Laïcs Missionnaries Comboniens

Atelier Combonien

Misa en S Pedro

Le monde d’aujourd’hui, l’urgence missionnaire et les défis de la mission combonienne

A commencé aujourd’hui, le travail de réflexion sur le 150ème anniversaire du Plan de Comboni pour la régénération de l’Afrique. De toutes les parties du monde sont arrivés les représentants des différentes provinces des Comboniens (mccj), ainsi que, la présence de représentants des Soeurs Comboniennes (SMC), des Missionnaires Séculieres Comboniennes (MSC) et Laïcs Missionnaires Comboniens (LMC).

La journée a commencé par l’Eucharistie près de la tombe de Saint-Pierre, où Comboni a eu l’inspiration pour le plan. Cependant, cet atelier, comme l’a rappelé le P. Enrique Sanchez (Supérieur Général de MCCJ) dans son homélie, ne cherche pas à “contempler” le plan de Comboni, mais, il vise refléchir et à rendre grâce à Dieu pour tout ce que ce plan est, et a été, depuis le temps de Comboni. Aujourd’hui, il faut se tourner vers le présent Plan de Comboni, comprendre jusqu’à à quel point il s’applique et nous provoque dans notre mission. Pour cela, averti le Père Mariano Tibaldo (MCCJ), nous devons nos rendre compte de nos priorités d’aujourd’hui et compreendre comment – aujourd’hui – vivre le défi du plan de Comboni.

La réflexion a commencé avec Fr. Enzo Biemmi qui a présenté l’exhortation apostolique Evangelii Gaudium comme une provocation du pape Francisco, mais qui va dans la même ligne du Plan de Comboni, par rapport à la façon dont l’expérience de la vocation missionnaire a été conçu par Comboni.

En fait, aujourd’hui, nous devons abandonner les idées missionnaires préconçues d’évangélisation «des autres». Nous avons besoin d’une conscience missionnaire et de l’expérience qui est basé principalement sur ​​la conversion du missionnaire lui-même. Seule la rencontre avec le Christ missionnaire, proclame explicitement et implicitement l’Évangile dans toutes les circonstances. Il n’est pas, par conséquent, un annonce, mais une impulsion de joie de la rencontre avec le Christ qui se manifeste dans la vie d’un missionnaire. Nous devons donc être conscients que sans la conversion du missionnaire aucun annonce n’est fait, parce que sans cette expérience de grâce, nous ne pouvons pas aller au cœur de l’homme, où habite déjà l’Esprit.

En fait, le premier point et la source de la vie et missionnaire d’évangélisation est celle de reconnaître la présence de Dieu dans la personne de l’autre, donnant ainsi un nouveau style à la mission. Ce fut le véritable acte du Christ, que dans tout ce qu’IL a fait, IL a remi le protagonisme dans les mais du Père et /ou dans la foi qui sauve celui qui Lui cherche pour être sauvé.

Dans ce contexte, le P. Mariano Tibaldo (MCCJ) a parlé sur les problèmes urgents de la vie missionnaire. Urgences qui ne sont pas liées à la géographie, mais qui doivent répondre, en effet, aux exigences de l’évangélisation aujourd’hui. C’est précisément sur ​​cette question que les participants ont travaillé de groupe par continents et ont pu partager avec les autres leurs conclusions en séance plénière.

Susana Vilas Boas

Avec le cœur dans la mission

P._Enrique_Sanchez

«A l’approche de la fête du Sacré Cœur – vendredi 27 juin – je désire partager avec vous cette petite réflexion, afin qu’elle nous aide à nous préparer à cette célébration, en fixant notre regard dans ce Cœur ouvert, d’où naît notre vocation missionnaire, pour y puiser les forces dont nous avons besoin en ce moment de notre chemin, en tant qu’héritiers de saint Daniel Comboni.» P. Enrique Sánchez G., mccj.

Avec le cœur dans la mission

Je ne veux pas vous cacher que ma conscience était un peu inquiète quand le Saint-Siège m’a confié cette vaste et laborieuse Mission, car je connaissais ma petitesse face à cet énorme mandat que Dieu m’a confié par son auguste Vicaire Pie IX. J’ai alors pensé qu’avec nos seules forces nous ne réussirions jamais à fonder le catholicisme dans ces immenses régions où, malgré tous les efforts de plusieurs siècles, l’Eglise n’a pu réussir à s’implanter.

J’ai alors mis toute ma confiance dans le Sacré-Cœur de Jésus et j’ai décidé de consacrer, le prochain 14 septembre, tout le Vicariat, au Sacré-Cœur de Jésus.

A cet effet, pour célébrer cette grande solennité, j’ai envoyé une Circulaire, et j’ai prié cet apôtre admirable du Sacré-Cœur qu’est le Père Ramière, de rédiger l’acte solennel de Consécration, ce qu’il a fait”(Ecrits 3318).

Chers Confrères,
A l’approche de la fête du Sacré Cœur je désire partager avec vous cette petite réflexion, afin qu’elle nous aide à nous préparer à cette célébration, en fixant notre regard dans ce Cœur ouvert, d’où naît notre vocation missionnaire, pour y puiser les forces dont nous avons besoin en ce moment de notre chemin, en tant qu’héritiers de saint Daniel Comboni.

Le 31 juillet 1873, saint Daniel Comboni écrivit une lettre à Mgr. Joseph De Girardin; c’est dans cette lettre que se trouve le texte avec lequel j’ai commencé cette réflexion. Je l’ai choisi parce que je crois qu’il contient certains éléments qui correspondent à la réalité que nous sommes en train de vivre en ce moment de notre vie et de notre mission, des éléments qui méritent une réflexion de notre part.

Comme en ce temps-là, aujourd’hui encore il n’est pas difficile d’affirmer que la mission qui nous est confiée est vaste et laborieuse; souvent elle nous apparaît très exigeante et au-delà de nos forces. Et cela – je le dis tout de suite – ne nous aide pas à la vivre avec responsabilité et efficacité.

Au cours des trente dernières années, en effet, notre Institut s’est développé de manière considérable et dans son processus de croissance il s’est engagé dans beaucoup de secteurs, sur beaucoup de fronts et dans de nombreuses et différentes réalités missionnaires, dont l’ampleur est évidente. L’immense Vicariat de l’Afrique Centrale est devenu pour nous encore plus immense, avec une présence dans quatre continents et une diversité d’engagements missionnaires telle que nous arrivons à croire que nous sommes présents sur tous les fronts de la mission. Ce fait, pour certains d’entre nous, est une chose bonne, il semble répondre au besoin d’affirmer un ego, nous fait croire que nous sommes de grands missionnaires parce que nous portons l’Evangile dans tous les coins de la planète et dans toutes les périphéries de l’humanité, si on veut utiliser cette expression qu’aime notre pape François.

A l’ampleur, il faut aussi ajouter la difficulté et la complexité d’une mission qui est exigeante, qui nous défie, qui vit un changement profond à cause de la transformation rapide du monde et de la société. La mission est en train de changer, sans nous laisser le temps de comprendre quelle direction prendre; le risque que nous courons est l’incapacité d’être à l’avance par rapport à ces mutations.

Mais la difficulté de la mission d’aujourd’hui devient un défi pour notre créativité, pour notre capacité de nous remettre en discussion, de rêver pour entreprendre des chemins nouveaux qui peuvent exiger que nous marchions sur des terrains inconnus, jamais fréquentés – comme cela nous a été dit il y a quelque temps – et qui nous invitent à ne pas vivre de l’héritage reçu, ce qui peut nous tromper avec la prétention d’une toute puissance missionnaire.

Comboni, dans cette lettre de 1873, disait d’hésiter parce qu’il connaissait sa petitesse. Aujourd’hui, nous aussi sommes en train de devenir davantage conscients de notre petitesse, et non seulement parce que les statistiques nous rappellent que le personnel missionnaire est en train de diminuer de façon constante. Je ne crois pas qu’il s’agit seulement de chiffres. Je crois que cette petitesse peut nous aider à comprendre que nos forces ne seront jamais suffisantes pour répondre aux exigences de la mission et que le Seigneur ne fait pas ses calculs en utilisant les mathématiques.

Sagrado CorazónComment alors orienter notre regard? Où puiser les forces et la lumière pour vivre avec radicalité notre vocation missionnaire combonienne?

Je crois que pour nous, aujourd’hui, la petitesse doit être mesurée en regardant à la qualité de notre vie, à la cohérence du vécu des nos engagements personnels et des options de vie que nous avons faites, à la capacité à ne pas être des personnes superficielles dans le vécu de notre consécration religieuse pour la mission, à notre disponibilité totale au service des plus pauvres, à la liberté de ne pas nous laisser confondre par les suggestions faciles de notre monde: le consumérisme, les apparences, la superficialité, etc.

Sans références à des personnes en particulier, et sans vouloir faire de reproches, je crois que chacun de nous doit reconnaître sa pauvreté, sa fragilité et ses limites, la tentation de faire devenir la mission une chose à son propre service et non cette réalité qui appelle à se donner sans conditions et sans utiliser de prétextes pour la faire devenir une ‘mission à sa propre mesure’.

J’ai une admiration profonde pour tant de confrères qui vivent avec un enthousiasme énorme, avec l’esprit du don de soi et de sacrifice dans des situations de violence indicible et de danger. Ils sont ces pierres cachées dont la mission a besoin, comme nous le rappelle Comboni. C’est à la lumière des ces témoignages que nous devons mesurer notre réponse à la vocation que nous avons reçue et que nous réussirons à découvrir comment pourrons-nous devenir grands, forts et capables pour embrasser la mission qui aujourd’hui nous est confiée.

Comboni dit avec beaucoup d’humilité: “j’ai pensé qu’avec nos forces nous ne réussirons jamais”. Cette phrase n’est pas l’expression du découragement, au contraire elle exprime la conviction de porter une mission qui ne dépend pas de nous. “Alors j’ai mis toute ma confiance dans le Sacré Cœur de Jésus”. Peut-être, et sans peut-être, je crois que le moment est venu pour nous de faire cette expérience d’abandon et de confiance, de foi et d’ouverture à l’action de Dieu dans notre vie, ce qui ne veut pas dire se réfugier dans une spiritualité qui nous extrait de la réalité ou de la responsabilité de nous engager dans la construction du Règne.

Confier dans le Sacré Cœur de Jésus est pour nous aussi aujourd’hui le défi qui nous oblige à nous salir les mains dans la transformation de notre humanité, à travers notre service missionnaire, sans jamais oublier que l’unique et le véritable protagoniste de la mission est et sera toujours le Seigneur.

Si Comboni a voulu consacrer son Vicariat à ce Cœur, qui n’est rien d’autre que l’amour sans limites que Dieu a pour chacun de nous et pour toutes les personnes vers lesquelles il nous envoie comme ses missionnaires, je crois que cela vaut la peine de vivre cette fête en renouvelant notre disponibilité afin que le Seigneur réalises ses projets pour nous, en reconnaissant que la mission qui naît de son Cœur a devant soi un avenir beau. Et pour cela nous devons la vivre dans la confiance que le Seigneur ne va pas nous décevoir.
Bonne fête à tous.
P. Enrique Sánchez G., mccj

La vison ecclésiale qui émerge du “Plan” de Comboni

Comboni

«Comboni – qui croit à l’unicité du genre humain et dans le fait que l’Evangile doit, pour cela, être annoncé à tous – assume une attitude de démystification prophétique de cette forme culturelle raciste…» (Prof. Fulvio De Giorgi, Conseil de Direction de ‘Archivio Comboniano’).

 

Situer dans le contexte
Une réflexion actuelle sur le “Plan” de Comboni qui ne soit pas purement historique, mais qui soit de type spirituel, pastoral, missiologique (c’est-à-dire qui assume un point de vue de la foi, de l’appartenance à l’Eglise catholique et de ‘descendance’ combonienne) doit, de toute façon, partir de la nécessité de le situer et de se situer dans le contexte et ne peut pas se fonder sur un plan de lecture directe et immédiate, c’est-à-dire sans des médiations, comme s’il s’agissait d’un texte écrit aujourd’hui. Son actualisation doit s’échapper des dangers d’un certain “fondamentalisme actualisant”, ce qui serait un défaut d’ingénuité: cela conduirait, dans la meilleure des hypothèses, à des banalisations, mais pourrait aussi courir des dangers de graves déformations. N’importe quel texte de son temps (non seulement de Comboni) ne peut pas être lu sans les filtres du contexte: autrement celui qui, à ce moment historique-là était – par exemple – antiraciste, risquerait même d’apparaître aujourd’hui raciste.

Il ne s’agit pas seulement de traduire un langage du XIX siècle dans un langage d’aujourd’hui (par une opération qui n’est pas uniquement de sémantique historique): même si déjà seulement cela fait apparaître un problème plus vaste, celui des formes de continuité/discontinuité culturelle (et spirituelle) entre nous et nos Pères et nos Mères du passé, entre notre vision et la leur.

Comboni se situe à l’intérieur de l’Eglise catholique: et nous aussi aujourd’hui. Mais l’Eglise catholique est un organisme vivant qui grandit: elle a donc ‘grandi’ par rapport au XIX siècle. Dans cette croissance est comprise aussi son auto conscience: la vision ecclésiale elle-même. Voilà donc que nous ne pouvons pas nous retrouver exactement” dans les schéma des années de 1800: autrement cela signifierait que tout est arrêté, que le christianisme n’est pas vivant mais mort, et que notre tâche ne serait pas historique mais archéologique…

Actualité et prophétie
Ainsi est-il évident que le paradigme ecclésiologique de Comboni, sa vision ecclésiale, était celle de Vatican I° et non celle de Vatican II; que sa culture, dans laquelle se déterminaient beaucoup d’aspects de la même vision ecclésiale, était celle de la région de Lombardie et de Vénétie du XIX siècle et non pas celle du XXIème. Mais alors, qu’est-ce que cela signifie cette observation, évidente, au plan de notre lecture? Quels sont donc les traits de continuité et d’actualité et de prophétie et quels sont ceux de la discontinuité, dans lesquels il y a eu un dépassement (c’est-à-dire une croissance)?

Plus les éléments culturels de Comboni se rapprochent de l’Evangile, plus il y a continuité: l’Eglise annonce l’Evangile du Christ comme une proposition de libération que Dieu adresse à tout le genre humain (ce qui n’était pas évident à ce moment-là, comme il ne l’est pas encore aujourd’hui, c’est que cela comporte l’unité du genre humain: il n’y a qu’un seul genre humain et tous les hommes et toutes les femmes sont fils et filles de Dieu, avec la même dignité personnelle). Si donc, à la moitié du XIX siècle, se formait, au cœur de l’Europe, une forme culturelle nouvelle qui était le racisme, Comboni était étranger et hostile par rapport à ces processus culturels. Le racisme comportait deux points essentiels, comme forme culturelle: 1. Il existe les races humaines (en général on les réduit à trois); 2. Il y a des races inférieures et des races supérieures. Comboni – qui croit à l’unicité du genre humain et dans le fait que l’Evangile doit, pour cela, être annoncé à tous – assume une attitude de démystification prophétique de cette forme culturelle raciste. Sur cela, donc, non seulement il y a continuité, mais il y a une actualité permanente de cet approche, vu que, de manière explicite ou plus souvent dissimulée demeurent encore aujourd’hui des visions racistes, qui peuvent entrer même dans la vision ecclésiale.

Discontinuité comme croissance
Des éléments culturels de discontinuité, par contre, sont ceux liés davantage à la spécificité de mentalité et de pensée de l’époque: une ignorance ‘géographique’, ethnographique, culturelle des Européens par rapport à beaucoup d’endroits de la planète et à de larges secteurs de l’humanité; une présence – pourtant – de fantaisies mythique et de lieux communs traditionnels (même religieux: par exemple la soi-disant ‘malédiction de Cam’) qui comblaient ces vides de connaissance qui aujourd’hui peuvent apparaître comme des ‘préjugées racistes’ (pré-jugés, oui, comme nous tous nous en avons; racistes non, parce qu’ils ne participaient pas – comme je l’ai déjà dit – des aspects spécifiques de cette forme culturelle-là).

Comprendre cette différence est essentiel sur le plan méthodologique, pour mettre dans un cadre la réflexion sur le “Plan” de Comboni, sur sa vision ecclésiale et sur son actualité prophétique.

Unité, utilité et simplicité
Si en effet nous partons d’une optique raciste, alors nous croyons que la civilisation européenne est supérieure et pour cela même qu’elle est destinée à dominer sur les autres: en les condamnant à un développement ‘séparé’ (apartheid) ou en en ‘civilisant’ d’en haut et de l’extérieur certains aspects, pour mieux les dominer et les exploiter, dans le but de développer davantage la civilisation considérée comme supérieure. Comboni dans son “Plan” assumait par contre un paradigme opposé: celui de l’unité du genre humain. Dans ce cadre, il est possible que certains peuples (historiquement ce sont les européens, mais il était possible que cela arrive à d’autres) arrivent avant, pour des causes historiques, à des conquêtes qu’on considère positives (par exemple l’écriture, l’alphabétisation, la médecine, la science et la technologie): il faut alors faire connaître à tous ces conquêtes, il faut les partager et les mettre à la disposition de tous pour ‘régénérer’ toute l’humanité, pour en améliorer l’existence réelle, et diminuer toutes les formes de souffrance, de pauvreté, d’injustice, dans le but, en un mot pour l’utilité commune. Mais cette ‘civilisation’ (c’est-à-dire le ‘partage de conquêtes de civilisation’) ne doit pas être imposée d’en haut et de l’extérieur: s’il en était ainsi, même avec les meilleures intentions, on introduirait une asymétrie et donc un possible déséquilibre et une domination. La civilisation/partage doit être proposée et réalisée à partir du bas et de l’intérieur, avec un protagonisme en première personne de ceux qui en reçoivent les bénéfices, sans astuces et sans des médiations compliquées, mais dans la simplicité: seulement ainsi elle sera ré-génératrice (c’est-à-dire implicitement émancipatrice). Les résultats alors seront toujours générants et générateurs, c’est-à-dire créateurs et innovateurs, autochtones et originels, non nécessairement semblables (c’est-à-dire assimilés) au modèle européen, mais non plus hostiles par rapport à celui-ci: parce qu’ils sont le fruit d’une rencontre fraternelle, où l’on cherche le bien de tous, et non d’une rencontre déséquilibrée (c’est-à-dire, en réalité, d’un choc de cultures) où l’on poursuit le bien seulement d’une partie (la plus forte).

Ainsi, les présupposés de la vision ecclésiale de Comboni dans son “Plan” peuvent être résumés dans ses paroles – symbole, encore très actuelles: unité, utilité, simplicité.

La manière d’approcher du Plan
Cette manière d’approcher du “Plan” est en effet d’autant plus actuelle aujourd’hui, dans un monde globalisé et interdépendant (beaucoup plus qu’au XIX siècle), parce qu’elle indique la seule voie possible pour un développement unitaire mais non uniforme du genre humain, dans un plan de non violence et de partage toujours respectueux de l’autre. Cet approche du “Plan” démystifie deux perspectives qui constituent, aujourd’hui, les deux risques les plus importants de déshumanisation: d’un côté des dynamiques de développement inégal, selon des logiques (comme celle du néolibéralisme) qui tendent à faire augmenter la disparité de la richesse, avec des fermetures communautaristes et xénophobes, avec le refus de l’égalité des droits et de la dignité personnelle; de l’autre l’occidentalisation culturelle féroce, avec une destruction massive de la culture locale, comme une homologation universelle, une ‘mcdonaldisation’ du monde.

Cet approche du “Plan”, qui apparaît en syntonie prophétique avec l’enseignement social de l’Eglise (que l’on pense aux indications actuelles du pape François), tout en ayant été formulé dans une période où l’expression même “enseignement social de l’Eglise” n’existait pas encore, était, pour Comboni, une conséquence d’une vision ecclésiale qui devait s’enraciner dans l’Evangile de la libération de Jésus de Nazareth. Il faut donc encore aujourd’hui comme toujours, le ramener à l’Evangile, pour mieux le comprendre et l’actualiser dans la fidélité au charisme: cela est un critère herméneutique essentiel dans la lecture actuelle du “Plan”.

Par conséquence, certains traits de la vision ecclésiologique du “Plan” (qui à l’époque n’étaient pas du tout ni majoritaires ni escomptés, même si on pouvait les lier à une tradition significative de Propaganda Fide) apparaissent prophétiques et encore aujourd’hui porteurs de renouvellement évangélique: l’Implantatio Ecclesiae comme fondation de véritables Eglises locales, avec un clergé indigène; la parité de genre, dans tous les domaines significatifs, spécialement ceux de la vie spirituelle et chrétienne; l’importance – ad intra et ad extra – du laïcat catholique.

Un discours vaste, fécond et riche de développements nouveaux possibles – mais je me limiterai ici seulement à quelques touches – est enfin celui de l’aspect pédagogique du “Plan” qui, avec originalité, mélange des éléments différents: la portée émancipatrice de l’instruction pour tous; l’éducation comme charité intellectuelle; la pédagogie des opprimés.

Vision ecclésiale harmoniquement unitaire
Justement cette organisation pédagogique ouvre à une vision ecclésiale harmoniquement unitaire – parce qu’elle est fondée sur la formation de la conscience – d’évangélisation et de promotion humaine: “La formation que devraient recevoir tous les individus, des deux sexes, appartenant aux Instituts entourant l’Afrique, serait basée sur un enracinement dans l’esprit du Christ, une intégrité des mœurs, la fermeté dans la Foi, les principes de la morale chrétienne, la connaissance du catéchisme catholique, et les rudiments du savoir humain de première nécessité” (E 826).
Prof. Fulvio De Giorgi
(Conseil de Direction de ‘Archivio Comboniano’)

 

Le Plan de Comboni et la ministérialité

ComboniEn faisant une lecture actualisée du Plan de Daniel Comboni, à partir des défis missionnaires d’aujourd’hui, nous découvrons deux intuitions prophétiques dont la valeur, au fur et à mesure que le temps passe, ne fait que grandir:

1. “La régénération de l’Afrique par l’Afrique elle-même” (Ecrits 2753).

Daniel Comboni est convaincu, à partir de son expérience et de celle d’autres grands apôtres, que l’unique route à suivre pour cette “régénération” est celle de faire participer le peuple africain en tant que protagoniste de son histoire et constructeur de sa libération.

2. “[Trouver] un écho d’approbation et un appui favorable dans les cœurs des catholiques du monde entier, qui sont investis et pénétrés par l’esprit de cette charité surhumaine qui embrasse l’immensité de l’univers et que le divin Sauveur est venu porter sur la terre” (E 2790).

Avec une audace encore plus grande, Daniel Comboni déclare que la réalisation de ce Plan pour la régénération de l’Afrique a besoin de la collaboration inconditionnelle de toutes les instances de l’Eglise et de la société civile, en dépassant toutes les frontières, les préjugés et les arguments.

Ces pages présentent une réflexion autour de ce dernier aspect, c’est-à-dire de l’urgence d’unir tous les “catholiques” en faveur d’une unique mission. Le terme “ministérialité” (ministerium = diakonía = service) nous aide à mieux traduire la pensée et la pratique de Daniel Comboni, même si nous sommes conscients du fait que, dans le Plan, il n’utilise jamais ce mot et qu’il s’agit d’une idée qui ne correspond ni au langage baroque ni à la théologie de son époque, celle du concile de Trente. “Ministérialité” indique, dans notre manière de penser, la responsabilité missionnaire que tous les baptisés, sans exception, ont de faire émerger le Règne d’amour et de justice (la fraternité universelle) instauré par la personne et par l’avènement de Jésus Christ au milieu de nous. Daniel Comboni ne proposait pas simplement une stratégie d’organisation, mais une manière d’être une Eglise mûre.

Nous allons directement au texte du Plan, pour nous rendre compte de la grandeur de sa vision (cf. la dernière édition qui porte la date ‘Vérone 1871’, E 2741-2791).

A) Quel est le fondement théologique que Daniel Comboni pose à la base de son Plan?

Il s’agit d’un fondement christologique et d’une réponse selon le style du martyr:

  • Le catholique considère l’Afrique “non point à travers le prisme des intérêts humains, mais suivant la pure clarté de sa Foi” et là il découvre “un nombre infini de frères appartenant à sa propre famille ayant un Père commun dans le ciel …”. Alors “transporté par un mouvement de cette charité allumée par une divine flamme sur le sommet du Golgotha, sortie du côté du Crucifié pour embrasser toute la famille humaine …” il sent redoubler les battements de son cœur “et il semble qu’une impulsion céleste le pousse vers ces régions hostiles pour y étreindre entre ces bras ces malheureux frères et donner à tous un baiser de paix et d’amour …” (S 2742).
  • C’est justement par la force de cette charité qui jaillit du côté du Christ que Daniel Comboni est disposé à “verser notre sang jusqu’à la dernière goutte” (S 2753) pour ses frères les plus pauvres et les plus abandonnés. Nous pouvons ainsi dire que la motivation qui anime toute la vie de Comboni est le reflet d’une foi solide en la rédemption que le mystère pascal du Christ nous a procurée et qui constitue le principe de toute action missionnaire. En d’autres mots, la “ministérialité” (le service missionnaire) que Daniel Comboni demande dans son Plan fait référence à Jésus Christ qui est le serviteur par excellence du Père, pour réaliser son Plan de salut; et à l’Eglise, qui est envoyée pour servir l’humanité pour continuer la mission de miséricorde de son Seigneur.

B) Quelle est la vision de l’Eglise de Daniel Comboni, pour demander un tel engagement à tous les catholiques, sans distinction?

Il s’agit d’un défi qui, aujourd’hui comme hier, se présente presque impossible, surtout si nous pensons au découragement et à la frustration qui se cachent chez beaucoup de responsables d’Eglise.

L’amour que Comboni sent pour la Nigrizia le conduit à demander concrètement:

  • l’aide et la coopération des Vicariats, des Préfectures et des diocèses, déjà établis autour de l’Afrique (E 2763);
  • la création d’instituts pour garçons et filles noirs, dans des localités stratégiques, autour de toute l’Afrique (E 2764-65);
  • que les Ordres religieux et les institutions catholiques masculines et féminines approuvées par la Congrégation de Propaganda Fide dirigent ces Instituts (E 2767);
  • la fondation en Europe de petits collèges pour les missions africaines, pour ouvrir la voie de l’apostolat en Afrique à tous les ecclésiastiques séculiers des nations catholiques, qui se sentaient appelés par Dieu à cette sublime mission (E 2769);
  • la possibilité d’établir des Instituts religieux féminins de l’Europe dans des Pays de l’intérieur de l’Afrique les moins dangereux, vu que la femme européenne a fait preuve d’une résistance plus grande que les missionnaires hommes, et cela à cause de sa capacité d’adaptation physique, de ses capacités morales et de ses habitudes domestiques et sociales (E 2780);
  • pour coordonner ce projet, qu’on établisse une société formée de personnes intelligentes, généreuses et très actives, en mesure de traiter avec toutes les Associations qui puissent assurer les moyens économiques et matériels (E 2785) et qui puissent convoquer toutes les forces du catholicisme en faveur de l’Afrique (E 2784-88).

L’objectif que Daniel Comboni veut rejoindre est celui de donner sa dignité au peuple africain tout entier:

  • non seulement aux populations de l’Afrique de l’intérieur, mais aussi à celles répandues sur les côtes et à toutes celles de la grande Ile… et à toute la race noire (E 2755-56);
  • les jeunes africains seront formés pour être des catéchistes, des enseignants, des ouvriers, des agriculteurs, des infirmiers, des médecins, des pharmaciens, des menuisiers, des tailleurs, des maçons, des cordonniers, habiles et vertueux, etc. (E 2773);
  • les jeunes filles africaines, de leur côté, recevront une formation pour devenir des institutrices, des maîtresses et des mères de famille; elles devront promouvoir l’instruction des femmes… (E 2774);
  • du groupe des catéchistes, on choisira les sujets les plus distingués par leur piété et leur savoir, qui paraîtront avoir une certaine disposition pour le sacerdoce, et on les destinera à l’exercice du saint ministère (E 2776);
  • parmi les jeunes filles africaines qui ne voudraient pas se marier, on choisira également la section des Vierges de la Charité, formée de jeunes filles les plus distinguées par leur piété et par l’instruction pratique qu’elles ont pu acquérir du catéchisme, des langues et des travaux qui conviennent aux femmes (E 2777);
    • dans le but de cultiver les sujets les plus perspicaces, pour les former à devenir des responsables valables et éclairés des Missions et des communautés chrétiennes de l’intérieur de l’Afrique, on pourra fonder de petites Universités théologiques et scientifiques, qu’on placerait sur les lieux les plus importants des côtes de l’Afrique (Alger, le Grand Caire, St. Denis dans l’Ile de la Réunion, et devant l’Océan Atlantique). Sur quelques autres points on pourrait fonder graduellement des écoles professionnelles pour le perfectionnement des ouvriers jugés les plus expérimentés (E 2782-83).

En faisant une synthèse, dans cette proposition de Daniel Comboni nous trouvons une vision ecclésiologique extrêmement ouverte et intégrale, qui valorise tous les ministères (depuis celui du Pape jusqu’à celui de l’humble catéchiste et de l’ouvrier) quand il s’agit de réaliser la mission en faveur des plus pauvres. Et cela non seulement pour une raison simplement philanthropique ou pour un sentiment romantique d’héroïsme, mais pour la raison solide qui jaillit de l’événement du baptême, qui nous révèle de manière existentielle l’amour de Dieu et qui nous rend frères dans la même vocation de sainteté et de capacité. Cette manière pratique de créer la ministérialité trouvera un écho seulement un siècle plus tard dans la théologie post conciliaire, avec le concile Vatican II.

Les aspects que nous venons d’indiquer méritent une étude plus complète; pour des raisons d’espace nous présentons, sous la forme d’un décalogue, une série d’enseignements que nous pouvons trouver dans le Plan de Comboni:

1) Daniel Comboni reconnaît l’importance du ministère du Pape, avec lequel il dialogue personnellement en plusieurs occasions, et de Propaganda Fide. C’est à eux qu’il adresse son Plan, en donnant une preuve de communion ecclésiale.

2) L’audace de ses “rêves” naît de sa confrontation avec la réalité de la souffrance et de l’oppression dans laquelle vivent ses frères et sœurs. Son Plan est le fruit de la solidarité, à l’intérieur d’une méthodologie missionnaire de l’incarnation.

3) Dans son attitude, on voit la capacité d’interaction avec n’importe quelle personne, avec maturité humaine et spirituelle. La ministérialité du Plan suppose des personnes intégrées et capables de relations authentiques.

4) Il y a une anthropologie qui va au-delà de son époque et qui regarde les personnes en reconnaissant leur dignité.

5) Du Plan émerge une manière d’être Eglise dans la communion et la participation, née de la consécration baptismale et de la vocation commune à la vie plénière en Dieu.

6) Le laïcat trouve son expression ministérielle la mieux accomplie. Non pas dans un ordre pyramidal, mais comme peuple de Dieu, dans la coresponsabilité.

7) La femme, en particulier, trouve son espace pour sa propre mise en valeur en tant que femme et dans sa consécration. En cela, Comboni est vraiment un pionnier.

8) Le travail d’évangélisation que le Plan laisse entrevoir est un travail intégral, aucune dimension humaine n’est exclue. Toutes les dimensions humaines font partie du projet de Dieu.

9) L’insertion stratégique proposée, afin que le travail soit possible sans d’autres tragédies, suppose une préoccupation admirable pour la planification et l’évaluation.

10) Tout cela est inscrit dans le mystère de la Croix, en sachant qu’il s’agit de consigner volontairement sa vie, mais surtout avec la confiance que les œuvres de Dieu naissent et grandissent aux pieds du Calvaire. Et que c’est l’Esprit saint, hier comme aujourd’hui, qui conduit la mission.

P. Rafael González Ponce mccj

Le Plan de Comboni

Le Plan de ComboniEn ces premiers jours de l’année 2014, nous avons commencé les célébrations du 150ème anniversaire du “Plan de saint Daniel Comboni pour la Régénération de l’Afrique”, avec une proposition de réflexion que le Conseil Général a envoyée à tous les confrères. D’autres initiatives sont encore en chantier et veulent nous aider à vivre cet événement comme une opportunité pour visiter à nouveau les plus importantes intuitions de saint Daniel Comboni et pour les faire nôtres.

À Rome et dans toutes les provinces et circonscriptions de notre Institut, il y aura des célébrations, des rencontres de réflexion et de travail et des moments d’animation missionnaire pour mieux connaître non seulement le texte du Plan, mais surtout l’esprit qui se trouve dans ces pages, écrites par saint Daniel Comboni d’un seul jet avec grande passion et enthousiasme missionnaire.

Les mêmes pages ont été postérieurement réécrites, au long du temps, cette fois-ci non avec le stylo ou l’encre, mais avec la vie de tant de missionnaires, hommes et femmes qui, avec grande générosité, ont accepté l’héritage de la mission telle que la voulait notre Père et Fondateur. C’est ainsi que le Plan n’est pas uniquement une chose du passé, mais la sève qui nous accompagne encore aujourd’hui.

La célébration de cet anniversaire sera aussi une opportunité pour mieux comprendre combien est actuel le projet missionnaire contenu dans le Plan et combien il est urgent de traduire dans notre langage et pour notre temps les intuitions découvertes dans un passé qui accomplit déjà 150 ans.

Il s’agira de faire mémoire d’un don reçu il y a bien longtemps pour découvrir l’actualité de l’esprit et des stratégies missionnaires qui sont encore valides dans notre temps et pour notre humanité qui a toujours besoin de trouver le Seigneur.

Dans le partage des initiatives pour la célébration de cet anniversaire, a surgi le désir de favoriser un chemin qui nous aide à surmonter la tentation de faire un simple exercice de mémoire d’un moment de notre histoire, pour chercher surtout ce qui nous permet de nous approprier de ce que l’Esprit Saint a fait comprendre à saint Daniel Comboni comme la route pour une mission nouvelle, capable de répondre aux urgences et aux défis de son temps.

Il nous est lancé le défi de trouver le moyen de rendre actuel le programme de vie qui est contenu dans le Plan et que le Seigneur a aujourd’hui pour nous et pour les frères et sœurs qui nous sont confiés dans notre service missionnaire.

Cette année nous avons l’extraordinaire occasion non seulement de découvrir à nouveau le Plan de saint Daniel Comboni, mais d’écrire notre Plan, le Plan que le Seigneur nous inspire aujourd’hui, dans la mesure dans laquelle nous comprendrons les urgences et les défis de la situation dramatique de notre temps et l’attention continuelle et fidèle de Dieu envers ses enfants.

Il y a peu de temps, lors du dernier Chapitre Générale, nous avions assumé le devoir de faire le chemin qui porte du Plan de saint Daniel Comboni à celui des Comboniens. L’année 2014 est peut-être le moment favorable pour se demander à quel point en sommes-nous, au niveau personnel, de Province et d’Institut.

Qu’est-ce que le Plan?

Il y a des manières différentes de s’approcher du Plan et je voudrais partager avec vous une seule et courte réflexion qui puisse nous aider à tenter l’élaboration de notre plan personnel ou, au moins, à commencer un simple brouillon.

Nous sommes tous conscients du fait que, quand nous avons en main le texte du Plan écrit par saint Daniel Comboni, nous sommes devant le résultat d’un travail qui a eu un long chemin et qui, à la fin, a été mis en peu de pages, peu adéquates pour exprimer la force, les sentiments, le courage, l’espérance, la confiance, les joies et les difficultés qui, même enfermés dans ces quelques lignes apparemment froides et sans un sens explicite, contiennent un esprit qui révèle la grandeur de tout ce qu’elles contiennent.

Le Plan n’est pas un texte, mais la vie cachée dans les paroles, les pensées, les intuitions, les rêves et les désirs qui ont été le moteur capable de mouvoir les mains de saint Daniel Comboni afin de nous laisser des traces de ce que l’Esprit Saint voulait révéler et donc qui va bien au-delà des idées et des stratégies qui deviendront la réponse au cri qui monte aux oreilles de Dieu pour susciter sa miséricorde.

Il me plaît de dire que le Plan est la médiation offerte par saint Daniel Comboni qui, envahi par l’Esprit, laisse que Dieu réalise son projet missionnaire; il est la porte qui s’ouvre pour permettre à Dieu d’entrer dans l’histoire de ses fils qui ont besoin de Lui, et de réaliser ainsi son rêve missionnaire.

Le Plan, avant de devenir un document écrit, était déjà un rêve et une passion, une force invincible dans le cœur de saint Daniel Comboni.

Le Plan est l’expression de l’amour – source de la mission – pour les plus pauvres et les plus abandonnés, amour qui devient réel et réalisable. Il est la réponse concrète à une réalité qui ne supporte plus d’être ignorée ni oubliée, parce que cette réalité est faite de personnes avec un nom et un prénom, elle est tissée de drames et d’urgences, de promesses et de dons qui n’ont pas permis de renvoyer à plus tard l’engagement de saint Daniel Comboni. Comme ils ne permettent aujourd’hui à aucun de nous de le renvoyer à un lendemain lointain qui peut-être n’arrivera jamais.

Vu à la lumière de saint Daniel Comboni, le Plan est la disponibilité totale à payer de sa propre personne et qui ne permet plus de retourner en arrière, même quand cela peut nous porter à revoir continuellement notre vie et la donner petit à petit, parce que faire cause commune avec les pauvres ne nous rapportera jamais ni des profits ni des avantages à mettre sur notre compte.

Le Plan est l’expression d’une passion missionnaire qui ne peut pas être limitée par des bornes ou diminuée ou découragée par des problèmes et des difficultés, parce qu’il s’agit de la force de Dieu qui se sert de la fragilité humaine pour manifester son grand pouvoir.

Dans les pages du Plan, nous nous trouvons devant le désir de Dieu et le rêve de saint Daniel Comboni qui se croisent et se confondent, devenant une seule passion, satisfaite seulement sur l’arbre de la Croix et par le cri: “Ou l’Afrique ou la mort”!

Il est l’expérience de la rencontre, de la communion profonde, d’une intimité si forte que les paroles peuvent voler et l’écrit peut disparaître, mais le don total de soi-même reste comme le témoin d’une alliance qui a la mission et les pauvres comme unique passion.

Dans les profondeurs du Plan se trouve le rêve de saint Daniel Comboni de voir une Afrique ouverte à Dieu et à son projet salvifique. Le rêve de voir les peuples africains reconnus et respectés dans leurs droits et leur dignité. Le souhait d’arriver à contempler un continent illuminé par la lumière de l’Évangile qui ne tolère ni la tromperie ni l’injustice, qui ne fait pas de la violence et de la mort un motif de fête.

Qu’est-ce qui nous est demandé aujourd’hui?

Le Plan de ComboniEn s’approchant de l’héritage du Plan, chacun de nous ne doit pas ignorer quelques demandes qui semblent nous sauter aux yeux quand nous voulons prendre au sérieux notre être missionnaires et comboniens. Peuvent-elles nous aider à imaginer un plan à nous? C’est bien plus qu’un pieux souhait.

Quelles sont nos passions? Qu’est-ce qui bouge dans notre cœur quand nous contemplons la réalité missionnaire de notre temps? Où se concentre notre enthousiasme et où dépensons-nous aujourd’hui nos énergies? Où se trouvent les désirs de Dieu pour notre humanité et notre disponibilité à vivre seulement pour la mission? Quand et comment est-ce que l’amour de Dieu pour les plus pauvres et abandonnés est l’énergie qui nous rend disponibles à tout pour le Règne? Où sont les rêves qui peuvent nous aider à inventer le Plan que Dieu attend de nous pour cette humanité, où la mission continue d’être encore le grand défi pour tous ceux qui se disent disciples du Christ et plus encore pour nous qui avons reçu le don de la vocation missionnaire?

Il serait vraiment beau si, à la fin de cette année de célébrations, nous arrivions à formuler un nouveau plan, même si assez modeste, pour la mission qui nous défie comme comboniens. Un plan qui montre combien le charisme de saint Daniel Comboni est encore actuel, vivant et fécond!

Un plan qui nous aide à grandir dans la confiance et la certitude que c’est le Seigneur qui continue à travailler avec nous et prépare déjà des temps nouveaux qui nous porteront à vivre encore la joie de la mission, malgré notre pauvreté et faiblesse!

Comment rêvons-nous la mission de notre temps et qu’est-ce que nous sommes disposés à faire pour collaborer avec le Seigneur dans la réalisation de son projet en faveur de ceux qu’il aime de tout son cœur? Certainement, le cri et la souffrance de tant de nos frères et sœurs dans tous les horizons de notre monde seront une aide précieuse pour essayer de donner notre réponse, si petite qu’elle soit.

Que saint Daniel Comboni nous accompagne dans ce rêve.
P. Enrique Sánchez G., mccj
Supérieur Général