Laïcs Missionnaries Comboniens

Avec le cœur dans la mission

P._Enrique_Sanchez

«A l’approche de la fête du Sacré Cœur – vendredi 27 juin – je désire partager avec vous cette petite réflexion, afin qu’elle nous aide à nous préparer à cette célébration, en fixant notre regard dans ce Cœur ouvert, d’où naît notre vocation missionnaire, pour y puiser les forces dont nous avons besoin en ce moment de notre chemin, en tant qu’héritiers de saint Daniel Comboni.» P. Enrique Sánchez G., mccj.

Avec le cœur dans la mission

Je ne veux pas vous cacher que ma conscience était un peu inquiète quand le Saint-Siège m’a confié cette vaste et laborieuse Mission, car je connaissais ma petitesse face à cet énorme mandat que Dieu m’a confié par son auguste Vicaire Pie IX. J’ai alors pensé qu’avec nos seules forces nous ne réussirions jamais à fonder le catholicisme dans ces immenses régions où, malgré tous les efforts de plusieurs siècles, l’Eglise n’a pu réussir à s’implanter.

J’ai alors mis toute ma confiance dans le Sacré-Cœur de Jésus et j’ai décidé de consacrer, le prochain 14 septembre, tout le Vicariat, au Sacré-Cœur de Jésus.

A cet effet, pour célébrer cette grande solennité, j’ai envoyé une Circulaire, et j’ai prié cet apôtre admirable du Sacré-Cœur qu’est le Père Ramière, de rédiger l’acte solennel de Consécration, ce qu’il a fait”(Ecrits 3318).

Chers Confrères,
A l’approche de la fête du Sacré Cœur je désire partager avec vous cette petite réflexion, afin qu’elle nous aide à nous préparer à cette célébration, en fixant notre regard dans ce Cœur ouvert, d’où naît notre vocation missionnaire, pour y puiser les forces dont nous avons besoin en ce moment de notre chemin, en tant qu’héritiers de saint Daniel Comboni.

Le 31 juillet 1873, saint Daniel Comboni écrivit une lettre à Mgr. Joseph De Girardin; c’est dans cette lettre que se trouve le texte avec lequel j’ai commencé cette réflexion. Je l’ai choisi parce que je crois qu’il contient certains éléments qui correspondent à la réalité que nous sommes en train de vivre en ce moment de notre vie et de notre mission, des éléments qui méritent une réflexion de notre part.

Comme en ce temps-là, aujourd’hui encore il n’est pas difficile d’affirmer que la mission qui nous est confiée est vaste et laborieuse; souvent elle nous apparaît très exigeante et au-delà de nos forces. Et cela – je le dis tout de suite – ne nous aide pas à la vivre avec responsabilité et efficacité.

Au cours des trente dernières années, en effet, notre Institut s’est développé de manière considérable et dans son processus de croissance il s’est engagé dans beaucoup de secteurs, sur beaucoup de fronts et dans de nombreuses et différentes réalités missionnaires, dont l’ampleur est évidente. L’immense Vicariat de l’Afrique Centrale est devenu pour nous encore plus immense, avec une présence dans quatre continents et une diversité d’engagements missionnaires telle que nous arrivons à croire que nous sommes présents sur tous les fronts de la mission. Ce fait, pour certains d’entre nous, est une chose bonne, il semble répondre au besoin d’affirmer un ego, nous fait croire que nous sommes de grands missionnaires parce que nous portons l’Evangile dans tous les coins de la planète et dans toutes les périphéries de l’humanité, si on veut utiliser cette expression qu’aime notre pape François.

A l’ampleur, il faut aussi ajouter la difficulté et la complexité d’une mission qui est exigeante, qui nous défie, qui vit un changement profond à cause de la transformation rapide du monde et de la société. La mission est en train de changer, sans nous laisser le temps de comprendre quelle direction prendre; le risque que nous courons est l’incapacité d’être à l’avance par rapport à ces mutations.

Mais la difficulté de la mission d’aujourd’hui devient un défi pour notre créativité, pour notre capacité de nous remettre en discussion, de rêver pour entreprendre des chemins nouveaux qui peuvent exiger que nous marchions sur des terrains inconnus, jamais fréquentés – comme cela nous a été dit il y a quelque temps – et qui nous invitent à ne pas vivre de l’héritage reçu, ce qui peut nous tromper avec la prétention d’une toute puissance missionnaire.

Comboni, dans cette lettre de 1873, disait d’hésiter parce qu’il connaissait sa petitesse. Aujourd’hui, nous aussi sommes en train de devenir davantage conscients de notre petitesse, et non seulement parce que les statistiques nous rappellent que le personnel missionnaire est en train de diminuer de façon constante. Je ne crois pas qu’il s’agit seulement de chiffres. Je crois que cette petitesse peut nous aider à comprendre que nos forces ne seront jamais suffisantes pour répondre aux exigences de la mission et que le Seigneur ne fait pas ses calculs en utilisant les mathématiques.

Sagrado CorazónComment alors orienter notre regard? Où puiser les forces et la lumière pour vivre avec radicalité notre vocation missionnaire combonienne?

Je crois que pour nous, aujourd’hui, la petitesse doit être mesurée en regardant à la qualité de notre vie, à la cohérence du vécu des nos engagements personnels et des options de vie que nous avons faites, à la capacité à ne pas être des personnes superficielles dans le vécu de notre consécration religieuse pour la mission, à notre disponibilité totale au service des plus pauvres, à la liberté de ne pas nous laisser confondre par les suggestions faciles de notre monde: le consumérisme, les apparences, la superficialité, etc.

Sans références à des personnes en particulier, et sans vouloir faire de reproches, je crois que chacun de nous doit reconnaître sa pauvreté, sa fragilité et ses limites, la tentation de faire devenir la mission une chose à son propre service et non cette réalité qui appelle à se donner sans conditions et sans utiliser de prétextes pour la faire devenir une ‘mission à sa propre mesure’.

J’ai une admiration profonde pour tant de confrères qui vivent avec un enthousiasme énorme, avec l’esprit du don de soi et de sacrifice dans des situations de violence indicible et de danger. Ils sont ces pierres cachées dont la mission a besoin, comme nous le rappelle Comboni. C’est à la lumière des ces témoignages que nous devons mesurer notre réponse à la vocation que nous avons reçue et que nous réussirons à découvrir comment pourrons-nous devenir grands, forts et capables pour embrasser la mission qui aujourd’hui nous est confiée.

Comboni dit avec beaucoup d’humilité: “j’ai pensé qu’avec nos forces nous ne réussirons jamais”. Cette phrase n’est pas l’expression du découragement, au contraire elle exprime la conviction de porter une mission qui ne dépend pas de nous. “Alors j’ai mis toute ma confiance dans le Sacré Cœur de Jésus”. Peut-être, et sans peut-être, je crois que le moment est venu pour nous de faire cette expérience d’abandon et de confiance, de foi et d’ouverture à l’action de Dieu dans notre vie, ce qui ne veut pas dire se réfugier dans une spiritualité qui nous extrait de la réalité ou de la responsabilité de nous engager dans la construction du Règne.

Confier dans le Sacré Cœur de Jésus est pour nous aussi aujourd’hui le défi qui nous oblige à nous salir les mains dans la transformation de notre humanité, à travers notre service missionnaire, sans jamais oublier que l’unique et le véritable protagoniste de la mission est et sera toujours le Seigneur.

Si Comboni a voulu consacrer son Vicariat à ce Cœur, qui n’est rien d’autre que l’amour sans limites que Dieu a pour chacun de nous et pour toutes les personnes vers lesquelles il nous envoie comme ses missionnaires, je crois que cela vaut la peine de vivre cette fête en renouvelant notre disponibilité afin que le Seigneur réalises ses projets pour nous, en reconnaissant que la mission qui naît de son Cœur a devant soi un avenir beau. Et pour cela nous devons la vivre dans la confiance que le Seigneur ne va pas nous décevoir.
Bonne fête à tous.
P. Enrique Sánchez G., mccj

Evènements au Ghana

Ghana1. Nous avons rencontré à Dadome certains enseignants que In My Father’s House(IMFH) a sponsorisés. Le but était de semer dans leur Cœur le désir de se sacrifier pour la proclamation de la Bonne Nouvelle aux pauvres et aux abandonnés. Le fait qu’ils aient été sponsorisés par IMFH est une prédisposition pour faire ce pas. IMFH est une Institution témoignant de la Bonne Nouvelle aux « tout petits.» Ils ont accepté commencer le cheminement avec LMC. Nous avons ainsi décidé de nous rencontrer de temps en temps. La prochaine rencontre sera le 28 juin.

Ghana

2. A IMFH, l’opportunité nous a été donné de parler de nous durant la visite des Knights and Ladies of St John. Comme ils ont déjà le désir d’être proches des enfants, ils constituent un terrain très favorable pour produire de zélés et engagés LMC. Nous leur avons parlé de qui nous sommes et ce que nous faisons. Les fruits ont déjà commencé par émerger.

3. Le Conseil Provincial des MCCJ a choisi deux prêtres pour cheminer avec nous. Ils sont le Rév. p. Jean de Dieu Hounongbe (promoteur de vocation) et le Rév. P. Yves Gbenou (membre du Conseil Provincial). Le Rév. p. Abel Guéli (Secrétaire de la Commission Animation missionnaire) est, quant à lui, choisi pour représenter les MCCJ à la prochaine rencontre continentale. Nous sommes très contents de la manière dont Dieu nous conduit et remercions le Conseil Provincial pour tout son attention et effort de nous donner la formation adéquate comme partageant le même charisme combonien.

Ghana

4. Parlant de l’implication des MCCJ dans notre cheminement, nous voulons remercier Dieu pour le quarantième anniversaire de l’ordination sacerdotale du Rév. P. Joseph Rabbiosi. Il est jusqu’à maintenant notre aumônier. Il s’est donné totalement pour le bien et la consolidation des LMC. Il est le plus proche de nous, nous prodigue des conseils et nous montre les voix de nous engager. Nous remercions Dieu pour sa vie et prions que le Seigneur fasse de lui un missionnaire «saint et capable.”

5. Le 24 mai, nous avons tenu notre treizième rencontre à IMFH. Comme d’habitude maintenant, nous eûmes la célébration Eucharistique. Après, nous avons rencontré les parents de certains lycéens (élèves sponsorisés par IMFH). Le but était d’impliquer les parents dans la formation scolaire de leurs enfants. L’esprit de «sauver l’Afrique par l’Afrique», «les africains devront prendre leur destinée en main» était notre motivation. Certains des enfants peuvent être pris en charge par leurs parents ou relatives et ce fut notre but.

Ghana

Après cette rencontre avec les parents, nous continuâmes avec notre rencontre LMC. Parmi les nombreux points discutés sont notre structure LMC, le logo, les différents moyens de générer des fonds pour notre Association. Nous avons aussi discuté de comment générer des fonds au sein de IMFH pour supporter la même Institution IMFH (ceci fut une expérience en Ouganda avec les travailleurs de Good Samaritain). Le coordinateur a fait un rapport annuel de nos activités que nous avons parcouru pour voir comment nous évoluons. Les défis sont grands. La prochaine rencontre sera le 28 juin. Nous espérons les rév. p. Jean de Dieu et Yves Gbenou être parmi nous pour continuer le chemin avec nous.

Justin Nougnui, coordinateur.

La vison ecclésiale qui émerge du “Plan” de Comboni

Comboni

«Comboni – qui croit à l’unicité du genre humain et dans le fait que l’Evangile doit, pour cela, être annoncé à tous – assume une attitude de démystification prophétique de cette forme culturelle raciste…» (Prof. Fulvio De Giorgi, Conseil de Direction de ‘Archivio Comboniano’).

 

Situer dans le contexte
Une réflexion actuelle sur le “Plan” de Comboni qui ne soit pas purement historique, mais qui soit de type spirituel, pastoral, missiologique (c’est-à-dire qui assume un point de vue de la foi, de l’appartenance à l’Eglise catholique et de ‘descendance’ combonienne) doit, de toute façon, partir de la nécessité de le situer et de se situer dans le contexte et ne peut pas se fonder sur un plan de lecture directe et immédiate, c’est-à-dire sans des médiations, comme s’il s’agissait d’un texte écrit aujourd’hui. Son actualisation doit s’échapper des dangers d’un certain “fondamentalisme actualisant”, ce qui serait un défaut d’ingénuité: cela conduirait, dans la meilleure des hypothèses, à des banalisations, mais pourrait aussi courir des dangers de graves déformations. N’importe quel texte de son temps (non seulement de Comboni) ne peut pas être lu sans les filtres du contexte: autrement celui qui, à ce moment historique-là était – par exemple – antiraciste, risquerait même d’apparaître aujourd’hui raciste.

Il ne s’agit pas seulement de traduire un langage du XIX siècle dans un langage d’aujourd’hui (par une opération qui n’est pas uniquement de sémantique historique): même si déjà seulement cela fait apparaître un problème plus vaste, celui des formes de continuité/discontinuité culturelle (et spirituelle) entre nous et nos Pères et nos Mères du passé, entre notre vision et la leur.

Comboni se situe à l’intérieur de l’Eglise catholique: et nous aussi aujourd’hui. Mais l’Eglise catholique est un organisme vivant qui grandit: elle a donc ‘grandi’ par rapport au XIX siècle. Dans cette croissance est comprise aussi son auto conscience: la vision ecclésiale elle-même. Voilà donc que nous ne pouvons pas nous retrouver exactement” dans les schéma des années de 1800: autrement cela signifierait que tout est arrêté, que le christianisme n’est pas vivant mais mort, et que notre tâche ne serait pas historique mais archéologique…

Actualité et prophétie
Ainsi est-il évident que le paradigme ecclésiologique de Comboni, sa vision ecclésiale, était celle de Vatican I° et non celle de Vatican II; que sa culture, dans laquelle se déterminaient beaucoup d’aspects de la même vision ecclésiale, était celle de la région de Lombardie et de Vénétie du XIX siècle et non pas celle du XXIème. Mais alors, qu’est-ce que cela signifie cette observation, évidente, au plan de notre lecture? Quels sont donc les traits de continuité et d’actualité et de prophétie et quels sont ceux de la discontinuité, dans lesquels il y a eu un dépassement (c’est-à-dire une croissance)?

Plus les éléments culturels de Comboni se rapprochent de l’Evangile, plus il y a continuité: l’Eglise annonce l’Evangile du Christ comme une proposition de libération que Dieu adresse à tout le genre humain (ce qui n’était pas évident à ce moment-là, comme il ne l’est pas encore aujourd’hui, c’est que cela comporte l’unité du genre humain: il n’y a qu’un seul genre humain et tous les hommes et toutes les femmes sont fils et filles de Dieu, avec la même dignité personnelle). Si donc, à la moitié du XIX siècle, se formait, au cœur de l’Europe, une forme culturelle nouvelle qui était le racisme, Comboni était étranger et hostile par rapport à ces processus culturels. Le racisme comportait deux points essentiels, comme forme culturelle: 1. Il existe les races humaines (en général on les réduit à trois); 2. Il y a des races inférieures et des races supérieures. Comboni – qui croit à l’unicité du genre humain et dans le fait que l’Evangile doit, pour cela, être annoncé à tous – assume une attitude de démystification prophétique de cette forme culturelle raciste. Sur cela, donc, non seulement il y a continuité, mais il y a une actualité permanente de cet approche, vu que, de manière explicite ou plus souvent dissimulée demeurent encore aujourd’hui des visions racistes, qui peuvent entrer même dans la vision ecclésiale.

Discontinuité comme croissance
Des éléments culturels de discontinuité, par contre, sont ceux liés davantage à la spécificité de mentalité et de pensée de l’époque: une ignorance ‘géographique’, ethnographique, culturelle des Européens par rapport à beaucoup d’endroits de la planète et à de larges secteurs de l’humanité; une présence – pourtant – de fantaisies mythique et de lieux communs traditionnels (même religieux: par exemple la soi-disant ‘malédiction de Cam’) qui comblaient ces vides de connaissance qui aujourd’hui peuvent apparaître comme des ‘préjugées racistes’ (pré-jugés, oui, comme nous tous nous en avons; racistes non, parce qu’ils ne participaient pas – comme je l’ai déjà dit – des aspects spécifiques de cette forme culturelle-là).

Comprendre cette différence est essentiel sur le plan méthodologique, pour mettre dans un cadre la réflexion sur le “Plan” de Comboni, sur sa vision ecclésiale et sur son actualité prophétique.

Unité, utilité et simplicité
Si en effet nous partons d’une optique raciste, alors nous croyons que la civilisation européenne est supérieure et pour cela même qu’elle est destinée à dominer sur les autres: en les condamnant à un développement ‘séparé’ (apartheid) ou en en ‘civilisant’ d’en haut et de l’extérieur certains aspects, pour mieux les dominer et les exploiter, dans le but de développer davantage la civilisation considérée comme supérieure. Comboni dans son “Plan” assumait par contre un paradigme opposé: celui de l’unité du genre humain. Dans ce cadre, il est possible que certains peuples (historiquement ce sont les européens, mais il était possible que cela arrive à d’autres) arrivent avant, pour des causes historiques, à des conquêtes qu’on considère positives (par exemple l’écriture, l’alphabétisation, la médecine, la science et la technologie): il faut alors faire connaître à tous ces conquêtes, il faut les partager et les mettre à la disposition de tous pour ‘régénérer’ toute l’humanité, pour en améliorer l’existence réelle, et diminuer toutes les formes de souffrance, de pauvreté, d’injustice, dans le but, en un mot pour l’utilité commune. Mais cette ‘civilisation’ (c’est-à-dire le ‘partage de conquêtes de civilisation’) ne doit pas être imposée d’en haut et de l’extérieur: s’il en était ainsi, même avec les meilleures intentions, on introduirait une asymétrie et donc un possible déséquilibre et une domination. La civilisation/partage doit être proposée et réalisée à partir du bas et de l’intérieur, avec un protagonisme en première personne de ceux qui en reçoivent les bénéfices, sans astuces et sans des médiations compliquées, mais dans la simplicité: seulement ainsi elle sera ré-génératrice (c’est-à-dire implicitement émancipatrice). Les résultats alors seront toujours générants et générateurs, c’est-à-dire créateurs et innovateurs, autochtones et originels, non nécessairement semblables (c’est-à-dire assimilés) au modèle européen, mais non plus hostiles par rapport à celui-ci: parce qu’ils sont le fruit d’une rencontre fraternelle, où l’on cherche le bien de tous, et non d’une rencontre déséquilibrée (c’est-à-dire, en réalité, d’un choc de cultures) où l’on poursuit le bien seulement d’une partie (la plus forte).

Ainsi, les présupposés de la vision ecclésiale de Comboni dans son “Plan” peuvent être résumés dans ses paroles – symbole, encore très actuelles: unité, utilité, simplicité.

La manière d’approcher du Plan
Cette manière d’approcher du “Plan” est en effet d’autant plus actuelle aujourd’hui, dans un monde globalisé et interdépendant (beaucoup plus qu’au XIX siècle), parce qu’elle indique la seule voie possible pour un développement unitaire mais non uniforme du genre humain, dans un plan de non violence et de partage toujours respectueux de l’autre. Cet approche du “Plan” démystifie deux perspectives qui constituent, aujourd’hui, les deux risques les plus importants de déshumanisation: d’un côté des dynamiques de développement inégal, selon des logiques (comme celle du néolibéralisme) qui tendent à faire augmenter la disparité de la richesse, avec des fermetures communautaristes et xénophobes, avec le refus de l’égalité des droits et de la dignité personnelle; de l’autre l’occidentalisation culturelle féroce, avec une destruction massive de la culture locale, comme une homologation universelle, une ‘mcdonaldisation’ du monde.

Cet approche du “Plan”, qui apparaît en syntonie prophétique avec l’enseignement social de l’Eglise (que l’on pense aux indications actuelles du pape François), tout en ayant été formulé dans une période où l’expression même “enseignement social de l’Eglise” n’existait pas encore, était, pour Comboni, une conséquence d’une vision ecclésiale qui devait s’enraciner dans l’Evangile de la libération de Jésus de Nazareth. Il faut donc encore aujourd’hui comme toujours, le ramener à l’Evangile, pour mieux le comprendre et l’actualiser dans la fidélité au charisme: cela est un critère herméneutique essentiel dans la lecture actuelle du “Plan”.

Par conséquence, certains traits de la vision ecclésiologique du “Plan” (qui à l’époque n’étaient pas du tout ni majoritaires ni escomptés, même si on pouvait les lier à une tradition significative de Propaganda Fide) apparaissent prophétiques et encore aujourd’hui porteurs de renouvellement évangélique: l’Implantatio Ecclesiae comme fondation de véritables Eglises locales, avec un clergé indigène; la parité de genre, dans tous les domaines significatifs, spécialement ceux de la vie spirituelle et chrétienne; l’importance – ad intra et ad extra – du laïcat catholique.

Un discours vaste, fécond et riche de développements nouveaux possibles – mais je me limiterai ici seulement à quelques touches – est enfin celui de l’aspect pédagogique du “Plan” qui, avec originalité, mélange des éléments différents: la portée émancipatrice de l’instruction pour tous; l’éducation comme charité intellectuelle; la pédagogie des opprimés.

Vision ecclésiale harmoniquement unitaire
Justement cette organisation pédagogique ouvre à une vision ecclésiale harmoniquement unitaire – parce qu’elle est fondée sur la formation de la conscience – d’évangélisation et de promotion humaine: “La formation que devraient recevoir tous les individus, des deux sexes, appartenant aux Instituts entourant l’Afrique, serait basée sur un enracinement dans l’esprit du Christ, une intégrité des mœurs, la fermeté dans la Foi, les principes de la morale chrétienne, la connaissance du catéchisme catholique, et les rudiments du savoir humain de première nécessité” (E 826).
Prof. Fulvio De Giorgi
(Conseil de Direction de ‘Archivio Comboniano’)

 

Le Plan de Comboni et la ministérialité

ComboniEn faisant une lecture actualisée du Plan de Daniel Comboni, à partir des défis missionnaires d’aujourd’hui, nous découvrons deux intuitions prophétiques dont la valeur, au fur et à mesure que le temps passe, ne fait que grandir:

1. “La régénération de l’Afrique par l’Afrique elle-même” (Ecrits 2753).

Daniel Comboni est convaincu, à partir de son expérience et de celle d’autres grands apôtres, que l’unique route à suivre pour cette “régénération” est celle de faire participer le peuple africain en tant que protagoniste de son histoire et constructeur de sa libération.

2. “[Trouver] un écho d’approbation et un appui favorable dans les cœurs des catholiques du monde entier, qui sont investis et pénétrés par l’esprit de cette charité surhumaine qui embrasse l’immensité de l’univers et que le divin Sauveur est venu porter sur la terre” (E 2790).

Avec une audace encore plus grande, Daniel Comboni déclare que la réalisation de ce Plan pour la régénération de l’Afrique a besoin de la collaboration inconditionnelle de toutes les instances de l’Eglise et de la société civile, en dépassant toutes les frontières, les préjugés et les arguments.

Ces pages présentent une réflexion autour de ce dernier aspect, c’est-à-dire de l’urgence d’unir tous les “catholiques” en faveur d’une unique mission. Le terme “ministérialité” (ministerium = diakonía = service) nous aide à mieux traduire la pensée et la pratique de Daniel Comboni, même si nous sommes conscients du fait que, dans le Plan, il n’utilise jamais ce mot et qu’il s’agit d’une idée qui ne correspond ni au langage baroque ni à la théologie de son époque, celle du concile de Trente. “Ministérialité” indique, dans notre manière de penser, la responsabilité missionnaire que tous les baptisés, sans exception, ont de faire émerger le Règne d’amour et de justice (la fraternité universelle) instauré par la personne et par l’avènement de Jésus Christ au milieu de nous. Daniel Comboni ne proposait pas simplement une stratégie d’organisation, mais une manière d’être une Eglise mûre.

Nous allons directement au texte du Plan, pour nous rendre compte de la grandeur de sa vision (cf. la dernière édition qui porte la date ‘Vérone 1871’, E 2741-2791).

A) Quel est le fondement théologique que Daniel Comboni pose à la base de son Plan?

Il s’agit d’un fondement christologique et d’une réponse selon le style du martyr:

  • Le catholique considère l’Afrique “non point à travers le prisme des intérêts humains, mais suivant la pure clarté de sa Foi” et là il découvre “un nombre infini de frères appartenant à sa propre famille ayant un Père commun dans le ciel …”. Alors “transporté par un mouvement de cette charité allumée par une divine flamme sur le sommet du Golgotha, sortie du côté du Crucifié pour embrasser toute la famille humaine …” il sent redoubler les battements de son cœur “et il semble qu’une impulsion céleste le pousse vers ces régions hostiles pour y étreindre entre ces bras ces malheureux frères et donner à tous un baiser de paix et d’amour …” (S 2742).
  • C’est justement par la force de cette charité qui jaillit du côté du Christ que Daniel Comboni est disposé à “verser notre sang jusqu’à la dernière goutte” (S 2753) pour ses frères les plus pauvres et les plus abandonnés. Nous pouvons ainsi dire que la motivation qui anime toute la vie de Comboni est le reflet d’une foi solide en la rédemption que le mystère pascal du Christ nous a procurée et qui constitue le principe de toute action missionnaire. En d’autres mots, la “ministérialité” (le service missionnaire) que Daniel Comboni demande dans son Plan fait référence à Jésus Christ qui est le serviteur par excellence du Père, pour réaliser son Plan de salut; et à l’Eglise, qui est envoyée pour servir l’humanité pour continuer la mission de miséricorde de son Seigneur.

B) Quelle est la vision de l’Eglise de Daniel Comboni, pour demander un tel engagement à tous les catholiques, sans distinction?

Il s’agit d’un défi qui, aujourd’hui comme hier, se présente presque impossible, surtout si nous pensons au découragement et à la frustration qui se cachent chez beaucoup de responsables d’Eglise.

L’amour que Comboni sent pour la Nigrizia le conduit à demander concrètement:

  • l’aide et la coopération des Vicariats, des Préfectures et des diocèses, déjà établis autour de l’Afrique (E 2763);
  • la création d’instituts pour garçons et filles noirs, dans des localités stratégiques, autour de toute l’Afrique (E 2764-65);
  • que les Ordres religieux et les institutions catholiques masculines et féminines approuvées par la Congrégation de Propaganda Fide dirigent ces Instituts (E 2767);
  • la fondation en Europe de petits collèges pour les missions africaines, pour ouvrir la voie de l’apostolat en Afrique à tous les ecclésiastiques séculiers des nations catholiques, qui se sentaient appelés par Dieu à cette sublime mission (E 2769);
  • la possibilité d’établir des Instituts religieux féminins de l’Europe dans des Pays de l’intérieur de l’Afrique les moins dangereux, vu que la femme européenne a fait preuve d’une résistance plus grande que les missionnaires hommes, et cela à cause de sa capacité d’adaptation physique, de ses capacités morales et de ses habitudes domestiques et sociales (E 2780);
  • pour coordonner ce projet, qu’on établisse une société formée de personnes intelligentes, généreuses et très actives, en mesure de traiter avec toutes les Associations qui puissent assurer les moyens économiques et matériels (E 2785) et qui puissent convoquer toutes les forces du catholicisme en faveur de l’Afrique (E 2784-88).

L’objectif que Daniel Comboni veut rejoindre est celui de donner sa dignité au peuple africain tout entier:

  • non seulement aux populations de l’Afrique de l’intérieur, mais aussi à celles répandues sur les côtes et à toutes celles de la grande Ile… et à toute la race noire (E 2755-56);
  • les jeunes africains seront formés pour être des catéchistes, des enseignants, des ouvriers, des agriculteurs, des infirmiers, des médecins, des pharmaciens, des menuisiers, des tailleurs, des maçons, des cordonniers, habiles et vertueux, etc. (E 2773);
  • les jeunes filles africaines, de leur côté, recevront une formation pour devenir des institutrices, des maîtresses et des mères de famille; elles devront promouvoir l’instruction des femmes… (E 2774);
  • du groupe des catéchistes, on choisira les sujets les plus distingués par leur piété et leur savoir, qui paraîtront avoir une certaine disposition pour le sacerdoce, et on les destinera à l’exercice du saint ministère (E 2776);
  • parmi les jeunes filles africaines qui ne voudraient pas se marier, on choisira également la section des Vierges de la Charité, formée de jeunes filles les plus distinguées par leur piété et par l’instruction pratique qu’elles ont pu acquérir du catéchisme, des langues et des travaux qui conviennent aux femmes (E 2777);
    • dans le but de cultiver les sujets les plus perspicaces, pour les former à devenir des responsables valables et éclairés des Missions et des communautés chrétiennes de l’intérieur de l’Afrique, on pourra fonder de petites Universités théologiques et scientifiques, qu’on placerait sur les lieux les plus importants des côtes de l’Afrique (Alger, le Grand Caire, St. Denis dans l’Ile de la Réunion, et devant l’Océan Atlantique). Sur quelques autres points on pourrait fonder graduellement des écoles professionnelles pour le perfectionnement des ouvriers jugés les plus expérimentés (E 2782-83).

En faisant une synthèse, dans cette proposition de Daniel Comboni nous trouvons une vision ecclésiologique extrêmement ouverte et intégrale, qui valorise tous les ministères (depuis celui du Pape jusqu’à celui de l’humble catéchiste et de l’ouvrier) quand il s’agit de réaliser la mission en faveur des plus pauvres. Et cela non seulement pour une raison simplement philanthropique ou pour un sentiment romantique d’héroïsme, mais pour la raison solide qui jaillit de l’événement du baptême, qui nous révèle de manière existentielle l’amour de Dieu et qui nous rend frères dans la même vocation de sainteté et de capacité. Cette manière pratique de créer la ministérialité trouvera un écho seulement un siècle plus tard dans la théologie post conciliaire, avec le concile Vatican II.

Les aspects que nous venons d’indiquer méritent une étude plus complète; pour des raisons d’espace nous présentons, sous la forme d’un décalogue, une série d’enseignements que nous pouvons trouver dans le Plan de Comboni:

1) Daniel Comboni reconnaît l’importance du ministère du Pape, avec lequel il dialogue personnellement en plusieurs occasions, et de Propaganda Fide. C’est à eux qu’il adresse son Plan, en donnant une preuve de communion ecclésiale.

2) L’audace de ses “rêves” naît de sa confrontation avec la réalité de la souffrance et de l’oppression dans laquelle vivent ses frères et sœurs. Son Plan est le fruit de la solidarité, à l’intérieur d’une méthodologie missionnaire de l’incarnation.

3) Dans son attitude, on voit la capacité d’interaction avec n’importe quelle personne, avec maturité humaine et spirituelle. La ministérialité du Plan suppose des personnes intégrées et capables de relations authentiques.

4) Il y a une anthropologie qui va au-delà de son époque et qui regarde les personnes en reconnaissant leur dignité.

5) Du Plan émerge une manière d’être Eglise dans la communion et la participation, née de la consécration baptismale et de la vocation commune à la vie plénière en Dieu.

6) Le laïcat trouve son expression ministérielle la mieux accomplie. Non pas dans un ordre pyramidal, mais comme peuple de Dieu, dans la coresponsabilité.

7) La femme, en particulier, trouve son espace pour sa propre mise en valeur en tant que femme et dans sa consécration. En cela, Comboni est vraiment un pionnier.

8) Le travail d’évangélisation que le Plan laisse entrevoir est un travail intégral, aucune dimension humaine n’est exclue. Toutes les dimensions humaines font partie du projet de Dieu.

9) L’insertion stratégique proposée, afin que le travail soit possible sans d’autres tragédies, suppose une préoccupation admirable pour la planification et l’évaluation.

10) Tout cela est inscrit dans le mystère de la Croix, en sachant qu’il s’agit de consigner volontairement sa vie, mais surtout avec la confiance que les œuvres de Dieu naissent et grandissent aux pieds du Calvaire. Et que c’est l’Esprit saint, hier comme aujourd’hui, qui conduit la mission.

P. Rafael González Ponce mccj

[Portugal] Le palais de l’apprentissage

Le voyage à Paris m’a amené au “palais de l’apprentissage”, la maison des Sœurs Missionnaires Comboniennes qui fréquemment donnent «refuge» à ceux qui cherchent à connaître et à apprendre le français afin de mieux servir la mission.

Ici, j’ai retrouvé Palmira. Palmira – Missionnaire Séculière Combonienne – est là depuis deux mois à Paris étudier pour mieux se préparer à partir pour la République Centrafricaine où elle ira intégrer et collaborer avec la communauté LMC qui y est présente.

Toujours animée, Palmira attend avec espoir et enthousiasme missionnaire le moment de son départ et, la situation dans laquelle se retrouve actuellement la République Centrafricaine, loin de la décourager, devient force pour avancer.

«Pourquoi me demander si je veux partir ? Bien sûr! Je suis ici pour cela et mon désir est être en mesure de servir cette mission» – a dit Palmira remplit d’enthousiasme missionnaire.

Pendant ces jours, nous avons réussi à entrer en contact avec Élia qui se réjouit avec la force de Palmira. Élia nous a réaffirmé son envie de continuer à partager sa vie avec ce peuple : «il y a la fatigue, mais rien ne me donne envie de partir. Si Palmira vient, nous serons ensemble dans ce chemin missionnaire. Dans les moments difficiles famille missionnaire est mon refuge et assistance».

Veronica, pour des raisons professionnelles, est en France depuis octobre . Veronica était heureuse tant au niveau professionnel que sur le plan pastoral et a voulue offrir aide à Palmira pour ce dont elle a besoin.

Ici, je veux remercier le Père Luciano qui m’a accompagné pendant ces jours , les Sœurs comboniennes qui m’ont accueilli si bien ; merci à Veronica par un fabuleux dîner qui nous a donné qui est devenu un bon moment missionnaire ; et, surtout, un merci beaucoup, beaucoup à Palmira pour tous les partages.

Dieu marche avec nous sur cette route vers la mission qu’Il nous confie.

par Susana Vilas Boas