Laïcs Missionnaries Comboniens

Lettre à la famille combonienne pour le jubilé de la miséricorde

Daniel Comboni«Ce Cœur adorable,… riche de toute grâce, n’a cessé depuis sa formation de battre du plus pur et du plus miséricordieux amour pour les hommes. Du berceau sacré de Bethléem il s’empresse d’annoncer, pour la première fois au monde, la paix; enfant en Egypte, solitaire à Nazareth, évangélisateur en Palestine, il partage son destin avec les pauvres, il invite à lui les enfants et réconforte les malheureux, il guérit les infirmes et rend la vie aux morts, il rappelle les dévoyés et pardonne aux repentis; mourant sur la Croix et plein de bonté et de patience, il prie pour ceux qui l’ont crucifié; il ressuscite glorieux et envoie les Apôtres prêcher le salut au monde entier» (E 3323).

Très chers Sœurs et Frères de la Famille Combonienne,

par cette lettre, fruit du moment de prière, de réflexion et de partage que nous avons vécu ensemble au terme de l’année de la Vie Consacrée et au début de l’Année du Jubilé de la Miséricorde, nous désirons offrir à tous les membres de la Familles Combonienne quelques-unes de nos réflexions, et surtout inviter chacune et chacun à vivre en profondeur les défis et les opportunités que cette Année jubilaire nous offre personnellement et comme famille. Dans ce but nous désirons vous proposer une journée commune de prière, en rappelant ce que disait Comboni: «la toute-puissance de la prière est notre force» (E 1969).

Miserando atque eligendo: aimés-pardonnés / appelés-pardonnés

Appelé(e)s, par la grâce de Dieu, à suivre le Christ sur les traces de saint Daniel Comboni – «il nous a choisi avant la création du monde pour être saints et immaculés devant lui dans la charité …» (Ep 1, 4) – nous avons, comme partie intégrante de notre ADN charismatique, l’appel à contempler le Cœur transpercé du Christ sur la Croix, l’expression la plus éloquente de la miséricorde infinie de Dieu pour l’humanité entière et à nous laisser transformer, afin que nous devenions nous aussi un embrassement d’amour et de miséricorde pour toutes et pour tous. Cela, «à la louange de la gloire de sa grâce qu’il nous a donnée dans son Fils bien-aimé, en qui nous avons la rédemption par son sang, la rémission des péchés selon la richesse de sa grâce» (Ep 1, 6-7).

Comme tous les disciples du Christ, nous sommes conscients que l’Evangile que nous voulons annoncer nous dépasse. Nous savons bien que la sequela de Jésus Christ, qui nous appelle à le témoigner par notre vie et par nos paroles, est exigeante et nous ne sommes pas toujours à la hauteur du message qu’il nous confie : il nous manque parfois la profondeur pour vivre selon notre appel.

Dans la prière personnelle, dans la vie sacramentelle, dans la direction spirituelle et dans la rencontre avec nos frères et sœurs, nous expérimentons la miséricorde de Dieu. Nous sommes reconnaissants et reconnaissantes envers l’Esprit saint qui œuvre dans notre cœur, en nous donnant l’esprit de repentance et de purification. Nous remercions Dieu pour le don de la joie d’être pardonné(e)s qui nous renouvelle et qui nous habilite à recommencer chaque jour.

Misericordes sicut Pater: à l’intérieur de nos communautés et de nos familles

Dieu nous aime et nous pardonne en nous faisant expérimenter ce mystère à travers la rencontre personnelle avec Lui et il exprime sa miséricorde à travers nos frères et nos sœurs. Dans nos communautés et dans nos familles nous sommes alors appelé(e)s à nous accueillir réciproquement, grâce au Saint Esprit qui nous unit autour du Jésus et qui nous rend toujours plus cénacles d’apôtres.

Dans la vie quotidienne, dans les moments de correction fraternelle et dans nos rencontres et nos réunions, nous découvrons combien nous vivons de la miséricorde réciproque. Nous nous aidons à grandir, à nous purifier et à nous réconcilier, quand tous nous nous engageons à vivre la bonne nouvelle de l’amour miséricordieux de Dieu.

Les frères, les sœurs, les familiers nous font comprendre qu’ils nous pardonnent quand ils ont de la patience et qu’ils cheminent avec nous ; ils nous font toucher l’amour quand ils nous font confiance, malgré nos limites. Quand la communauté et la famille vivent de la miséricorde, elles deviennent un espace de grâce, un lieu de guérison et de réconciliation dans lequel on construit la communion et la vie, sans nier les fatigues, les faiblesses et nos limites et celles des autres. Tous cela qualifie l’’expérience de miséricorde que nous vivons entre nous. «La miséricorde n’est pas contraire à la justice, mais elle illustre le comportement de Dieu envers le pécheur, lui offrant une nouvelle possibilité de se repentir, de se convertir et de croire» (MV 21).

Misericordes sicut Pater: dans la communauté apostolique

Dieu notre Père nous a appelé(e)s à servir et à travailler ensemble, comme une communauté apostolique: dans ce lieu de collaboration, nous sommes défié(e)s à grandir dans notre chemin de sortie de nous-mêmes et de configuration au Christ, le serviteur obéissant. Appelé(e)s à vivre le commandement nouveau de l’amour, «que vous vous aimiez les uns les autres ; comme je vous ai aimés, de même aimez-vous les uns les autres» (Jn 13, 34-35), le Seigneur nous donne toutes les grâces nécessaires pour partager sa miséricorde et nous rend capables de nous pardonner.

Le don de la miséricorde nous rend capables de sortir de nous-mêmes, de vivre des gestes de tendresse et d’être charitables entre nous: d’accomplir ainsi les œuvres de la charité spirituelle et corporelle au milieu de nous.

Il est souvent difficile pour nous de «vivre de miséricorde», d’assumer les sentiments du cœur de Jésus. Parfois nous arrivons à être charitables avec ceux qui sont au-dehors de nos communautés, de nos familles, en oubliant ceux avec qui nous vivons et avec qui nous travaillons tous les jours, comme communautés d’évangélisation. Dieu, qui nous veut miséricordieux, désire que nous pratiquions la miséricorde avant tout entre nous et avec ceux qui nous sont les plus proches.

Misericordes sicut Pater: avec le peuple de Dieu

Notre service nous invite à nous confier au peuple de Dieu qui nous accueille en Son nom. L’expérience nous enseigne que si nous sommes humbles et ouvert(e)s, nos frères et sœurs auront miséricorde envers nous. Des attitudes d’arrogance ou de supériorité de notre part évoqueront un autre type de réponse. L’appel à vivre la miséricorde, comme l’a vécue Comboni, nous oblige à un chemin de conversion et de guérison, pour pouvoir vivre nos relations avec simplicité, humilité et humanité.

Misericordes sicut Pater: envers nos institutions

Tout au long du chemin de notre appartenance à nos instituts / groupes / famille combonienne, nos sentiments d’amour, d’un orgueil sain et de gratitude devraient grandir au fur et à mesure que les années passent. Mais parfois nous voyons aussi des sentiments d’amertume, de critique destructive, le ‘terrorisme des bavardages’, selon les mots du pape François. On pourrait dire que cela fait partie de notre condition humaine marquée par le péché, encore sur un chemin de transformation. Nos faiblesses ne devraient pas nous étonner ou être une raison de scandale. Elles ne devraient pas faire manquer notre sens d’appartenance et la joie d’être comboniennes et comboniens, ou faire diminuer le désir et l’engagement à vivre de manière digne l’appel à être saints et capables, sur les traces de saint Daniel Comboni. En cette année de la miséricorde, laissons-nous réconcilier avec nos malaises et nos blessures et revêtons-nous vraiment «… de sentiments de miséricorde, de bonté, d’humilité, de mansuétude, de patience…» (Col 3, 12) et ainsi raviver notre amour envers notre grande Famille Combonienne.

Misericordes sicut Pater: instruments de la miséricorde

L’expérience de la miséricorde nous remplit de joie et du désir de proclamer que sa miséricorde et son amour sont depuis toujours et pour toujours (Ps 25.6).

A l’exemple de saint Daniel Comboni, l’expérience de la miséricorde divine fait dilater notre cœur et étendre nos bras vers l’humanité souffrante afin que «... nous puissions nous aussi consoler ceux qui se trouvent dans n’importe quel genre d’affliction avec la consolation par laquelle nous sommes nous-mêmes consolés par Dieu» (2 Cor 1, 4). A travers notre témoignage, notre service et notre présence au milieu du peuple de Dieu, à travers notre être mission, nous sommes appelé(e)s à participer à l’œuvre de salut du Dieu de la miséricorde révélé en Jésus.

Et donc … Célébrons la miséricorde

En cette Année Jubilaire, par l’intercession de Marie, Mère de la Miséricorde, demandons à Dieu notre Père le don de nous reconnaître des personnes qui ont besoins de sa miséricorde et qui désirent être réconciliées: avec nous-mêmes, avec nos frères et sœurs dans la communauté, avec nos familiers, avec nos collaborateurs et nos collaboratrices, avec les Peuples que nous servons, avec nos Instituts et nos groupes comboniens.

Nous invitons donc tous les membres de la Famille Combonienne, SMC, ISMC, MCCJ, LMC et les autres Groupes et Mouvements qui s’inspirent du charisme combonien, à célébrer le 17 mars prochain, le 20ème anniversaire de la béatification de saint Daniel, avec une journée de prière et de contemplation de la miséricorde de Dieu en Comboni. C’est une invitation, en tant que ses fils et filles, à nous laisser transformer par la Miséricorde du Cœur de Jésus et à raviver notre compassion et l’engagement à annoncer, par les paroles et les actions, le Dieu-Miséricorde aux frères et sœurs les plus abandonnés et souffrants.

Nous vous saluons avec une grande affection,

Les Conseils Généraux et le Coordonnateur du Comité Centrale LMC

SMC – Sœurs Missionnaires Comboniennes

ISMC – Institut Séculier Missionnaires Comboniennes

MCCJ – Missionnaires Comboniens du Cœur de Jésus

LMC – Laïcs Missionnaires Comboniens

 Rome, le 28 février 2016

La promotion vocationnelle au Ghana

CLM Ghana

Pour la première fois, nous avons célébré comme un groupe laïc, la Solennité de notre fondateur. Nous avons profité de la circonstance pour parler du fondateur, de nous-mêmes et du processus de formation à Abor.

Tout a commencé le mercredi 7 octobre. Monsieur Adze Daniel, un ancien postulant combonien, a présenté la vie de Daniel Comboni. Il parla de sa naissance, de ses parents, de sa vocation et de sa mission. La présentation était tellement séduisante que les travailleurs, les jeunes et enfants présents furent pris d’admiration pour le zèle et la détermination de Comboni.

Au second jour, le 8, le Rev. P. Joseph Rabbiosi, mccj, presenta la Famille Combonienne. Il parla des Prêtres et Frères Comboniens, les Sœurs Comboniennes, les Séculières Comboniennes et les Laïcs Missionnaires Comboniens. Il a accentué sur l’histoire de la branche masculine, les mccj, comment elle a commencé, quand et comment les mccj sont arrivés dans la Province du Togo-Ghana-Bénin et ce qu’ils y font.

Au troisième jour, le 9, Mr Justin Nougnui a parlé du processus de formation d’une part pour les prêtres comboniens et de l’autre part des lmc. Il a insisté sur le besoin d’avoir un directeur spirituel, la disposition à vivre en communauté, la disposition à témoigner de la Bonne Nouvelle aux pauvres et abandonnés pour les deux branches ; la performance académique nécessaire pour le parcours sacerdotal et la profession requise pour les lmc. Le lmc peut être marrié ou célibataire et nous ne faisons pas de vœux officiels. A une question, il a répondu clairement que certaines des activités constituent un obstacle pour se donner totalement pour la proclamation de la Bonne Nouvelle et remplir les exigences du lmc. Néanmoins, ceux qui exercent ces genres de travaux peuvent être amis aux lmc et les soutenir financièrement pour qu’ils atteignent leurs objectifs.

Le 10 octobre fut un programme diocésain pour l’ordination de prêtres. Donc, la messe du 10 octobre fut célébrée le dimanche11 pour remercier le Seigneur du don d’un si zélé individu au nom de Daniel Comboni qui n’a épargné aucun effort pour travailler à la régénération de l’Afrique. Durant la messe, nous avons prié pour la Famille Combonienne spécialement pour les aspirants lmc de la province afin que le Seigneur les fortifie et leur donne les moyens nécessaires pour réaliser leurs activités.

Justin Nougnui, coordinateur.

Les aspirants LMC au Ghana réfléchissent sur la foi de Comboni

Ghana

Comme décidé à notre dernière rencontre à Abor, ce 13 juin, nous nous sommes rencontrés à Dadome, une station secondaire de Mafi-Kumase. Cette fois ci, le thème de la réflexion fut La « Foi de Comboni ».

Comboni, dit-on, est un homme de multi-foi-s. Il a la foi en Dieu, en sa vocation, en l’Eglise, en son Institution. Mais, au sommet de tout fut sa foi en Dieu de laquelle découlent les autres. Il avait de doute au début pour quitter ses parents. Mais, quand confirmé par son directeur spirituel sur la véracité et la clarté de sa vocation, il avança tout droit. Dans son zèle d’évangéliser l’Afrique, il alla chez le pape Pie IX et même rectifia une fausse conception sur les Africains. Sa foi en l’Eglise le poussa à dire “Tout ce qui déplaît à l’Eglise me déplaît” Il alla plus loin en disant :”J’ai vendu ma volonté….Je suis totalement obéissant à l’Eglise.” Bien qu’il fût très engagé dans la mission en Afrique, il était prêt à la quitter si l’Eglise le lui ordonnait. Comboni se ressourçait en prière. Il disait: ”Sans la prière, nous mourons.” Ses moments de prière furent aussi pour la mortification. Il a une compréhension pragmatique de la foi car il pensait que « la foi est un antidote contre l’esclavage ».

Après cette réflexion, nous continuâmes avec certains points. Le premier fut notre présence dans le Conseil des Directeurs (Board of Trustees) de l’Institution Dans la Maison de Mon Père, une institution combonienne témoignant de la Bonne Nouvelle aux pauvres et aux vulnérables. Le second point fut la création d’un Centre Professionnel dans la même Institution. Nous avons renvoyé toute prise de décision en la matière sur la prochaine rencontre qui se tiendra le 11 juillet à Abor.

Justin Nougnui, coordinateur.

Message du P. Enrique pour la fête du Sacré Cœur

Sagrado Corazon

«Demandons la grâce de devenir des consacrés joyeux et heureux parce que porteurs dans le cœur du trésor de cet amour qui jaillit du Cœur transpercé du Seigneur, que saint Daniel Comboni a découvert comme le fondement sur lequel construire sa mission et auquel il se confia sans mettre de limites. Que la confiance dans le Cœur de Jésus devienne pour nous aussi la source perpétuelle d’un amour qui nous aide à vivre notre consécration comme le don le plus beau qui nous a été fait. Bonne fête du Sacré Cœur.» P. Enrique Sánchez G. mccj, Supérieur Général.

 

Consacrés dans le Cœur de Jésus

Les paroles ‘consécration’ et ‘consacrés’, avec tous leurs synonymes, ont la possibilité d’être approfondies et intégrées dans notre vie, d’une manière particulière au cours de cette année destinée à la vie religieuse ou consacrée, dans la mesure où nous prenons un moment pour la réflexion et peut-être encore davantage pour rendre grâce pour ce don.

En même temps, ces paroles risquent de se vider de leur signification et de la richesse dont elles sont porteuses, si nous ne les confrontons pas avec l’expérience de notre vie, si nous ne donnons pas, par notre vie, un sens authentique à ce que nous affirmons par nos mots.

Nous sommes des consacrés. Il suffit de peu pour faire cette affirmation, mais elle n’est plus si évidente quand nous demandons à notre témoignage de vie d’exprimer le contenu de ce qui a été le choix de notre vie.

Il faut dire tout de suite qu’il y a, tout près de nous, des exemples extraordinaires de personnes qui ont fait de la consécration un trésor et dont la vie s’est transformée dans une lumière capable de transpercer les ténèbres les plus sombres; mais aujourd’hui nous avons besoin de nous arrêter et de nous demander comment et combien notre consécration à Dieu définit-elle notre identité et notre action.

Réfléchir sur notre consécration peut devenir une occasion extraordinaire pour nous approprier encore mieux de ce que nous voulons dire quand nous nous reconnaissons comme des personnes consacrées à Dieu pour la mission.

 

Notre consécration missionnaire

Pour nous aider dans notre réflexion, en particulier à l’occasion de la fête du Cœur de Jésus, j’aimerais partager avec vous quelques pensées qui puissent être des provocations pour nous demander combien et comment sommes-nous en train de vivre notre consécration religieuse et missionnaire.

Le pape François nous a invités à faire un exercice de mémoire, pour reconnaître dans le passé le don de notre appel, de notre charisme, en laissant jaillir de la profondeur de notre cœur la gratitude, l’action de grâce pour ce don. Il nous a recommandé de contempler le présent de notre consécration pour la vivre avec passion, sans calculs, avec l’enthousiasme et la générosité de la première minute, quand dans le silence complice de Dieu nous avons entendu prononcer notre nom et nous avons rêvé d’une mission sans frontières.

Le Pape nous a demandé de regarder le futur avec espérance, ce qui veut dire confiance en Dieu, dans sa proximité, dans la certitude qu’il continue à garder dans son cœur un projet pour l’humanité que personne ne pourra arrêter, parce qu’il est toujours un projet d’amour et l’amour ne s’arrête pas devant les obstacles.

Vivre notre consécration missionnaire de cette manière nous aide à redécouvrir, à faire de nouveau l’expérience de la joie des premiers moments de notre vocation, et à dire avec simplicité: Seigneur, que tu as été grand quand tu as fixé ton regard sur moi! Tu ne pouvais pas nous faire un don plus extraordinaire que celui-ci. Etre missionnaire, c’est le choix le meilleur que tu as pu faire pour moi; merci parce que tu es resté fidèle et parce que ce qui s’est passé il y a beaucoup d’années garde toute sa fraîcheur. Merci pour ce présent missionnaire qui nous défie. Ton appel parfois risque d’être caché par tant d’obstacles que nous trouvons sur notre chemin. Il nous manque ta passion, ton ardeur, ton courage pour ne pas être vaincus par l’indifférence de notre temps, par le consumérisme qui nous entoure, par l’hédonisme superficiel qui nous attaque avec ses pièges qui font grandir l’égoïsme et la superficialité.

Nous avons besoin de passion missionnaire, avant tout pour croire de tout notre cœur, pour te découvrir présent dans notre frère qui souffre, dans notre sœur qui est maltraitée, dans le jeune qui est condamné à vivre sans la possibilité de rêver un avenir digne, pour sortir de nos sécurités et de nos commodités.

Seigneur, il est bon pour nous de reconnaître avec humilité et simplicité qu’il nous manque la passion qui ne craint pas le sacrifice, la renonciation, l’abandon; la passion qui permet de tout quitter pour faire de toi et de ta mission la totalité de notre vie.

Tu nous as donné une vocation qui fait de nous des privilégiés, parce que tu as choisi pour nous, comme lieu de la rencontre avec toi, les plus pauvres, ceux qui sont loin et qui ne comptent pas aux yeux de nos contemporains.”

“L’espérance dont nous parlons – dit le Pape – ne se fonde pas sur les chiffres ou sur les œuvres, mais sur Celui en qui nous nous avons mis notre confiance” (2 Tm 1,12).

Et nous voulons vivre dans l’espérance, nous ne pouvons pas ne pas le faire, quand nous avons été témoins de ta fidélité, de ta confiance, de ton attention envers nous. Le demain ne nous fait pas peur parce que nous savons que tu nous as précédé et que tu as préparé un jour qui sera complètement différent de celui que nous aurions voulu construire avec nos forces seulement et avec nos ressources.

Nous n’avons pas peur de diminuer, de mourir, parce que nous sommes convaincus que là où tu es présent, la vie ne peut que gagner et que ce sera toujours toi à écrire l’histoire belle de la mission qui deviendra aussi la nôtre”.

 

Une consécration dans les petits et les grands détails

Quand on parle de consécration, il me plaît de dire que nous nous référons à une expérience, à une vie que nous vivons dans les petits et les grands détails de notre existence, dans le quotidien de notre action et dans la réalisation d’un rêve que nous portons dans notre cœur comme un idéal qui nous pousse à aller toujours plus loin.

Il me semble beau de dire qu’être consacrés ce n’est rien d’autre qu’accepter avec joie que notre vie est dans les mains de Celui qui nous a fait vivre. C’est accepter que nous sommes propriété du Seigneur, que nous sommes un don de Dieu pour l’humanité ou nous sommes en train de le devenir.

Combien de fois avons-nous entendu dire que le et la consacré/e sont des personnes qui librement ont accepté de renoncer à tout pour permettre à Dieu de réaliser son rêve d’amour pour l’humanité.

Il est beau de penser ainsi, parce que cela nous aide à comprendre que la consécration n’est pas une œuvre qui naît de notre volonté ou de nos capacités, mais qu’elle est une expérience d’une grande liberté, de générosité et surtout d’une profonde docilité.

 

Se consacrer à Dieu, qu’est-ce que cela veut dire?

Se consacrer à Dieu veut dire éduquer notre cœur à vivre toujours ouvert et disponible à ce que Dieu voudra faire de nous. Dans ce sens, consécration est synonyme d’abandon, d’obéissance et de courage, parce que avec le Seigneur on sait où commence l’aventure, mais on ne sait pas jusqu’où il nous conduira.

Parler de consécration signifie entrer dans un monde où nos paramètres ne marchent plus, car il s’agit d’entrer dans le monde du mystère de Dieu, qui brise toutes nos logiques et nos calculs, qui renverse tout, en devenant Lui le protagoniste de notre histoire et le maître de notre existence.

Beaucoup de phrases de l’Evangile nous viennent à l’esprit: “Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais c’est moi qui vous ai choisis” (Jn 15,16); “Celui-ci est mon fils bien-aimé en qui j’ai mis ma complaisance” (Mt 3,17).

Quelle force résonne-t-elle dans le message de Paul, quand il rappelle de quelle manière il a été choisi et comment dans son ministère il a pu constater que “tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu, qui ont été appelés selon son dessein” (Rm 8,28).

Alors la question qui naît spontanée est très simple: qui est, au fond, celui qui se consacre?

Combien de fois dans notre vie devrons-nous reconnaître que nous sommes allés de l’avant parce que le Seigneur n’a pas fait marche arrière? Combien de fois nous apercevrons-nous que ce ne sont pas nos qualités, nos mérites ou nos vertus qui nous ont rendus dignes du choix que le Seigneur a fait avec nous?

Nous avons la grande responsabilité de garder et de faire grandir la grâce reçue le jour où nous avons répondu oui au Seigneur. Est-ce que nous nous rappellerons toujours que Dieu appelle et qu’il ne change pas d’avis au fur et à mesure que le temps passe? A quelle fidélité sommes-nous défiés?

 

Le témoignage de saint Daniel Comboni

“Ayant extrêmement besoin de l’aide du Sacré-Cœur de Jésus, souverain de l’Afrique Centrale, qui est lui-même la joie, l’espérance, le bonheur, et le tout de ses pauvres Missionnaires, je m’adresse à vous, ami, apôtre et fidèle serviteur de ce Cœur divin, si plein de charité pour les âmes les plus malheureuses et les plus délaissées de la terre.

Oh! Que je suis content de venir passer une demi-heure avec vous pour recommander et confier au Sacré-Cœur les intérêts les plus précieux de ma laborieuse et difficile Mission à laquelle j’ai consacré toute mon âme, mon corps, mon sang et ma vie!” (Ecrits 5255-56).

La consécration du combonien, pour être vraie et source de bonheur, cherchera toujours de répondre à cette conviction claire de Comboni; elle devra donc être une consécration qui jaillit du Cœur de Jésus. Le Cœur de Dieu qui a aimé tellement l’humanité et qui n’a pas douté de lui livrer son fils, son unique, par amour.

De cet amour naît et trouve son soutien notre consécration. C’est et ce sera toujours de ce Cœur ouvert que nous pourrons recevoir la lumière et la force pour vivre seulement pour Dieu et pour son œuvre. C’est du Cœur de Jésus que nous devrons apprendre comment on devient des hommes de Dieu, qui trouvent leur joie dans le service de la mission vécu avec un cœur sans partage.

Ce sera toujours le Cœur de Jésus qui nous aidera à regarder vers l’avenir sans tomber dans le découragement, dans la tristesse ou la déception, parce que du Cœur de Dieu naissent toujours des choses nouvelles pour le bien de ceux qui s’ouvrent à l’amour.

Comme Comboni, nous aussi nous devrons apprendre à ne pas avoir peur face aux difficultés de la mission que nous sommes appelés à vivre. Il s’agit toujours d’une œuvre laborieuse et difficile, mais nous ne devons pas oublier qu’il s’agit de la mission de Dieu et non pas de la nôtre. C’est la mission du Seigneur, dans laquelle nous sommes appelés à devenir de simples collaborateurs, des médiations de son amour.

Comme notre saint Fondateur, nous aussi nous sommes invités et appelés à vivre jusqu’au bout le don de la vocation missionnaire en acceptant de consacrer toute notre âme, en devenant des hommes avec une foi profonde, en acceptant dans la joie de donner notre témoignage à travers notre pauvreté, notre chasteté et notre obéissance, et en cherchant de créer toujours des milieux de fraternité profonde.

Pour nous aussi, le grand défi de notre consécration sera la disponibilité à vivre en sacrifiant tout pour les autres, pour ceux que nous rencontrerons dans la mission. Cela veut dire aussi l’acceptation du martyre, qui nous demandera de féconder le cœur de nos frères par notre vie livrée dans le quotidien de notre existence, dans le service humble et caché, dans l’acceptation joyeuse de la renonciation à nous-mêmes pour permettre à Dieu de manifester son amour.

Seulement formés à cette école qui est le Cœur de Jésus nous serons capables de vivre, en toute liberté, le choix pour les plus pauvres et de donner un visage à l’amour de Dieu, à travers la construction d’un monde plus juste, plus solidaire, plus respectueux et capable de générer le bonheur que tous nous portons dans notre cœur comme le vrai et unique désir de notre vie.

Demandons la grâce de devenir des consacrés joyeux et heureux parce que porteurs dans le cœur du trésor de cet amour qui jaillit du Cœur transpercé du Seigneur, que saint Daniel Comboni a découvert comme le fondement sur lequel construire sa mission et auquel il se confia sans mettre de limites.

Que la confiance dans le Cœur de Jésus devienne pour nous aussi la source perpétuelle d’un amour qui nous aide à vivre notre consécration comme le don le plus beau qui nous a été fait.

Bonne fête du Sacré Cœur.
P. Enrique Sánchez G. mccj
Supérieur Général

Convention à l’ occasion du 150eme du « Plan de régénération pour l’Afrique »

congreso RomaAFRIQUE, continent en marche

Chers amis, participant à la convention des 13-14-15 mars “Afrique en marche” organisée à l’occasion du 150ème du “Plan pour la régénération de l’Afrique de notre fondateur S. Daniele Comboni, je vous offre comme réflexion le résumé final de Fulvio de Giorgi qui saisit la substance du travail de ces trois jours vécus intensément et joyeusement dans l’échange et la rencontre de toute la famille “Comboni”.

La convention s’est terminée avec la célébration eucharistique célébrée par S.E. Cardinal Fernando Filoni.

Nous remercions la mère générale Luzia Premoli qui a débuté le travail en nous donnant la bienvenue et en nous exposant le programme de ces jours. Nous remercions également le père général Enrique Sanchez Gonzalez qui a clos les travaux avec une invitation à développer dans notre vie et dans notre mission les réflexions qui ont émergé de la convention. Nous avons fait ensemble un chemin comme une opportunité pour respirer un air nouveau, frais, un air qui, nous le reconnaissons est en phase de changer l’humanité et ceci, nous ne pouvons le nier. Maintenant, partant de cette nouvelle sensibilité, dit père Enrique, le rêve de Comboni se révèle beau, actuel et un grand défi.

Rappelons que l’Afrique n’a pas besoin de bienfaiteurs car elle suffit à elle même et est toujours plus consciente de soi; nos missionnaires s’en rendent compte sur le terrain.

Ce n’est pas accidentèlement que nos institutions se revigorent à travers tant de frères qui arrivent de l’Afrique et ceci démontre combien est véridique de “Plan de Comboni”.

congreso RomaL’Afrique doit devenir protagoniste de son histoire.

Le don reçu de Comboni n’est pas seulement pour lui mais pour tous ceux qui, après lui, vivent la force de l’Esprit que lui détenait.

Pourquoi l’Afrique possède-t-elle quelque chose que personne d’autre n’a? Elle a une vie personnelle et un don particulier, précieux pour toute l’humanité. Cela ne peut s’expliquer, cela doit être vécu, c’est une expérience d’amour.

De ce fait, je souhaite à tous de continuer ce chemin, de continuer cette expérience d’amour avec une nouvelle fraicheur pour une nouvelle jeunesse africaine.

Je vous laisse donc ce beau résumé sur les thèmes de la Convention organisée par Fulvio De Giorgi et que j’ai emportée à la maison pour la partager avec vous.

Salutations et bonne mission à tous.

Rosanna Braglia, LMC Italia

 

congreso RomaEn voyant tout ceci, si Daniele Comboni était là, il aurait le coeur plein de consolation et de joie en voyant l’Afrique grandie de la sorte. Voir les fils et les filles de ses instituts impliqués dans ce grand projet.

Voir son rêve, d’une part réalisé avec tant de fruits, aussi et surtout dans la laicité des femmes; et d’autre part trace pour les intuitions à suivre encore dans le futur.

Ceci est le fruit principal de notre Convention qui continue à nous appeler à un tournant. Il est fondamental de le dire, comme beaucoup de monde l’a déjà souligné: nous ne devons plus jamais avoir “un regard négatif, catastrophique et triste sur l’Afrique”.

Le pape François nous rappelle que “Seul peut être missionnaire celui qui cherche le bonheur dans son prochain”.

En partant de la pensée de Comboni qui disait: “C’est le Sacré Coeur de Jésus qui m’aide à surmonter toutes les énormes difficultés afin de réaliser mon “Plan de régénération de l’Afrique avec tous les éléments qui caractérisent la culture et l’esprit de l’Afrique elle-même!”.

Les mots clés sont : “Plan” et “Coeur”

Premier mot “Plan”. Qu’est-ce qu’un plan ? C’est un projet qui met à l’épreuve les capacités critiques de chacun et qui emploit les volontés soutenuent par une grande espérance.

Tous sont appelés, de tous continents, à décoloniser notre espérance, nos projets, nos plans, nos regards; en les confiant à un espoir plus grand que nous et qui nous soutient dans les fatigues.

La décolonisation du regard rend limpide notre oeil et nous fait voir une Afrique qui continue à grandir et à laquelle l’Europe peut-être partenaire des facteurs positifs.

Une nouvelle Renaissance africaine est en place.

L’Europe est appelée à coopérer en cheminant amicalement ensemble.

L’Afrique des africains nous a dit vouloir vivre pleinement sa vie, aux côtés de tous les peuples.

Donc, en décolonisant le regard et en surmontant les stéréotypes, la diaspora et l’émigration transcontinentales dans toutes les directions sont une ressource, malgré qu’elles soient causées par des déséquilibres internes au pays dérivants de grandes souffrances.

Cependant, il est important de ne pas les fixer pour toujours dans un horizon négatif de mort, mais de les libérer et de les régénérer comme une occasion, une chance pour un monde multiple et plus beau.

Voilà “plus beau”: les galeries photographiques exposées ici, les sculptures, les films, la musique offerte à l’occasion de cette Convention, nous font constater l’ensemble d’une grande beauté et créativité esthétique qui nous vient du septième art: la cinématographie.

Et comme cela, notre espérance voit mieux la trame positive qui se reconstruit dans un projet et dans un plan qui grandit autour de nous.

“Plan” appelle encore le lissage, c’est-à-dire combler les vallées et abaisser les montagnes, mettre tout sur le même niveau.

Et là, le discours rappelle l’Evangile de Mathieu, celui du Sermon sur la montagne de Jésus; alors que Luc raconte le discours du plateau, et dit aussi “Malheur à vous, les riches….”.

Si nous sommes sur le même plan, nous nous regardons directement dans les yeux, ainsi les injustices, les différences deviennent intolérables. “ Renverser les potentats de leurs trônes et élevé les humbles”, c’est la dynamique du Magnificat.

Nous comprenons ainsi ce qu’a dit Samia Nkrumah (ministre de son pays) qu’il est juste que les africains puissent contrôler leur économie au bénéfice des africains mêmes et qu’ils retrouvent ainsi la voie du panafricanisme.

Aplanir signifie combler les vallées ou les abîmes de la corruption des listes des gouvernements; reconnaître que le chemin de la démocratie africaine doit être autonome, nouveau et différent des formes européennes. Il est certain que cela sera un chemin présentant lumière et ombres, parmi des gouvernements corrompus et dictateurs. De même la faillite des leaderships africaine ne doit pas ralentir la prise de conscience des citoyens, pour améliorer les dirigeants politiques afin qu’ils soient désinterressés pour former des agents de “transformation sociale”, ainsi que le disait Efrem Tresoldi (Nigrizia) en citant Pierli.

Aplanir signifie abattre les montagnes des hostilités et des haines, des guerres internes et montagnes d’armement ainsi que nous la montré Maurizio Simoncelli (Archivio Disarmo); en cherchant toujours la voie aplanie de la paix et de la stabilité comme l’a observé Alfredo Mantica (interventions de l’Italie en Afrique).

Et alors, les Afriques au pluriel, vers lesquelles continue notre chemin sont l’Afrique de la justice, l’Afrique de la paix, l’Afrique de la sauvegarde de la création, l’Afrique des droits.

Mais “plan” signifie aussi qu’il faut mieux “aller lentement”. Celui que connait les lettres qu’écrivait Comboni à ses missionnaires sait qu’il disait: “oui, nombreux sont les missionnaires qui sont pressés, mais vous, allez lentement”.

Eloge de la “lenteur”, si cela veut dire “persévérence patiente, écoute et discernement, marcher ensemble sans laisser personne en arrière”.

Cela signifie donc un plan écclésiologique inclusif et participatif avec un profil féminin comme l’a dit soeur

Luzia Premoli (générale combonienne) et soeur Elisa Kidanè (ComboniFem), qui se réalise dans les communautés de base, ainsi que nous l’a dit le Cardinal Peter Turkson.

A plusieurs réprises, il a été noté l’importance des connaissances historiques afin de dépasser les blessures des vieilles discriminations et des guerres civiles plus ou moins récentes.

Tous les pays et les continents les ont vécues, mais nous devons tous nous dire que pour aller de l’avant, il faut se parler et chercher ensemble une purification de la mémoire et une histoire, si non commune, au moins inclusive des divers points de vue.

Il faut de la patience, de la recherche et non des simplifications hâtives et sommaires.

Patience = aller lentement. Nous aussi, église qui réconcilie et vit comme famille de Dieu, avons le devoir de nous interroger sur l’actualisation des projets du salut de Dieu sur notre vie d’aujourd’hui et sur les responsabilités auxquelles nous sommes appelés.

Le deuxième mot est “coeur”. Le coeur du Christ. Le coeur a deux mouvements fondamentaux, de systole et de diastole.

Dans le coeur de Christ, ces deux mouvements sont l’incarnationisme et l’eschatologisme.

D’un côté l’incarnation. L’Evangile entre et se fait chair dans toutes les cultures d’aujourd’hui pour les faire fleurir à la libération et au salut.

Un Evangile qui pénètre la culture intellectuelle s’incarne aujourd’hui dans la complexité culturelle, dans le pluralisme des identités en évolution, dans les frontières intellectuelles et existentielles, dans les cultures rejetées, dans les métissages culturels croissants. Aujourd’hui l’Evangile a un visage métis.

Cette incarnation sait alors découvrir, accueillir et valoriser, comme l’a dit le théologue Martin N’Kafu, tous les signes du temps, partout où ils sont.

Seulement comme cela on aura une théologie africaine, non parce que réélaborée en Afrique, mais parce qu’elle sait accueillir et faire fleurir toutes les semences du Verbe dispersées dans les cultures, dans les religions africaines, sans exclure aucun tissu culturel, géographique et humain.

Cette incarnation, comme nous l’a dit Cécile Kyenge (parlementaire européenne), cherche la primauté de la vie et par conséquence s’oppose et lutte contre le trafic des êtres humains et contre le nouvel esclavage, c’est-à-dire contre les horizons des violences et morts, dans lesquels Christ lui-même, incarné dans les petits, est violenté et tué.

Lors de l’enculturation au travers de l’incarnation, un grand rôle et une grande responsabilité sont confiés à la communication, aux médias et au journalisme. Père Giulio Albanese et Fabrizio Colombo ont souligné cet aspect, avec les hôtes de la table ronde. Alors une croissance positive de la communication de l’Afrique dans l’intégration digitale et sur papier court sur le réseau, mais en rendant toujours visible et transparente la positivité qui grandit en elle comme “LA PERLE” définie ainsi par soeur Elisa Kidanè, dans le respect profond de la personne.

Il ne s’agit pas, comme dit encore soeur Elisa, de donner la parole à celui qui n’en a pas, mais par contre de ne pas en donner à celui qui en a trop.

Par conséquence, il faut continuer à décoloniser le regard, même dans la presse missionnaire combonienne.

Mais à côté du mouvement de l’incarnationisme, le coeur de Christ a le mouvement de l’eschatologisme, c’est-à-dire la capacité de se détacher de toute injustice, de chaque idole, de tout horizon intra-mondain.

De même que nous tous, les chrétiens de tous les continents, sommes des extra-communautaires dans ce monde, nous sommes dans le monde mais ne sommes pas du monde.

Françoise Kankindi a dit: “Je me sens à la maison à beaucoup d’endroits”. Ceci est beau mais nous pouvons dire plus : “Le Règne duquel nous sommes citoyens, notre vraie patrie, n’est pas en ce monde”.

Je conclus avec une affirmation du 12ème siècle d’un grand mystique, Ugo da S. Vittore: “Celui qui aime son pays n’est qu’un tendre débutant. Meilleur est celui qui aime les pays étrangers autant que son propre pays. Celui-là seul est parfait qui sait aimer son pays avec les yeux d’un étranger.”

J’ai pris cette citation d’un l’essayiste, philosophe et historien français d’origine bulgare [Tzvetan Todorov], lequel l’a prise en prêt à Eduard Said, palestinien qui a vécu aux Etats-Unis, lequel l’a prise à son tour à un auteur allemand exilé en Turquie!

Fulvio De Giorgi