Laïcs Missionnaries Comboniens

Spiritualité Missionnaire Combonienne

Espiritualidad comboniana

Samedi dernier, nous avons pu profiter d’une formation sur la spiritualité missionnaire combonienne donnée par le P. Vittorio Moretto, Missionnaire Combonien.

Le P. Vittorio Moretto a donné une formation qui couvre les aspects centraux de cette spiritualité missionnaire et nous donne quelques indications sur la manière de vivre notre vocation missionnaire comme Laïcs Missionnaires Comboniens.

Nous vous encourageons à la regarder en communauté.

La session est enregistrée en espagnol.

Solennité du Cœur de Jésus

Corazón de Jesús

Introduction

Corazón de Jesús

Nous partageons ce livret comme une aide pour vivre plus intensément la Solennité du Sacré Cœur de Jésus (16 juin), en accueillant l’invitation du 19e Chapitre Général : approfondir et assumer notre spiritualité, qui est marquée par quelques éléments spécifiques qui créent notre identité de Missionnaires Comboniens du Cœur de Jésus.

Nous demandons aux confrères de chaque communauté d’étudier et de trouver la meilleure façon de se préparer à la solennité : nous pourrions opter pour une journée de retraite, ou une série de rencontres de prière et/ou de partage…

Le texte fondamental qui doit nous guider dans cette réflexion est le n° 3 de la Règle de Vie:

« C’est dans le mystère di Cœur de Jésus que le Fondateur a trouvé l’élan de son engagement missionnaire. L’amour inconditionnel de Comboni pour les peuples de l’Afrique avait son origine et son modèle dans l’amour salvifique du Bon Pasteur qui a offert sa vie sur la croix pour l’humanité: « Me confiant en ce Cœur Sacré… je me sens toujours plus disposé à souffrir… e à mourir pour Jésus-Christ et pour le salut des malheureux peuples de l’Afrique Centrale » (Écrits, 4290).

Et voici les mots du 19e Chapitre général sur le sujet :

12.     Nous rêvons d’une spiritualité qui nous permette de continuer à grandir comme famille fraternelle de personnes consacrées enracinées en Jésus, dans sa Parole et dans son Cœur, et de le contempler dans les visages des pauvres et dans l’expérience vécue de Saint Daniel Comboni pour être mission.

14.3   (Nous nous engageons à nous) sensibiliser aux aspects fondamentaux du charisme (par exemple la Croix, le Cœur de Jésus, l’option pour les plus pauvres et les plus abandonnés) à travers la vision, l’esprit et la sensibilité de Comboni, pour aller aux racines de sa spiritualité et se la réapproprier.

Nous pouvons penser à notre vie missionnaire comme à un ‘chemin’ qui part du Cœur de Jésus et arrive à notre cœur, pour arriver ensuite au cœur des personnes avec lesquelles nous partageons l’histoire et le destin. Être – ou plutôt devenir – des « personnes consacrées enracinées en Jésus, dans son Cœur » signifie devenir ce que nous sommes, en réalisant l’identité que nous recevons du Seigneur, grâce à Saint Daniel Comboni. Missionnaires du Cœur de Jésus est notre nom.

Le livret de notre Règle de Vie contient, à la fin, une Lettre sur le nom nouveau de la Congrégation, précisant ce qui a inspiré le nouveau choix en 1979. Il est bon de relire et de méditer ce texte, comme un premier moment d’approfondissement.

Notre Règle de Vie, au numéro 3, nous offre l’expérience de Comboni : son engagement missionnaire et son amour inconditionnel pour les peuples de l’Afrique Centrale ont eu leur origine et leur modèle « dans l’amour salvifique du Bon Pasteur » qui se laisse transpercer le cœur. Comboni lui-même, en relisant son expérience avec une conscience toujours plus grande, parle de lui comme de quelqu’un qui

« transporté par un mouvement de cette charité allumée par une divine flamme sur le sommet du Golgotha, sortie du côté du Crucifié pour embrasser toute la famille humaine, il sent redoubler les battements de son cœur, et il lui semble qu’une impulsion céleste le pousse vers ces régions hostiles pour y étreindre entre ses bras ces malheureux frères sur lesquels pèse encore la malédiction de Cham, et pour donner à tous un baiser de paix et d’amour » (Écrits, 2742).

Le Cœur de Jésus est l’âme de la mission et sa motivation fondamentale.

Il est certainement bon de chercher et de créer des programmes, des stratégies, des structures pour la mission, mais n’oublions pas que nous sommes avant tout appelés à « raviver le don de Dieu » (2 Tm 1,6ss). La tentation peut être la lassitude qui dessèche l’âme et crée le pessimisme, le fatalisme, la méfiance et la tiédeur, ou le désir de devenir des « protagonistes », comme si nous étions la fin de la mission.

Nous pourrions reprendre aussi quelques textes d’Evangelii Gaudium, aux n. 26 ; 259 ; 264 ; 266-267.

Contempler et assumer

Pour nous enraciner dans les sentiments du Cœur du Fils de Dieu, Jésus, le chemin proposé par notre Règle de Vie, comme fruit de d’une expérience consciente, se développe autour de deux mots : contempler et assumer.

En d’autres termes, que nous trouvons dans les Évangiles, nous pouvons dire : « venez à Jésus », « voyez en lui le Fils aimé et consacré par l’Esprit du Père », « mangez-le pour assimiler de plus en plus ses sentiments » …

Cela se produit surtout lorsque nous permettons au Seigneur Jésus de pénétrer au plus profond de notre cœur et de mettre en évidence des sentiments, des pensées, des attitudes et des désirs qui ne sont pas ceux d’une personne consacrée au Seigneur.

Permettons à Jésus de nous guérir, de nous renouveler et de nous transformer. Nous deviendrons alors des personnes « conquises par le Christ » et animées par le désir de conquérir les autres à lui (cf. Ph 3,2).

« Contempler » et « assumer » ne deviennent pas des actions « volontaristes », car, en vérité, il s’agit d’une « grâce » à laquelle nous répondons par notre conscience et notre disponibilité.

  1. Nous pouvons décrire « contempler » de cette manière :
    • « garder les yeux fixés sur Jésus »;
    • « se tenir au pied de la Croix », comme une étape importante d’un long itinéraire, au cours duquel nous avons vu les gestes et entendu les paroles de Jésus, même sans en saisir pleinement le sens ;
    • « se mettre aux pieds du crucifié », pour recevoir les dons qui nous viennent de son Cœur : l’Esprit, l’eau et le sang ; Marie… ;
    • « nous revêtir du Christ », en faisant nôtres ses « vêtements », c’est-à-dire ses sentiments ;
    • « que nos cœurs soient transpercés », pour que les dons du Seigneur ne reposent pas seulement sur la surface de nos cœurs, mais qu’ils y pénètrent profondément.

b) « Assumer » nous suggère :

  • faire nôtres les sentiments de Jésus, pour qu’ils entrent réellement en nous, disposés à les assimiler progressivement, pour qu’ils déterminent nos lignes d’action ou de conduite, touchent nos critères de choix, façonnent nos désirs et renforcent nos objectifs ;
  • en assumant les sentiments de Jésus, nous découvrons en nous – ou près de nous – des obstacles, des entraves, des fragilités ;
  • cela nous ramène à « contempler » Jésus encore et plus profondément, en nous laissant animer par la force d’attraction qu’il exerce, en demandant son pardon, sa force et sa grâce ;
  • ainsi, les difficultés que nous rencontrons n’éteignent pas la vie spirituelle, mais la renforcent et la font grandir ;
  • « assumer les sentiments de Jésus » devient en nous un besoin intérieur de « rester greffés en lui ».

Quelques textes qui peuvent nous éclairer

« Je répandrai sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem un esprit de grâce et de supplication. Ils regarderont vers moi. Celui qu’ils ont transpercé, ils feront une lamentation sur lui, comme on se lamente sur un fils unique ; ils pleureront sur lui amèrement, comme on pleure sur un premier-né » (Zacharie 10,12).

« Un autre passage de l’Écriture dit encore : Ils lèveront les yeux vers celui qu’ils ont transpercé » (Jean 18,37).

Voir aussi : Apocalypse 1.1-48 ; Jean 15.

Extrait des Règles de l’Institut des Missions pour la Nigrizia – 1871

« [Les élèves de l’Institut] acquerront cette disposition plus qu’essentielle en tenant toujours les yeux fixés sur Jésus-Christ, en l’aimant tendrement et en s’efforçant de comprendre toujours mieux ce que signifie un Dieu mort en croix pour le salut des âmes » (Écrits, 2721).

Notre Règle de Vie, au n° 3.2, énumère trois attitudes intérieures du Christ que le Combonien est appelé, en vertu de la même vocation de Jésus et de Comboni, à contempler et à assumer :

  • sa donation inconditionnelle au Père ;
  • l’universalité de son amour pour le monde ;
  • son implication dans la souffrance et la pauvreté des hommes.[1]

1.  Le don de soi inconditionnel de Jésus au Père

Nous pourrions prier avec ces textes, tirés de Jean :

« Moi, je suis le bon pasteur, le vrai berger, qui donne sa vie pour ses brebis. Le berger mercenaire n’est pas le pasteur, les brebis ne sont pas à lui : s’il voit venir le loup, il abandonne les brebis et s’enfuit ; le loup s’en empare et les disperse. Ce berger n’est qu’un mercenaire, et les brebis ne comptent pas vraiment pour lui.

Moi, je suis le bon pasteur ; je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent, comme le Père me connaît, et que je connais le Père ; et je donne ma vie pour mes brebis. J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos : celles-là aussi, il faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix : il y aura un seul troupeau et un seul pasteur. Voici pourquoi le Père m’aime : parce que je donne ma vie, pour la recevoir de nouveau. Nul ne peut me l’enlever : je la donne de moi-même. J’ai le pouvoir de la donner, j’ai aussi le pouvoir de la recevoir de nouveau : voilà le commandement que j’ai reçu de mon Père » (Jean 10.11-18).

« Il faut que le monde sache que j’aime le Père, et que je fais comme le Père me l’a commandé. Levez-vous, partons d’ici » (Jean 14,31).

« Ce n’est pas de ma propre initiative que j’ai parlé : le Père lui-même, qui m’a envoyé, m’a donné son commandement sur ce que je dois dire et déclarer ; et je sais que son commandement est vie éternelle. Donc, ce que je déclare, je le déclare comme le Père me l’a dit » (Jean 12,49-50).

Nous contemplons Jésus comme le Fils qui vit et agit selon le plan du Père, qu’il a vu, entendu (Jean 5) et assumé dans la liberté de son amour de Fils bien-aimé. Jésus peut dire que le Père agit en lui :

« Je suis dans le Père et que le Père est en moi ! Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même ; le Père qui demeure en moi fait ses propres œuvres » (Jean 14,10).

Sa vie est une réponse d’amour à l’amour du Père (cf. Jean 13,1-4).

  1. L’universalité de l’amour du Christ pour le monde

« Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle » (Jean 3,16).

« L’amour du Christ nous saisit quand nous pensons qu’un seul est mort pour tous, et qu’ainsi tous ont passé par la mort. Car le Christ est mort pour tous, afin que les vivants n’aient plus leur vie centrée sur eux-mêmes, mais sur lui, qui est mort et ressuscité pour eux » (2 Cor .5,14-15).

Pensons au témoignage que l’Évangile nous donne de Jésus comme pèlerin, parcourant les villes et les villages. Là où vivent des hommes et des femmes, Jésus se rend présent :

« Jésus leur dit : Allons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Évangile ; car c’est pour cela que je suis sorti » (Marc 1,38).

Jésus rencontre les gens partout : dans les synagogues et dans les maisons, sur les places et le long des rues, sur la montagne et au bord du lac… Il rencontre des hommes et des femmes, des adultes et des enfants, des Juifs et des prosélytes, des Syro-Phéniciens et des Grecs. Il ne se déplace pas seulement en Palestine, mais dépasse les frontières de la Terre promise. Nous le trouvons à Jérusalem et dans la Décapole.

Il parle et discute avec les pharisiens, les sadducéens, les publicains, les pécheurs… Il fait tout cela avec un grand amour – un amour qu’il donne à tous, sans exclusion. Même s’il a une nette préférence pour les derniers et les exclus.

3     L’implication de Jésus dans la douleur et la pauvreté des hommes et des femmes

Voici d’autres textes bibliques qui peuvent nous inspirer dans notre prière :

« Le soir venu, on présenta à Jésus beaucoup de possédés. D’une parole, il expulsa les esprits et, tous ceux qui étaient atteints d’un mal, il les guérit, pour que soit accomplie la parole prononcée par le prophète Isaïe :

Il a pris nos souffrances,

il a porté nos maladies » (Mt 8,16-17)[2]

Les textes bibliques qui montrent l’implication de Jésus dans la souffrance des personnes sont divers. Ce qui est important, c’est de saisir le “mouvement de Jésus” qui prend en charge la souffrance des personnes, sans juger ni condamner. Jésus s’implique tellement qu’il est blessé par toutes ces plaies. Les « plaies de Jésus » sont notre salut, parce qu’elles sont nos plaies assumées par le Ressuscité.

L’engagement de Comboni…

« Bien que mon corps soit épuisé, par la grâce du Cœur de Jésus, mon esprit est sain et vigoureux ; et je suis résolu, comme je le suis depuis 30 ans (depuis 1849), à souffrir, et à donner mille fois ma vie pour la Rédemption de l’Afrique Centrale, et de la Nigrizia » (Écrits, 5523).

« Je suis prêt à sacrifier mille fois ma vie pour plus de cent millions de Noirs vivant dans ces régions enflammées » (Écrits, 2409).

Dans son homélie programmatique prononcée à Khartoum le 11 mai 1873, ses paroles sont une prophétie :

« Mon premier amour dès ma jeunesse fut pour la malheureuse Nigrizia, et laissant tout ce qui m’était très cher je suis venu en ces contrées – cela fait déjà seize ans – pour offrir mon œuvre afin de soulager ces malheurs séculaires. Ensuite une obéissance m’a rappelé dans ma patrie pour des raisons de santé… mais mes pensées et mes pas furent toujours pour vous.

Et finalement aujourd’hui, en revenant parmi vous, je retrouve mon cœur pour l’ouvrir en votre présence au sentiment sublime et religieux de la paternité spirituelle… Oui, je suis déjà votre Père, et vous êtes mes fils, et comme tels, je vous embrasse et vous serre pour la première fois contre mon cœur…

Je vous suis bien reconnaissant de l’accueil enthousiaste que vous m’avez réservé ; il démontre votre amour de fils, et m’a persuadé que vous voudrez toujours être ma joie et ma couronne, comme vous êtes mon lot et mon héritage.

Soyez assurés que mon âme répand sur vous un amour illimité pour toujours et pour tous. Je reviens parmi vous pour ne plus jamais cesser de vous appartenir, et pour me consacrer à jamais à votre plus grand bien.

Le jour et la nuit, le soleil et la pluie, me trouveront également toujours prêt pour vos besoins spirituels ; le riche et le pauvre, le bien portant et l’infirme, le jeune et le vieillard, le maître et le serviteur auront toujours un égal accès à mon cœur. Votre bonheur sera le mien, et vos malheurs seront aussi les miens.

Je viens faire cause commune avec chacun de vous, et le plus heureux de mes jours sera celui où je pourrai donner ma vie pour vous » (Écrits, 3156-3159).

… et le nôtre

Par ces attitudes, contemplées et assumées, l’Esprit de Jésus nous consacre jusqu’au plus profond de notre cœur.

Il est possible de réinterpréter dans ces attitudes les trois vœux :

  • l’obéissance, comme don de soi inconditionnel au Père ;
  • la chasteté, dans l’universalité de l’amour ;
  • la pauvreté, en faisant cause commune avec les plus pauvres et les plus abandonnés.

Le jour de la Solennité du Sacré Cœur de Jésus, nous pouvons renouveler notre consécration missionnaire avec une plus grande conscience !

Ces trois attitudes ne peuvent certainement pas être séparées, ni faire l’objet de compartiments distincts. L’une renvoie à l’autre ; un vœu nécessite l’autre. La croissance dans l’un des vœux se traduit par une croissance dans les deux autres également.

Nous pouvons toutefois nous demander lequel d’entre eux représente le plus grand défi pour notre croissance et notre réponse personnelles.

Bonne célébration de la Solennité du Cœur de Jésus !

Au nom du Centre de Formation Permanente :
P. Fermo Bernasconi, mccj
P. Alberto de Oliveira Silva, mccj
P. David Kinnear Glenday, mccj

Original: https://www.comboni.org/fr/contenuti/115443


[1] Au n° 3.3, la RV ajoute que « la contemplation du Cœur transpercé du Christ […]

  • est un stimulant pour l’action missionnaire comme engagement pour la libération globale de l’homme,
  • et pour la charité fraternelle qui doit être un signe distinctif de la communauté combonienne ».

Nous voulons cependant laisser ces deux points pour un autre moment.

[2] Ce “résumé” évoque une série de guérisons opérées par le Christ ; Matthieu les interprète à la lumière de Is 53,4. Le quatrième hymne du Serviteur de Yahvé, en Isaïe 52, 13-53, 12, est également significatif.

Fête de Saint Daniel Comboni : 10 octobre 2022

Comboni

« Je suis la vigne, vous êtes les sarments. Qui demeure en moi, et moi en lui, porte beaucoup de fruits »

(Jn 15,5).

Comboni

« Ayez du courage ; ayez du courage en cette heure difficile, et plus encore à l’avenir.
Ne désistez pas, n’abandonnez jamais. Affrontez toutes les tempêtes sans crainte.
Ne craignez rien. Je meurs, mais l’œuvre ne mourra pas. »
(ce sont les dernières paroles de Saint Daniel Comboni, prononcées peu avant d’entrer en agonie le 10 octobre 1881)

Chers frères,
Bonne fête de notre père et fondateur Saint Daniel Comboni ! Salutations fraternelles à vous tous, où que vous soyez, pour célébrer cette fête qui a toujours été une source de grâce et de bénédiction ainsi qu’une occasion de revenir à la source de notre consécration selon le charisme combonien.

Le 10 octobre 1881, comme le « grain de blé tombé en terre... », notre père fondateur est mort sur le sol soudanais, mais cette « bonne graine » a germé et continue de porter beaucoup de fruits aujourd’hui ! À l’occasion de sa fête et de la nôtre, nous ne pouvons manquer de rappeler les paroles de Don Francesco Oliboni, le 26 mars 1858 : « Mais ne perdez pas courage, ne vous écartez pas de votre but, continuez l’œuvre commencée ; et si un seul d’entre vous reste, qu’il ne perde pas confiance et ne se retire pas ». Ces paroles, comme nous le savons bien, ont donné du courage à toute une génération de missionnaires en Afrique, y compris Comboni ; et ce sont les mêmes paroles qui ont inspiré la demande faite par notre père fondateur à ses missionnaires peu avant sa mort : il nous demande « d’être fidèles à la mission ». C’est cette grâce spéciale de fidélité à la mission que nous voulons demander aujourd’hui à Dieu et à Marie, Mère de la Nigritie.

Le contexte de la fête de Comboni cette année 2022 apporte avec lui beaucoup de grâces et de bénédictions. Tout d’abord, presque trois mois après la célébration du 19ème Chapitre Général de notre Institut, aujourd’hui, nous avons officiellement publié les Actes du Chapitre. Le 20 novembre, dans quarante jours exactement, aura lieu à Kalongo (Ouganda) la béatification du père Giuseppe Ambrosoli. Enfin, en ce moment de grâce, les Comboniennes célèbrent leur Chapitre Général à Vérone, animé par le sacrifice de Sœur Maria De Coppi, tuée au Mozambique le 6 septembre. Tous ces anniversaires sont, pour nous, des occasions de grâce et de croissance qui contribuent abondamment à donner une saveur et un parfum de sainteté à la fête de Saint Daniel Comboni. En même temps, ils deviennent une occasion de recueillement et de prière intense pour renouveler notre identité combonienne, pour construire un rapport toujours plus intime avec notre Père et Fondateur et avec toute la mission de l’Eglise.

L’exemple de la vie de notre Père et Fondateur nous met continuellement au défi de dépasser nos limites et nos fragilités et d’embrasser la « sainteté » comme un don de Dieu qui se transforme en style de vie. Aujourd’hui, Comboni veut parler au cœur de chacun de nous avec les mêmes mots avec lesquels il a interpellé, instruit et encouragé ses missionnaires et les laïcs, hommes et femmes, en utilisant parfois des expressions douces, parfois dures, mais, de toute façon, avec les mots d’un père qui aime ses enfants. Aiguisons donc notre écoute et ouvrons notre cœur et notre esprit pour accueillir ses paroles de père afin que notre relation avec lui devienne toujours plus profonde, stimulante et fructueuse.

En ce jour de fête, consacrons un peu de notre temps à la contemplation et à la méditation de son exemple de vie, de ses choix, de sa détermination ; demandons humblement son intercession pour que nous aussi nous continuions à être fidèles à notre vocation de consacrés et de missionnaires au service du peuple de Dieu. Gardons notre regard toujours fixé sur le Cœur du Christ et aimons-le tendrement afin qu’il continue à être l’unique source de notre vie et le centre propulseur de notre mission. Certains que sans un retour radical au Christ et au charisme de Comboni, notre mission ne portera pas de fruits.

Faisons nôtre le souhait de Saint Daniel Comboni que nos communautés deviennent de petits cénacles d’apôtres où les frères puissent se réunir pour célébrer, réfléchir et prier, dans un esprit synodal, en impliquant, si possible, les laïcs avec lesquels nous travaillons dans les missions et dans l’Eglise locale.

Nous demandons aussi l’intercession de Saint Daniel Comboni pour les processus de discernement concernant le choix des supérieurs de circonscription et de leurs conseils respectifs, afin que Dieu nous donne des supérieurs saints et capables, amoureux de la mission combonienne et de l’Institut, pour animer et accompagner les confrères et pour promouvoir et coordonner les activités/priorités de la circonscription, en tenant compte aussi des orientations du 19ème Chapitre Général.

Que Marie, Mère de l’Église, intercède pour nous.
Nous souhaitons à tous une bonne fête de Saint Daniel Comboni.
Le Conseil Général MCCJ

190ème Anniversaire de la naissance de saint Daniel Comboni

Daniel Comboni

« C’est un feu que je suis venu apporter sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! » (Lc 12,49)

Maintenir le feu en vie

Daniel Comboni

Introduction. Avec la célébration du 190ème anniversaire de la naissance de Daniel Comboni (Limone Sul Garda, 15 mars 1831) et du 140ème anniversaire de sa mort (Khartoum, 10 octobre 1881), nous sommes invités à célébrer notre mémorial charismatique et à invoquer la force de la présence de l’Esprit qui a illuminé sa vie, de sa naissance à sa mort. Sa béatification (17 mars 1996), dont le 25ème anniversaire tombe cette année, a été un cadeau charismatique pour toute la famille combonienne. En ces moments-là[1], les Conseils Généraux ont publié un message et une lettre commune pour encourager les membres de notre famille missionnaire à se réjouir et à se tourner spirituellement vers notre père, en quête d’inspiration et de fécondité pour le service missionnaire. Enfin, avec sa canonisation, l’Eglise l’a inscrit au tableau des Saints, reconnaissant la validité et la pertinence du charisme missionnaire combonien et proposant Saint Daniel Comboni comme modèle de vie et de mission chrétienne, exemple et paradigme d’un engagement missionnaire universel, qui unit les différents continents et les peuples dans la passion pour Dieu et l’Humanité. Déjà à l’époque, nos Conseils Généraux nous ont donné un message[2] et une lettre[3] nous invitant à considérer Saint Daniel comme un témoin et un maître de la sainteté à laquelle nous sommes appelés et de la mission que nous vivons. Cette lettre s’inscrit dans ce mouvement de commémoration et d’actualisation du don charismatique confié à Saint Daniel et, en lui, à nous tous : un don de Dieu ravivé dans chaque génération combonienne.

Considérer ses propres racines. Faire mémoire de la naissance de Saint Daniel Comboni nous invite, avant tout, à considérer ses racines familiales, ecclésiales et sociales, qui l’ont tant influencé et auxquelles il est souvent retourné[4]. Sa naissance s’est déroulée au milieu de difficultés et de contraintes. Ses parents étaient des migrants venus à Limone en quête de travail. Son père, Luigi Comboni, était venu de Bogliaco à Limone en décembre 1818 à l’âge de 15 ans. Sa mère, Domenica Pace, était née à Limone (31 mars 1801) mais la famille était originaire de Magasa, dans les montagnes. Luigi et Dominique se marièrent le 21 juillet 1826 dans l’église de San Benedetto et eurent, selon le registre des baptêmes, six enfants ; à ceux-ci il faut ajouter deux jumeaux morts, qui ne purent être baptisés[5].

« Daniel Comboni a grandi dans la modeste maison de Tesol avec ses parents, vivant les joies et les peines de la famille. De ses frères et sœurs, seuls Vigilio (1827-1848) et Marianna (1832-1836) ont survécu »[6]. Il avait beaucoup d’affection et d’estime pour sa mère et son père. Sa mère meurt le 14 juillet 1858, lors de son premier voyage en Afrique, et c’est avec son père Luigi que Daniel entretient une correspondance intense, dans laquelle il reconnaît la religiosité de ses parents et l’influence qu’ils ont eue sur sa vie et sa vocation missionnaire. On retrouve dans ces lettres les éléments humains et chrétiens qui constituaient l’humus qui a fait grandir la vocation et la mission de Saint Daniel (l’appel de la beauté du lac et des montagnes, l’orgueil de la foi et de la vie chrétienne, la dévotion à la Croix du Sauveur, la contemplation de son amour et du Cœur transpercé, la passion pour Dieu et pour les plus démunis) : « Courage donc, mon aimable père, j’ai toujours le cœur tourné vers toi, je te parle tous les jours, je connais tes afflictions, et j’anticipe les délices que Dieu te réserve au ciel. Prenez donc courage : laissez Dieu être le centre de communication entre vous et moi. Qu’Il guide nos entreprises, nos affaires, nos fortunes, et que nous puissions apprécier le fait que nous avons affaire à un bon maître, un ami fidèle, un père aimant »[7]. La célébration du 190ème anniversaire de sa naissance nous offre une nouvelle occasion de nous rapprocher de lui et de ses racines familiales et ecclésiales, en renforçant la conscience de nos propres racines, en tant que fond spirituel qui assure la stabilité de nos personnalités et la fécondité spirituelle de notre vie missionnaire. Et cette célébration nous donne l’occasion d’approfondir, en tant que famille combonienne, le rôle de Limone et de poursuivre la collaboration entreprise dans le lieu de naissance de Saint Daniel Comboni.

La fidélité au milieu des adversités. La commémoration du 140ème anniversaire de la mort de Daniel Comboni nous invite à regarder sa vie à partir du moment suprême du don de soi pour la régénération de la Nigritie. Dans les lettres écrites dans les derniers mois de sa vie, il apparaît comme un missionnaire entouré de difficultés, mais enraciné dans la foi : famine, peste et faim, manque d’eau, manque de moyens matériels pour soutenir les initiatives missionnaires, maladie et mort de ses missionnaires… Ce sont, selon lui, des “temps de désolation” dans lesquels « il y a malheureusement trop de souffrances pour être soulagées »[8].

Face à ces difficultés, Comboni est resté ancré dans sa foi en Dieu et dans la vision missionnaire qui a inspiré et soutenu sa vie. « Je suis heureux de la croix, parce que si elle est portée volontiers pour l’amour de Dieu, elle engendre le triomphe et la vie éternelle » : ces mots[9] résument, à un moment crucial, l’état d’esprit de toute sa vie. Ce retour au pied de la Croix, à la contemplation du Cœur transpercé, où tout a commencé, remplit de lumière et de courage le temps du retour au Père, et est à l’origine de la confiance et du « courage pour le présent et surtout pour l’avenir »[10] que Comboni inculque à ses missionnaires, au moment de l’a-Dieu : « Je meurs, mais l’œuvre ne mourra pas ! »[11].

Les deux dates du mémorial que nous faisons cette année tracent un chemin de vie, dans lequel la puissance de l’Esprit prend forme dans la vie de Saint Daniel et rend perceptible et vivante une petite partie de “l’amour illimité” de Dieu[12]; il se laisse “former” par l’Amour qu’il contemple, en gardant le regard fixé sur Jésus crucifié. Saint Daniel nous laisse un témoignage qui est générateur de vie pour notre aujourd’hui.

Entre la naissance et la mort. Nous célébrons ces anniversaires de la vie de Saint Daniel Comboni après une année, 2020, marquée par la pandémie du coronavirus. Et la nouvelle année 2021, a commencé dans le monde entier, toujours sous le signe de l’incertitude et de la crise sanitaire et économique. Dans la famille combonienne, nous subissons les conséquences de cette situation : nous avons perdu des missionnaires qui, après des années de travail missionnaire, nous enrichissaient de leur témoignage et qui espéraient avoir une vieillesse paisible[13]; le rythme de nos activités s’est arrêté et nos plans et projets sont restés suspendus ; les limitations des voyages nous ont mis à l’épreuve, défiant notre créativité pour rester proches des pauvres et des plus petits, de ceux qui souffrent le plus des conséquences de la pandémie ; nous nous sentons incapables de discerner un chemin et un moment de sortie et nous partageons le sentiment de perte et de désarroi qui accable tant de nos frères et sœurs.

En regardant Daniel Comboni, dans l’arc de sa vie et de sa vocation missionnaire, entre sa naissance et sa mort, nous voyons comment, dans le moment de crise et d’incertitude, il a su reconnaître et attendre les mouvements de l’Esprit, réviser ses projets et renouveler son engagement missionnaire, embrasser la Croix et les difficultés, voir en elles le signe d’une présence aimante et d’une action mystérieuse de Dieu, d’une heure divine avec sa promesse de vie renouvelée. Dans toutes ces situations, il se laisse attirer par l’amour de Dieu pour l’Afrique et n’a pas peur s’il fait partie d’un tout petit groupe ; il persévère, rêve, prend des risques et est capable d’offrir sa vie, sans mesurer ses efforts. De lui, nous apprenons les attitudes nécessaires pour vivre ce temps qui est le nôtre, si incertain, comme une heure de Dieu : la patience et la fidélité à la vocation missionnaire ; la capacité de nous mettre en jeu avec créativité, en mettant toujours les personnes et Dieu au centre ; le sens de la communion (être cénacle) qui nous maintient unis et renforce notre identité charismatique et notre vocation missionnaire dans l’Église aujourd’hui.

Daniel Comboni nous exhorte à ne pas nous laisser enfermer dans le poids du covid et dans les effets négatifs de l’éloignement physique ; à surmonter la compétition et les conflits, en retrouvant l’esprit de collaboration entre laïcs, sœurs, frères, prêtres ; à faire croître le sens de la communion et la jovialité du vivre ensemble que Comboni recommandait aux siens ; à garder l’espérance même dans l’obscurité, en redécouvrant la force de l’attention et de la résilience ; accepter les changements en cours et voir des opportunités là où d’autres voient un échec ; prendre la naissance et la mort comme des portes d’entrée, des défis à la créativité et des opportunités de se soutenir mutuellement ; voir les pertes (de vies, d’emplois, de santé et de sécurité économique …) comme des opportunités de conversion et de soutien entre nous, individus, familles et communautés. Dans la pandémie, nous avons maintenu la communion, échangé des informations et lancé des processus comme le Forum de la Ministérialité Sociale, dont les réunions se font via zoom ; la situation actuelle nous met au défi de chercher de nouvelles façons de nous maintenir unis en tant que famille combonienne et d’affronter ensemble les moments difficiles et les changements et de poursuivre les processus de collaboration[14].

La lumière du témoignage de Saint Daniel Comboni éclaire le discernement que ce que nous vivons nous appelle à faire pour l’avenir immédiat, qui ne sera pas un simple retour au passé que nous connaissons. Elle nous offre les critères pour assumer les valeurs qui nous sont chères, l’amitié et l’affection de la famille et des amis ; pour comprendre le destin commun de l’humanité, menacée par la pandémie et la catastrophe écologique ; pour nous engager dans la transformation sociale (du changement climatique au soin de la maison commune et de la santé de chaque personne…) en apportant notre contribution avec créativité, en renonçant au superflu et en favorisant la solidarité.

Ces attitudes sont ancrées dans la foi, dans le “fort sentiment de Dieu” et le “vif intérêt pour sa Gloire et le bien des personnes”, en particulier les pauvres et les marginaux, qui sont l’antidote que Saint Daniel suggère pour contrecarrer le stress de la pandémie et l’incertitude de l’époque dans laquelle nous vivons. Il nous incite à regarder le monde et les événements que nous vivons « au pur rayon de la foi »[15] et nous avertit que le missionnaire et la missionnaire qui n’a pas cette vision « finirait par se retrouver dans une sorte de vide et d’isolement intolérable »[16]. Et elle nous indique la voie à suivre pour rester dans la fidélité : « … Toujours garder les yeux fixés sur Jésus Christ, l’aimer tendrement et s’efforcer de comprendre toujours mieux ce que signifie un Dieu mort sur la croix … »[17]. Comboni parle d’une “flamme de feu divin” qui jaillit du Cœur transpercé et que le/la missionnaire recueille au pied de la croix pour la porter partout, comme un feu qui nourrit son propre engagement pour la régénération des personnes et la transformation des sociétés dans lesquelles il vit[18].

Maintenez ce feu en vie. La mémoire de la naissance et de la mort de Saint Daniel Comboni nous rappelle que le plus grand défi que nous vivons en ce moment est précisément celui-ci, maintenir le feu en vie, allumer cette flamme divine dans nos cœurs et « sentir la beauté de la paternité spirituelle de Saint Daniel, qui avait un cœur brûlant et (…) était capable d’allumer prophétiquement le feu de l’Evangile, en dépassant les frontières (…), les malentendus, les visions limitatives, en concrétisant une vision missionnaire novatrice ». La fidélité à Daniel Comboni se joue en « restant sur le chemin inauguré par lui » et en « croyant en la force du feu, de l’Esprit (…) qui descend sur nous pour nous faire devenir de personnes courageuses qui fréquentent l’avenir »[19].

Conseils Généraux des SMC, MSC et des MCCJ et le Comité International des LMC


[1] Lettre du 23 février 1996, pour la Journée de la Réconciliation. Le message En regardant au Rocher d’où nous avons été taillés date du 6 avril 1995.

[2] Dono da Accogliere e Approfondire, du 15 mars 2003.

[3] Daniele Comboni, Testimone di Santità e Maestro di Missione, du 1 septembre 2003.

[4] Soit par ses visites à la maison natale de Limone, soit surtout par les lettres à ses parents, à son père après la mort de sa mère, à ses cousins, aux curés et aux concitoyens de Limone. L’ensemble des lettres de Daniel Comboni à son père est composé de trente et unes lettres. La première a été écrite au Caire le 19 octobre 1857, la dernière le 6 septembre 1881, un mois avant sa mort.

[5] Positio, Rome 1988, vol. I, p. 14.

[6] Mario Trebeschi e Domenico Fava, San Daniele Comboni e Limone, Limone sul Garda 2011, p. 39.

[7] Daniel Comboni, Les Ecrits 188.

[8] Daniel Comboni, Les Ecrits 6631.

[9] Lettre à Sembianti, Les Ecrits 7246.

[10] In Annali del Buon Pastore 27 janvier 1882.

[11] Giovanni Dichtl, lettre au Cardinal Simeoni du 29.9.1889.

[12] Daniel Comboni, Homélie de Khartoum, Les Ecrits 3158.

[13] Au cours de la première vague de la pandémie treize Sœurs Missionnaires Comboniennes sont mortes à Bergame. Au cours de la deuxième vague, entre le 8 novembre 2020 et le 10 janvier 2021, vingt Missionnaires Comboniens sont morts à Castel d’Azzano ; et d’autres à Milan, à Ellwangen (Allemagne), à Guadalajara (Mexique) et en Ouganda ; pour un totale di trente-cinq. Au total, fin janvier 2021, quarante-huit missionnaires hommes et femmes ont été les victimes du covid-19.

[14] Les membres de la commission de la famille combonienne, au cours de la préparation du Forum de la Ministérialité Sociale, ont réfléchi ensemble sur ce temps comme une grande opportunité pour de nouvelles modalités de rencontre, dans l’attente de moments meilleurs pour se rencontrer personnellement, en présence. Pour maintenir vivant le processus, on a programmé deux webinar. Pour le premier, en décembre, deux cent soixante-dix- neuf personnes étaient inscrites, qui représentaient toute la famille combonienne répandue dans le monde.

[15] Daniel Comboni, Homélie à Khartoum, Les Ecrits 2745.

[16] Daniel Comboni, Règles de 1871, Chapitre X.

[17] Daniel Comboni, Règles de 1871, Chapitre X.

[18] Daniel Comboni, Plan pour la Régénération de l’Afrique, IV Edition, Vérone 1871, Les Ecrits 2742. « … Transporté alors par un mouvement de cette charité allumée par une divine flamme sur le sommet du Golgotha, et sortie du côté du Crucifié pour embrasser toute la famille humaine … ».

[19] Cardinal José Tolentino de Mendonça, Homélie dans la fête de saint Daniel Comboni, Rome 10 octobre 2020.

Message à l’occasion de la solennité du Sacré-Cœur de Jésus

SC

Être formé, c’est être configuré au Cœur de Jésus Bon Pasteur

SC

« Quel est ton nom ?… Va dans ta maison, auprès des tiens, et rapporte-leur tout ce que le Seigneur a fait pour toi dans sa miséricorde » (Marc 5, 9ss).

« Dans le mystère du Cœur du Christ, le Combonien contemple, dans leur expression la plus complète, les attitudes intérieures du Christ et il les assume : sa donation inconditionnelle au Père, l’universalité de son amour pour le monde et sa participation à la souffrance et à la pauvreté des hommes » (RV 3.2).

« La formation doit œuvrer en priorité sur les motivations intérieures et elle doit éduquer à affronter avec créativité, compétence et flexibilité les défis qui émergent des nouvelles situations » (Ratio Fundamentalis 113).

Chers frères bien-aimés,

En communion avec toute l’humanité, nous célébrons cette année la solennité du Sacré-Cœur de Jésus dans un contexte particulier marqué par la pandémie COVID-19 qui continue de causer tant de tragédies et tant de douleurs dans le monde entier. Avec confiance en Dieu, nous invitons tout l’Institut à contempler le Cœur de Jésus en ouvrant nos cœurs au mystère de son amour afin que ce mystère nous touche profondément, nous libère de toutes les forces qui nous enferment ou nous isolent et nous aide à être fidèles à notre consécration et à notre mission.

En tant que disciples missionnaires, nous nous mettons à l’école du Cœur de Jésus qui, dans son humanité, nous révèle le Cœur de Dieu – le Cœur du Bon Pasteur qui sort, s’approche des pauvres, des souffrants et des marginalisés, les invitant à sortir de leur isolement, de leur incommunicabilité, rendus capables de communiquer et de vivre une rencontre de qualité avec Dieu, avec les autres et avec la création. Il s’agit de participer à l’amour qui toujours se communique, qui communique toujours et qui, s’il est reçu par l’être aimé, donne toujours la vie, fait grandir et éduque, dans le sens du latin educere qui signifie faire ressortir le meilleur de l’être humain.

Il est important de noter que cette rencontre avec le Christ met en mouvement un processus de conversion, de formation et de transformation ou, mieux encore, de “Christification” qui dure toute la vie et qui doit toucher le cœur. Le contenu de notre formation initiale et permanente est la sainteté et la transformation de la personne en Jésus-Christ par la double orientation complémentaire de la sequela et de l’imitatio Christi. Par conséquent, la conversion en un autre Christ est pour nous un privilège de la miséricorde et de la grâce de Dieu et, en même temps, une responsabilité qui nous engage à la cohérence de la vie avec la question pressante et incessante : « Qu’auraient fait le Christ et Comboni dans cette situation historique qui est la mienne ? ».

C’est le Christ avec son cœur miséricordieux qui prend l’initiative et vient à nous en demandant à chacun d’entre nous : « Quel est ton nom ? », comme il l’a fait avec l’homme possédé par le démon dans le passage mentionné ci-dessus. Connaître le nom de quelqu’un, selon la mentalité juive, signifie entrer dans les profondeurs de sa réalité personnelle. Cette question montre son intérêt pour nous en tant que personnes aimées par Dieu et nous aide, d’une part, à faire une relecture de ce qui est en nous et autour de nous afin de découvrir ce que nous avons à cœur, qui sommes-nous vraiment et, d’autre part, elle nous montre le Cœur du Christ plein d’amour, de compassion, d’accueil et de tendresse.

Comme Missionnaires Comboniens du Cœur de Jésus, dans le chemin de la formation initiale comme dans celui de la formation permanente, cultiver, approfondir, contextualiser notre spiritualité du Cœur de Jésus reste l’engagement personnel et de notre Institut, afin que toute notre vie adhère de plus en plus au “programme” contenu dans notre nom.

C’est le Christ qui, avec son cœur accueillant, manifeste sa pleine confiance en l’autre, quelle que soit la situation dans laquelle il se trouve, le valorise et le rend à la communauté, à sa maison, symbole du lieu de l’espoir, de la cordialité et de la chaleur humaine. La vie est faite de communication et de relations de qualité. Saint Daniel Comboni parle de l’Institut « comme d’un Cénacle d’Apôtres, un point lumineux qui envoie autant de rayons qui brillent, réchauffent et révèlent ensemble la nature du Centre dont ils émanent » (cf. Ecrits 2648). L’espoir est que le Cœur de Jésus soit vraiment le centre de communication entre tous les confrères et que nous puissions faire de la communication fraternelle un instrument pour construire des ponts, pour unir et partager la beauté d’être frères en mission à un moment marqué par les contrastes, la division et l’indifférence.

Enfin, en réfléchissant cette année sur le thème de la ministérialité dans l’Institut, prions pour que la contemplation du Cœur de Jésus nous aide à vivre la mission non pas superficiellement comme un rôle à jouer mais comme un service au Royaume de Dieu et comme l’expression d’un processus de kénose et de décentrement. Joyeuse solennité du Sacré-Cœur de Jésus à vous tous !

Le Secrétaire Général de la Formation et le Conseil Général MCCJ