelle ? La communauté chrétienne est appelée à s’impliquer dans cette expérience de partage, sachant qu’il ne lui est pas permis de la déléguer à qui que ce soit. Et pour être un soutien aux pauvres, il est fondamental de vivre personnellement la pauvreté évangélique. Nous ne pouvons pas nous sentir “bien” quand un membre de la famille humaine est relégué dans les coulisses et devient une ombre. Le cri silencieux des nombreux pauvres doit trouver le peuple de Dieu en première ligne, toujours et partout, afin de leur donner une voix, de les défendre et de se solidariser avec eux devant tant d’hypocrisie et devant tant de promesses non tenues, pour les inviter à participer à la vie de la communauté.

Il est vrai que l’Église n’a pas de solutions globales à proposer, mais elle offre, avec la grâce du Christ, son témoignage et ses gestes de partage. Elle se sent en outre le devoir de présenter les instances de ceux qui n’ont pas le nécessaire pour vivre. Rappeler à tous la grande valeur du bien commun est, pour le peuple chrétien, un engagement de vie qui se réalise dans la tentative de n’oublier aucun de ceux dont l’humanité est violée dans ses besoins fondamentaux.

5. Tendre la main fait découvrir, avant tout à celui qui le fait, qu’existe en nous la capacité d’accomplir des gestes qui donnent un sens à la vie. Que de mains tendues pouvons-nous voir tous les jours ! Malheureusement, il arrive de plus en plus souvent que la hâte entraîne dans un tourbillon d’indifférence, au point que l’on ne sait plus reconnaître tout le bien qui se fait quotidiennement, en silence et avec grande générosité. C’est souvent lorsque surviennent des événements qui bouleversent le cours de notre vie que nos yeux deviennent capables de voir la bonté des saints “de la porte d’à côté”, « de ceux qui vivent proches de nous et sont un reflet de la présencede Dieu » (Exhort. ap. Gaudete et Exultate, n. 7), mais dont personne ne parle. Les mauvaises nouvelles abondent sur les pages des journaux, sur les sites internet et sur les écrans de télévision, au point de laisser croire que le mal règne en maître. Pourtant il n’en est pas ainsi. Certes, la méchanceté et la violence, l’abus et la corruption ne manquent pas, mais la vie est tissée d’actes de respect et de générosité qui, non seulement compensent le mal, mais poussent à aller au-delà et à être remplis d’espérance.

6. Tendre la main est un signe : un signe qui rappelle immédiatement la proximité, la solidarité, l’amour. En ces mois où le monde entier a été submergé par un virus qui a apporté douleur et mort, détresse et égarement, combien de mains tendues nous avons pu voir ! La main tendue du médecin qui se soucie de chaque patient en essayant de trouver le bon remède. La main tendue de l’infirmière et de l’infirmier qui, bien au-delà de leurs horaires de travail, sont restés pour soigner les malades. La main tendue de ceux qui travaillent dans l’administration et procurent les moyens de sauver le plus de vies possibles. La main tendue du pharmacien exposé à tant de demandes dans un contact risqué avec les gens. La main tendue du prêtre qui bénit avec le déchirement au cœur. La main tendue du bénévole qui secourt ceux qui vivent dans la rue et qui, en plus de ne pas avoir un toit, n’ont rien à manger. La main tendue des hommes et des femmes qui travaillent pour offrir des services essentiels et la sécurité. Et combien d’autres mains tendues que nous pourrions décrire jusqu’à en composer une litanie des œuvres de bien. Toutes ces mains ont défié la contagion et la peur pour apporter soutien et consolation.

7. Cette pandémie est arrivée à l’improviste et nous a pris au dépourvu, laissant un grand sentiment de désorientation et d’impuissance. Cependant, la main tendue aux pauvres ne vient pas à l’improviste. Elle témoigne de la manière dont on se prépare à reconnaître le pauvre afin de le soutenir dans les temps de nécessité. On n’improvise pas les instruments de miséricorde. Un entraînement quotidien est nécessaire, à partir d’une prise de conscience que nous, les premiers, avons combien besoin d’une main tendue vers nous.

Ce moment que nous vivons a mis en crise beaucoup de certitudes. Nous nous sentons plus pauvres et plus faibles parce que nous avons fait l’expérience de la limite et de la restriction de la liberté. La perte du travail, des relations affectives les plus chères, comme l’absence des relations interpersonnelles habituelles, a tout d’un coup ouvert des horizons que nous n’étions plus habitués à observer. Nos richesses spirituelles et matérielles ont été remises en question et nous avons découvert que nous avions peur. Enfermés dans le silence de nos maisons, nous avons redécouvert l’importance de la simplicité et d’avoir le regard fixé sur l’essentiel. Nous avons mûri l’exigence d’une nouvelle fraternité, capable d’entraide et d’estime réciproque. C’est un temps favorable pour « reprendre conscience que nous avons besoin les uns des autres, que nous avons une responsabilité vis-à-vis des autres et du monde […]. Depuis trop longtemps, déjà, nous avons été dans la dégradation morale, en nous moquant de l’éthique, de la bonté, de la foi, de l’honnêteté. […] Cette destruction de tout fondement de la vie sociale finit par nous opposer les uns aux autres, chacun cherchant à préserver ses propres intérêts ; elle provoque l’émergence de nouvelles formes de violence et de cruauté, et empêche le développement d’une vraie culture de protection de l’environnement » (Lett. enc. Laudato Si’, n. 229). En somme, les graves crises économiques, financières et politiques ne cesseront pas tant que nous laisserons en état de veille la responsabilité que chacun doit sentir envers le prochain et chaque personne.

8. « Tends la main au pauvre », est donc une invitation à la responsabilité comme engagement direct de quiconque se sent participant du même sort. C’est une incitation à prendre en charge le poids des plus faibles, comme le rappelle saint Paul : « Mettez-vous, par amour au service les uns des autres. Car toute la Loi est accomplie dans l’unique parole que voici : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. (…) Portez les fardeaux des uns les autres » (Ga 5,13-14 ; 6,2). L’Apôtre enseigne que la liberté qui nous a été donnée par la mort et la résurrection de Jésus Christ est pour chacun de nous une responsabilité pour se mettre au service des autres, surtout des plus faibles. Il ne s’agit pas d’une exhortation facultative, mais d’une condition de l’authenticité de la foi que nous professons.

Le Livre de Ben Sira vient une fois de plus à notre aide : il suggère des actions concrètes pour soutenir les plus faibles et il utilise également quelques images suggestives. Tout d’abord, il prend en considération la faiblesse de ceux qui sont tristes : « Ne te détourne pas ceux qui pleurent » (7, 34). La période de la pandémie nous a obligés à un isolement forcé, nous empêchant même de pouvoir consoler et d’être près d’amis et de connaissances affligés par la perte de leurs proches. Et l’auteur sacré affirme encore : « N’hésite pas à visiter un malade » (7, 35). Nous avons fait l’expérience de l’impossibilité d’être aux côtés de ceux qui souffrent, et en même temps, nous avons pris conscience de la fragilité de notre existence. En somme, la Parole de Dieu ne nous laisse jamais tranquilles, elle continue à nous stimuler au bien.

9. « Tends la main au pauvre » fait ressortir, par contraste, l’attitude de ceux qui tiennent leurs mains dans leurs poches et ne se laissent pas émouvoir par la pauvreté, dont ils sont souvent complices. L’indifférence et le cynisme sont leur nourriture quotidienne. Quelle différence par rapport aux mains généreuses que nous avons décrites! Il y a, en effet, des mains tendues qui touchent rapidement le clavier d’un ordinateur pour déplacer des sommes d’argent d’une partie du monde à l’autre, décrétant la richesse des oligarchies et la misère de multitudes ou la faillite de nations entières. Il y a des mains tendues pour accumuler de l’argent par la vente d’armes que d’autres mains, même celles d’enfants, utiliseront pour semer la mort et la pauvreté. Il y a des mains tendues qui, dans l’ombre, échangent des doses de mort pour s’enrichir et vivre dans le luxe et le désordre éphémère. Il y a des mains tendues qui, en sous-main, échangent des faveurs illégales contre un gain facile et corrompu. Et il y a aussi des mains tendues de ceux qui, dans l’hypocrisie bienveillante, portent des lois qu’eux-mêmes n’observent pas.

Dans ce panorama, « les exclus continuent à attendre. Pour pouvoir soutenir un style de vie qui exclut les autres, ou pour pouvoir s’enthousiasmer avec cet idéal égoïste, on a développé une mondialisation de l’indifférence. Presque sans nous en apercevoir, nous devenons incapables d’éprouver de la compassion devant le cri de douleur des autres, nous ne pleurons plus devant le drame des autres, leur prêter attention ne nous intéresse pas, comme si tout nous était une responsabilité étrangère qui n’est pas de notre ressort.» (Exhort. ap. Evangelii Gaudium, n. 54). Nous ne pourrons pas être heureux tant que ces mains qui sèment la mort ne seront pas transformées en instruments de justice et de paix pour le monde entier.

10. « Quoi que tu fasses, souviens-toi que ta vie a une fin » (Si 7, 36). C’est l’expression par laquelle le Livre de Ben Sira conclut sa réflexion. Le texte se prête à une double interprétation. La première fait ressortir que nous devons toujours garder à l’esprit la fin de notre existence. Se souvenir du destin commun peut aider à mener une vie sous le signe de l’attention à ceux qui sont les plus pauvres et qui n’ont pas eu les mêmes possibilités que nous. Il y a aussi une deuxième interprétation, qui souligne plutôt le but vers lequel chacun tend. C’est la fin de notre vie qui demande un projet à réaliser et un chemin à accomplir sans se lasser. Or, le but de chacune de nos actions ne peut être autre que l’amour. Tel est le but vers lequel nous nous dirigeons, et rien ne doit nous en détourner. Cet amour est partage, dévouement et service, mais il commence par la découverte que nous sommes les premiers aimés et éveillés à l’amour. Cette fin apparaît au moment où l’enfant rencontre le sourire de sa mère et se sent aimé par le fait même d’exister. Même un sourire que nous partageons avec le pauvre est source d’amour et permet de vivre dans la joie. Que la main tendue, alors, puisse toujours s’enrichir du sourire de celui qui ne fait pas peser sa présence et l’aide qu’il offre, mais ne se réjouit que de vivre à la manière des disciples du Christ.

Que sur ce chemin quotidien de rencontre avec les pauvres nous accompagne la Mère de Dieu, qui plus que tout autre est la Mère des pauvres. La Vierge Marie connaît de près les difficultés et les souffrances de ceux qui sont marginalisés, parce qu’elle-même s’est trouvée à donner naissance au Fils de Dieu dans une étable. Sous la menace d’Hérode, avec Joseph son époux et l’Enfant Jésus, ils se sont enfuis dans un autre pays, et la condition de réfugié a marqué, pendant quelques années, la Sainte Famille. Puisse la prière à la Mère des pauvres rassembler ses enfants favoris et tous ceux qui les servent au nom du Christ. Que la prière transforme la main tendue en une étreinte de partage et de fraternité retrouvée.

Donné à Rome, Saint Jean du Latran, le 13 juin 2020, mémoire liturgique de saint Antoine de Padoue, huitième année de mon Pontificat.

François