Laïcs Missionnaries Comboniens

Les laïques missionnaires comboniennes dans l’émission de radio Les femmes de la diversité religieuse et la lutte féministe

LMC Mexico

Une petite maison, un grand patio, un salon et une cabine bleue ont été les espaces de la rencontre entre une femme laïque qui a fait office d’hôte, une femme anglicane, deux représentants de la communauté Hare Krishna, un enseignant en ligne agnostique, deux femmes LMC, un prêtre combonien et le coordinateur des affaires religieuses de l’État. Le sujet ? Discuter s’il est possible de parler du féminisme d’un point de vue religieux. Crisol de la Alegría, Radio y Televisión était l’hôte grâce à l’invitation du Père Mario Escalera, coordinateur du dialogue interreligieux à Monterrey.

Elles ont parlé de l’histoire du féminisme, de ses principales représentantes, des luttes que les femmes d’antan ont dû mener pour obtenir des réalisations qui sont aujourd’hui une normalité pour celles d’entre nous qui vivent à cette époque.

Est-il possible de parler d’un féminisme fondé sur la diversité religieuse ? Tout au long de l’histoire, oui, il y a eu un patriarcat oppressif, mais les organisations religieuses ont ouvert la voie pour parler de plus en plus des droits et des responsabilités des femmes, non seulement dans les associations qui promeuvent différentes formes de foi, mais aussi dans la vie quotidienne, qui voit les femmes comme des piliers de plus en plus importants de la dynamique des sociétés.

Existe-t-il un secrétariat pour l’égalité et l’inclusion ? Oui, le gouvernement actuel déploie des efforts, comme la création du Secrétariat pour l’inclusion et du Secrétariat pour les femmes, afin de promouvoir l’éducation au respect des droits des femmes et la promotion de l’autonomisation des femmes en tant que citoyennes créatives, agents du changement et personnes responsables dans la vie productive.

Que peuvent faire les femmes dans leurs propres tranchées pour parvenir à la non-violence envers les femmes ? La sororité est définitivement une réponse importante. Cette empathie et cet accompagnement dans la douleur d’une femme qui trouve en d’autres femmes un soutien qui l’amènera à découvrir de nouvelles façons de surmonter les obstacles qui, en raison des inégalités entre les sexes, sont encore vécus aujourd’hui, nous aideront à surmonter non seulement la violence, mais aussi les différentes formes de discrimination et de désavantage.

Comment pouvons-nous éduquer les enfants à voir le Dieu père-mère sans patriarcalisme religieux ? Commencez à promouvoir l’image d’un Dieu qui n’est pas seulement père mais aussi mère, c’est-à-dire un Dieu qui, tel qu’il se présente, “est” tout simplement, sans distinction de genre ou de race.

En tant que communauté chrétienne, comment pouvons-nous rejoindre la lutte féministe ? Il n’est pas absurde de penser à des femmes de foi qui luttent depuis leurs tranchées pour un changement qui ne profite pas seulement à elles-mêmes, mais à la société en général ; qui cherche l’intégration des efforts féminins et masculins pour la construction d’un monde pacifique, solidaire, inclusif, qui défend la vie digne et la coopération pour obtenir des avancées technologiques, sociales, scientifiques, éducatives, économiques, politiques et, bien sûr, une croissance de nos institutions religieuses qui partagent une foi libératrice qui promeut l’amour.

Il est certain qu’un féminisme de la foi est possible, en comprenant nos doctrines comme une source de sagesse pour vivre ensemble en harmonie et en partant du principe que ce sont les personnes et non les genres qui doivent compter, car aux yeux de Dieu, la dignité de chacun est la même.

Par : Silvia Tapia Jiménez (LMC de Monterrey, N.L., Mexique)

Bonne année de la part du LMC du Kenya !

LMC Kenya

Le 18 décembre 2022, deux candidates ont été commissionnées, Maria et Belinda, qui étaient en formation. Elles sont devenues officiellement Laïques Missionnaires Comboniennes, en présence des Pères MCCJ, des parents des candidates et d’autres membres de la Famille Combonienne. La célébration a eu lieu à la paroisse de Saint Daniel Comboni à Huruma, Kariobangi. Nous sommes débordés de joie, félicitations à elles !

Maria et Belinda, après avoir reçu la croix comme symbole de leurs nouvelles responsabilités en tant que LMC.

A Noël, quelques membres ont rejoint la communauté internationale de Kitelakapel (Linda et Pius) pour célébrer avec eux. Ils ont partagé de beaux moments et nous avons également regardé un film incroyable ensemble en tant que communauté.

Équipe de Noël à Kitelakapel (P. Maciek, Pius, Mercy, Linda et Neema)

En même temps, nous avons été invités à animer la retraite des jeunes avec les mccj à Chelopoy, paroisse d’Amakuriat, qui s’est tenue du 26 au 29 décembre. C’est une grande réussite pour nous, car nous étendons maintenant notre collaboration avec le MCCJ au-delà de notre propre paroisse.

Avec l’équipe de facilitateurs à Chelopoy, paroisse d’Amakuriat, West Pokot

Tout récemment, au début du mois de janvier 2023, nous avons tenu notre assemblée, au cours de laquelle nous avons planifié et budgétisé nos activités pour cette année. Nous avons confirmé dans leurs rôles les animateurs de l’année précédente, puisqu’ils doivent servir un mandat de 2 ans.

En outre, nous avons décidé d’ajouter d’autres rôles et avons donc nommé de nouveaux animateurs, afin qu’ils puissent aider les animateurs existants à faire en sorte que tout se passe bien. À cette fin, nous avons ajouté les coordinateurs de communication et de projets.

Nous avons également inclus dans notre plan les contributions de l’assemblée africaine au Bénin, révisé notre constitution et, plus tard, nous avons eu un moment de socialisation, ce qui a marqué notre rencontre avec succès.

Nous avons également inclus un nouvel aspect dans nos réunions de formation, puisque nous avons décidé d’ajouter à nos réunions mensuelles des moments de service dans les organisations, comme la visite de foyers pour enfants, etc. Par exemple, le dernier jour de notre réunion, nous avons passé du temps au centre des sœurs de la charité, pour les aider à s’occuper d’un groupe d’enfants handicapés.

Nous remercions le Seigneur pour tous ces événements fructueux, le travail que nous avons fait jusqu’à présent, les petites et grandes réalisations que nous avons atteintes, l’enthousiasme et l’engagement dont Il nous a remplis, et nous avons confiance qu’Il nous accompagnera encore plus dans l’année qui vient de commencer, en souhaitant un nouveau départ merveilleux à tous les autres groupes de LMC là-bas !!!

LMC Kenya

Promotion des vocations et ensemble avec les MCCJ et les SMC

LMC Togo-Ghana-Benin

Profitant de la visite d’Alberto dans la province, nous nous sommes déplacés du Ghana au Bénin passant par le Togo pour faire des partages sur notre vocation avec les amis de Comboni, l’Amicale et avec certaines communautés.

Le 26 Novembre 2022, après une rencontre avec le groupe LMC du Ghana, Alberto, Frank et Justin ont commencé le tour. La première interaction fut avec l’Amicale de la Paroisse St. Paul de Nkanfoa, Cape Coast, Rep. du Ghana. C’était un échange motivant entre nous. En présence du P. Boris, MCCJ et de deux Scholastiques, nous avons partagé avec nos amis nos réalités comme LMC les encourageant à faire un pas de plus et commencer le cheminement de LMC.

Le 27 Novembre, premier Dimanche de l’Avent, avec la proposition du P. Antoine, formateur au Scholasticat et Vice Provincial, nous nous partageâmes pour accompagner les pères pour la célébration eucharistique. Alberto resta à la station mère avec le P. Joseph, Frank suivit le P. Boris sur Akonomah (où on avait fait il y a deux ans une expérience missionnaire) et Justin à Edukrom avec le P. Antoine. On nous donna la chance de faire la promotion de la vocation LMC.

Au Togo, le 30 Novembre, Alberto et Justin ont rencontré un groupe à la Paroisse Marie Mère du Rédempteur d’Adidogome, un groupe suivi par la Sœur Elisabeth, SMC et le P. Augustin, MCCJ. Le groupe était très dynamique avec le zèle de tous ses membres désireux de devenir LMC.

Du 30 Novembre au 3 Décembre, nous sommes restés au Postulat ensemble avec les pères Anicet, Maurice et Tenías tous MCCJ avec 20 postulants. Nous participions aux prières, aux célébrations et partagions le repas ensemble.

Le 1er Décembre matin, Alberto et moi rendîmes visite aux SMC. Nous étions restés avec elles partageant des idées surtout sur le groupe de « l’Amicale » que la Sœur Elisabeth accompagnait.

Dans la soirée du même jour, nous sommes allés à Cacaveli pour partager avec un autre groupe de l’Amicale. Le Scholastique Joseph Atsou, responsable du CAM (Centre d’Animation Missionnaire) fut présent à la réunion et promit accompagner le groupe de Cacaveli.

Avant cette rencontre, Alberto et Justin sont allés saluer le P. Timothée, le Supérieur Provincial.

Au Bénin, après l’Assemblée des LMC, Alberto, Justin et le Frère Pascal ont rendu visite à un autre groupe de l’Amicale à Cotonou, un groupe suivi par le Frère Pascal. Du grand nombre, un noyau est resté actif.

Nous avons pris les contacts des différents membres de tous les groupes du Ghana au Benin et leur avons promis de garder le contact avec eux. Nous espérons avec la grâce divine que certains se joindront aux LMC.

Justin Nougnui, LMC.

L’engagement des premiers LMC dans la province du Togo-Ghana-Benin

CLM TGB

Après un quasi long temps de formation, trois des candidats LMC de la Province du Togo-Ghana-Benin sont acceptés à faire leur engagement. Frank Amenyo, Benjamin Amekor et Justin Nougnui sont invités par l’Aumônier le Rév. P. Léopold Adanle à se recueillir pour une journée de recollection à la Paroisse Bon Pasteur de Mafi-Kumase (Rép. du Ghana) le 8 octobre 2022. La recollection fut animée par le Rév. P. Achille Dansou, MCCJ à Mafi-Kumase. Il a partagé avec nous le thème proposé par le St. Père pour la Journée des Missions “Vous serez mes témoins”. Nous eûmes l’adoration dans la journée et le Chapelet la soirée avec la Communauté Ecclésiale de Mafi-Kumase. La recollection s’acheva le Dimanche avec la Célébration Eucharistique présidée par le Curé qui est aussi notre Aumônier.

Le 10 octobre, fête de St. Daniel Comboni, les MCCJ de la Province du Togo-Ghana-Benin se rassemblèrent autour du Provincial le Rév. P. Timothée Hounake pour la circonstance. Après la profession de foi, nous trois fûmes appelés et présentés au Supérieur Provincial. Un après un, nous avons émis, devant le Supérieur Provincial, notre engagement à être LMC. Nous fûmes reçus dans la Nouvelle Famille. Après la messe et la prise des photos, on nous invita à une réunion des MCCJ où on nous mit au courant des Nouvelles de la Province en particulier et de La Famille Combonienne en général. Après cela, nous avons partagé le repas avec les MCCJ et avec nos familles.

Nous disons un grand merci au Seigneur pour la Célébration. Nous sommes reconnaissants à la Famille Combonienne, à nos familles et à nos amis qui furent avec nous. Que nous puissions devenir de missionnaires “saints et capables”.

St. Daniel Comboni, intercède pour nous.

Pour les trois, Justin Nougnui (LMC).

Message du saint-père François pour la journée mondiale des missions 2022

Francisco

« Vous serez mes témoins » (Ac 1, 8)

Chers frères et sœurs !

Francisco

Ces paroles sont celles de la dernière conversation de Jésus Ressuscité avec ses disciples, avant de monter au Ciel, telle qu’elle est décrite dans les Actes des Apôtres : « Vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 1, 8). Et c’est aussi le thème de la Journée Mondiale des Missions 2022 qui nous aide, comme toujours, à vivre le fait que l’Eglise est missionnaire par nature. Cette année, elle nous donne l’occasion de commémorer quelques anniversaires importants pour la vie et la mission de l’Église : la fondation, il y a 400 ans, de la Congrégation de Propaganda Fide – aujourd’hui pour l’Evangélisation des Peuples – et, il y a 200 ans, l’Œuvre pour la Propagation de la Foi qui, avec l’Œuvre de la Sainte enfance et l’Œuvre de Saint Pierre Apôtre, a obtenu il y a 100 ans la reconnaissance “Pontificale”.

Arrêtons-nous sur ces trois expressions clé qui résument les trois fondements de la vie et de la mission des disciples : « Vous serez mes témoins », « jusqu’aux extrémités de la terre » et « vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ».

1. « Vous serez mes témoins » – L’appel de tous les chrétiens à témoigner du Christ

C’est le point central, le cœur de l’enseignement de Jésus aux disciples en vue de leur mission dans le monde. Tous les disciples seront témoins de Jésus grâce au Saint-Esprit qu’ils recevront : ils seront constitués comme tels par grâce. Où qu’ils aillent, où qu’ils soient. De même que le Christ est le premier envoyé, c’est-à-dire missionnaire du Père (cf. Jn 20, 21) et, en tant que tel, son « témoin fidèle » (cf. Ap 1, 5), de même tout chrétien est appelé à être un missionnaire et un témoin du Christ. Et l’Église, communauté des disciples du Christ, n’a d’autre mission que celle d’évangéliser le monde en témoignant du Christ. L’identité de l’Église est d’évangéliser.

Une relecture d’ensemble plus approfondie éclaire certains aspects toujours actuels pour la mission confiée par le Christ à ses disciples : « Vous serez mes témoins ». La forme plurielle souligne le caractère communautaire-ecclésial de l’appel missionnaire des disciples. Tout baptisé est appelé à la mission dans l’Église et par mandat de l’Église : la mission se fait donc ensemble, et non individuellement, en communion avec la communauté ecclésiale et non de sa propre initiative. Et même s’il y a quelqu’un qui, dans une situation très particulière, accomplit seul la mission d’évangélisation, il l’accomplit et devra toujours l’accomplir en communion avec l’Église qui l’a envoyé. Comme l’enseigne saint Paul VI dans l’Exhortation apostolique Evangelii nuntiandi, un document qui m’est très cher : « Evangéliser n’est pour personne un acte individuel et isolé, mais c’est un acte profondément ecclésial. Lorsque le plus obscur prédicateur, catéchiste ou pasteur, dans la contrée la plus lointaine, prêche l’Evangile, rassemble sa petite communauté ou confère un sacrement, même seul, il fait un acte d’Eglise et son geste se rattache certainement, par des rapports institutionnels, mais aussi par des liens invisibles et par des racines souterraines de l’ordre de la grâce, à l’activité évangélisatrice de toute l’Eglise » (n. 60). En effet, ce n’est pas un hasard si le Seigneur Jésus a envoyé ses disciples en mission deux par deux. Le témoignage des chrétiens au Christ a un caractère essentiellement communautaire. D’où l’importance essentielle de la présence d’une communauté, même petite, dans la réalisation de la mission.

Deuxièmement, il est demandé aux disciples de vivre leur vie personnelle dans une optique de mission : ils sont envoyés par Jésus dans le monde non seulement pour faire la mission, mais aussi et surtout pour vivre la mission qui leur a été confiée ; non seulement pour rendre témoignage, mais aussi et surtout pour être des témoins du Christ. Comme le dit l’apôtre Paul avec des mots vraiment émouvants : « Toujours nous portons, dans notre corps, la mort de Jésus, afin que la vie de Jésus, elle aussi, soit manifestée dans notre corps. »  (2 Co 4, 10). L’essence de la mission est de rendre témoignage au Christ, c’est-à-dire à sa vie, sa passion, sa mort et sa résurrection par amour du Père et de l’humanité. Ce n’est pas un hasard si les Apôtres ont cherché à remplacer Judas parmi ceux qui, comme eux, avaient été « témoins de sa résurrection » (Ac 1, 22). C’est du Christ, et du Christ ressuscité dont nous devons témoigner et dont nous devons partager la vie. Les missionnaires du Christ ne sont pas envoyés pour se communiquer eux-mêmes, pour montrer leurs qualités et leurs capacités de persuasion ou leurs compétences en matière de gestion. Ils ont, au contraire, le grand honneur d’offrir le Christ, en paroles et en actes, en annonçant à tous la Bonne Nouvelle du salut avec joie et franchise, comme les premiers apôtres.

Par conséquent, en dernière analyse, le véritable témoin c’est le “martyr”, celui qui donne sa vie pour le Christ en échange du don qu’il nous fait de lui-même. « La première motivation pour évangéliser est l’amour de Jésus que nous avons reçu, l’expérience d’être sauvés par lui qui nous pousse à l’aimer toujours plus » (Evangelii gaudium, n. 264).

Enfin, en ce qui concerne le témoignage chrétien, l’observation de saint Paul VI reste toujours pertinente : « L’homme contemporain écoute plus volontiers les témoins que les maîtres ou, s’il écoute les maîtres, c’est parce qu’ils sont des témoins » (Evangelii Nuntiandi, n. 41). Par conséquent, pour la transmission de la foi, le témoignage de la vie évangélique des chrétiens est fondamental.  De même, la tâche de proclamer sa personne et son message reste tout aussi nécessaire. En effet, Paul VI lui-même poursuit : « Oui, elle est toujours indispensable, la prédication, cette proclamation verbale d’un message […] La parole reste toujours actuelle, surtout lorsqu’elle est porteuse de la puissance de Dieu. C’est pourquoi reste lui aussi d’actualité l’axiome de saint Paul : “La foi vient de ce qu’on entend” (Rm 10, 17) : c’est la Parole entendue qui conduit à croire » (ibid., n. 42).

Par conséquent, l’exemple de la vie chrétienne et l’annonce du Christ vont ensemble dans l’évangélisation. L’un sert l’autre. Ce sont les deux poumons avec lesquels toute communauté doit respirer pour être missionnaire. Ce témoignage complet, cohérent et joyeux du Christ sera certainement la force d’attraction pour la croissance de l’Église également au troisième millénaire. J’exhorte donc chacun à retrouver le courage, la franchise, cette parrhésie des premiers chrétiens, pour témoigner du Christ en paroles et en actes, dans tous les domaines de la vie.

2. « Jusqu’aux extrémités de la terre » – L’actualité perpétuelle d’une mission d’évangélisation universelle

En exhortant les disciples à être ses témoins, le Seigneur ressuscité, leur dit là où ils sont envoyés : « A Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 1, 8). Le caractère universel de la mission des disciples apparaît clairement ici. Le mouvement géographique “centrifuge” est mis en évidence, presque en cercles concentriques, de Jérusalem considérée par la tradition juive comme le centre du monde, à la Judée et la Samarie, et jusqu’aux « les extrémités de la terre ». Ils ne sont pas envoyés pour faire du prosélytisme mais pour annoncer. Le chrétien ne fait pas de prosélytisme. Les Actes des Apôtres nous racontent ce mouvement missionnaire : ils nous donnent une belle image de l’Église “en sortie” pour accomplir sa vocation de témoigner du Christ Seigneur, guidée par la Providence divine dans les circonstances concrètes de la vie. En effet, les premiers chrétiens sont persécutés à Jérusalem et c’est pourquoi ils sont dispersés en Judée et en Samarie et ont partout témoigné du Christ (cf. Ac 8, 1.4).

Quelque chose de similaire se produit encore à notre époque. En raison des persécutions religieuses et des situations de guerre et de violence, de nombreux chrétiens sont contraints de fuir leur terre pour se rendre dans d’autres pays. Nous sommes reconnaissants envers ces frères et sœurs qui ne s’enferment pas dans leur souffrance, mais témoignent du Christ et de l’amour de Dieu dans les pays qui les accueillent. C’est ce à quoi saint Paul VI les exhortait à faire lorsqu’il considérait la « responsabilité qui revient aux migrants dans les pays qui les reçoivent » (Evangelii nuntiandi, n. 21). En effet, nous expérimentons de plus en plus comment la présence de fidèles de diverses nationalités enrichit le visage des paroisses et les rend plus universelles, plus catholiques. Par conséquent, la pastorale des migrants est une activité missionnaire à ne pas négliger, elle peut aider aussi les fidèles locaux à redécouvrir la joie de la foi chrétienne qu’ils ont reçue.

L’indication « jusqu’aux extrémités de la terre » interpellera les disciples de Jésus à toutes les époques et les poussera à aller au-delà des lieux habituels pour lui rendre témoignage. Malgré toutes les facilités dues aux progrès de la modernité, il existe encore aujourd’hui des zones géographiques où les missionnaires témoins du Christ ne sont pas encore arrivés avec la Bonne Nouvelle de son amour. D’autre part, aucune réalité humaine ne devrait être étrangère à l’attention des disciples du Christ dans leur mission. L’Église du Christ a été, est et sera toujours “en sortie” vers de nouveaux horizons géographiques, sociaux et existentiels, vers des lieux et des situations humaines “limites”, afin de témoigner du Christ et de son amour à tous les hommes et toutes les femmes de tout peuple, de toute culture et de tout statut social. En ce sens, la mission sera toujours aussi missio ad gentes, comme nous l’a enseigné le Concile Vatican II, car l’Église devra toujours aller au-delà, au-delà de ses propres limites, pour témoigner de l’amour du Christ à tous. À cet égard, je voudrais rappeler le souvenir et remercier les nombreux missionnaires qui ont dépensé leur vie pour aller “au-delà”, en incarnant la charité du Christ envers les nombreux frères et sœurs qu’ils ont rencontrés.

3. « Vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous » – Laissez-vous toujours fortifier et guider par l’Esprit

En annonçant aux disciples leur mission d’être ses témoins, le Christ ressuscité promet également la grâce pour une si grande responsabilité : « Vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins » (Ac 1, 8). En effet, selon le récit des Actes des Apôtres, c’est précisément après la descente de l’Esprit Saint sur les disciples de Jésus qu’a lieu la première action de témoignage au Christ mort et ressuscité, avec une proclamation kérygmatique, le discours missionnaire de saint Pierre aux habitants de Jérusalem. Ainsi commence l’ère de l’évangélisation du monde par les disciples de Jésus, qui étaient avant faibles, craintifs et fermés. L’Esprit Saint les a fortifiés, leur a donné le courage et la sagesse de témoigner du Christ devant tout le monde.

Tout comme « personne n’est capable de dire : “Jésus est Seigneur” sinon dans l’Esprit Saint » (1 Co 12, 3), de même aucun chrétien ne peut rendre un témoignage complet et authentique au Christ Seigneur sans l’inspiration et l’aide de l’Esprit. Par conséquent, tout disciple missionnaire du Christ est appelé à reconnaître l’importance fondamentale de l’action de l’Esprit, à vivre avec lui dans la vie quotidienne et recevoir sans cesse de sa part force et inspiration. Plus encore, au moment où nous nous sentons fatigués, démotivés, perdus, rappelons-nous de nous tourner vers l’Esprit Saint dans la prière, qui – je tiens à le souligner une fois de plus – a un rôle fondamental dans la vie missionnaire, pour nous laisser restaurer et fortifier par lui, source divine inépuisable des énergies nouvelles et de la joie de partager la vie du Christ avec les autres. « Recevoir la joie de l’Esprit est une grâce. Elle est la seule force que nous puissions avoir pour prêcher l’Évangile, pour professer la foi au Seigneur » (Message aux Œuvres Pontificales Missionnaires, 21 mai 2020). L’Esprit est donc le véritable protagoniste de la mission : c’est lui qui donne la parole juste, au bon moment et de juste manière.

C’est à la lumière de l’action de l’Esprit Saint que nous voulons aussi lire les anniversaires missionnaires de cette année 2022. L’institution de la Sacrée Congrégation de propaganda fide, en 1622, était motivée par le désir de promouvoir le mandat missionnaire sur de nouveaux territoires. Une intuition providentielle ! La Congrégation s’est avérée cruciale pour rendre la mission évangélisatrice de l’Église véritablement telle, c’est-à-dire indépendante de l’ingérence des pouvoirs du monde, afin d’établir ces Églises locales qui font preuve d’une telle vigueur aujourd’hui. Nous espérons que, comme au cours des quatre siècles passés, la Congrégation, avec la lumière et la force de l’Esprit, poursuivra et intensifiera son travail de coordination, d’organisation et d’animation des activités missionnaires de l’Église.

Le même Esprit, qui guide l’Église universelle, inspire également des hommes et des femmes simples pour des missions extraordinaires. C’est ainsi qu’une jeune fille Française, Pauline Jaricot, fonda l’Œuvre pour la Propagation de la Foi, il y a exactement 200 ans. Sa béatification sera célébrée en cette année jubilaire. Bien que ce fut dans des conditions précaires, elle accepta l’inspiration de Dieu pour mettre en place un réseau de prières et de collectes pour les missionnaires, afin que les fidèles puissent participer activement à la mission « jusqu’aux extrémités de la terre ». De cette idée géniale est née la Journée Mondiale des Missions, que nous célébrons chaque année, et dont la collecte dans toutes les communautés est destinée au fonds universel avec lequel le Pape soutient l’activité missionnaire.

Dans ce contexte, je rappelle également l’Evêque français Charles de Forbin-Janson qui lança l’Œuvre de la Sainte Enfance afin de promouvoir la mission parmi les enfants avec la devise “les enfants évangélisent les enfants, les enfants prient pour les enfants, les enfants aident les enfants dans le monde entier” ; de même Mme Jeanne Bigard, qui donna naissance à l’Œuvre de Saint Pierre Apôtre pour le soutien des séminaristes et des prêtres en terre de mission. Ces trois Œuvres missionnaires ont été reconnues comme “pontificales” il y a juste cent ans. Et c’est également sous l’inspiration et la direction de l’Esprit Saint que le bienheureux Paolo Manna, né il y a 150 ans, fonda l’actuelle Union Pontificale Missionnaire pour sensibiliser et encourager à la mission les prêtres, les religieux et religieuses et tout le peuple de Dieu. Paul VI lui-même fut membre de cette œuvre et lui confirma une reconnaissance pontificale. Je mentionne ces quatre Œuvres Pontificales Missionnaires pour leurs grands mérites historiques et aussi pour vous inviter à vous réjouir avec elles en cette année spéciale pour leurs activités de soutien à la mission évangélisatrice dans l’Église universelle et dans les Églises locales. Je forme le vœu que les Églises locales trouveront dans ces Œuvres un instrument solide pour nourrir l’esprit missionnaire dans le Peuple de Dieu.

Chers frères et sœurs, je continue à rêver d’une Église entièrement missionnaire et d’un nouveau printemps missionnaire des communautés chrétiennes. Et je répète le souhait de Moïse pour le peuple de Dieu en chemin : « Si le Seigneur pouvait faire de tout son peuple un peuple de prophètes ! » (Nb 11, 29). Oui, puissions-nous tous, dans l’Église, être ce que nous sommes déjà en vertu de notre baptême : des prophètes, des témoins, des missionnaires du Seigneur ! Avec la puissance de l’Esprit Saint, et jusqu’aux extrémités de la terre. O Marie, Reine des Missions, priez pour nous !

Rome, Saint Jean de Latran, 6 janvier 2022, Épiphanie du Seigneur.

François