Laïcs Missionnaries Comboniens

Agroécologie au Brésil

Brasil

L’agroécologie est encore très timide dans la région de Tocantina de Maranhão. Nous espérons que cette initiative pourra faciliter l’adoption de cette innovation, qui est à la fois un ensemble de pratiques agricoles, une science et un mouvement social. Pour cela, la collaboration et le dialogue avec les différents acteurs sont très importants, tels que les institutions d’enseignement et de recherche (Maisons Rurales Familiales, IFMA, UEMASUL …), les syndicats, les établissements, les mouvements sociaux ruraux, les organisations d’assistance technique, les secrétariats municipaux des l’agriculture et la société en général. Mais surtout avec des agriculteurs innovants et agités. Nous sommes prêts à ajouter à ce voyage commun.

Avec sous-titres en portugais, espagnol, anglais, italien et français.

LMC au Brésil

Laïcat et Ministérialité

Laicado
Laicado

Laïcat et ministérialité

Nous essaierons de faire une réflexion sur la ministérialité dans une perspective laïque, en particulier du point de vue de la vocation missionnaire combonienne. Cependant, avant d’aborder ces ministères et services du point de vue de la foi, je pense qu’il est important de cadrer le sujet.

Notre vie prend un tournant lorsque nous avons une rencontre personnelle avec Jésus de Nazareth. Nous partageons cette société avec de nombreux hommes et femmes de bonne volonté. Chacun avec des principes et des valeurs qui guident ses actions et ses choix de vie. Mais pour nous, il y a un “avant” et un “après” dans la connaissance de Jésus. Comme les premiers disciples, nous avons un jour rencontré Jésus sur notre chemin. Nos cœurs bondissent et nos lèvres demandent “Où demeures-tu ?”. Et sa réponse a été “venez et voyez”. À partir de ce moment, notre vie a changé.

Nous sommes arrivés à cette rencontre de multiples façons : pour beaucoup, c’est grâce à nos familles, à nos communautés chrétiennes, à nos amis, aux circonstances de la vie qui nous sont arrivées… la casuistique est sans aucun doute très vaste. Mais ce qui est vraiment décisif, c’est la réponse donnée, à partir de notre liberté, et les conséquences de cette réponse dans chacune de nos vies. La réponse est libre, personne ne nous oblige à la donner, c’est une grâce que nous avons reçue et, par conséquent, la reconnaissance d’une nouvelle vie.

Le laïc est avant tout un disciple du Christ. Il ne s’agit pas de suivre une idéologie ou simplement de lutter pour des causes justes qui contribuent à une nouvelle humanité plus juste et plus digne pour tous, ni de suivre tous les préceptes de la religion qui peuvent nous aider dans notre relation avec Dieu. Être chrétien signifie avant tout suivre Jésus, sortir de notre zone de confort et se mettre en route. Prendre ce qui est nécessaire pour aller légers et être toujours ouverts et disponibles dans cette suite. Jésus nous montrera, sur ce chemin, quelle est notre part de responsabilité dans la proclamation et la construction du Royaume.

Nous disons que nous sommes en constant discernement, ce qui n’est qu’un état de dialogue constant avec le Seigneur. Il est vrai qu’il y a des moments de discernement particuliers dans la vie de chacun. Ce sont ceux qui concernent sa vocation principale, comme dans le cas du mariage ou la vocation à laquelle nous nous sentons appelés, comme la vocation missionnaire, et aussi le type de profession par laquelle nous voulons ou sentons que nous pouvons servir les autres, en choisissant un certain type d’études ou un autre, un certain travail ou un autre. Il est fondamental pour la vie de chacun de comprendre cet appel à être infirmière, médecin, professeur, chef d’entreprise, avocat, éducateur, ou à travailler dans le domaine social, ou à être politicien, artisan, etc.

Des moments vitaux qui, à l’adolescence, à la jeunesse et à l’âge adulte, se présentent de manière significative. Mais, au-delà de ces moments, qui nous maintiendront sur le chemin dans les moments difficiles, dans ce chemin nous voulons rester à l’écoute. Nous ne voulons pas nous asseoir. Dans la vie, de nouveaux défis et de nouveaux appels sont continuellement présentés par Jésus. Pour nous, en tant que missionnaires, préparer notre valise fait partie de notre vocation. Nous sommes appelés à accompagner des personnes, des communautés pendant un certain temps, puis à partir, car partir est une partie essentielle. Sortir ou continuer à se développer. Nous ne restons pas les mêmes pendant des années parce que nous reconnaissons que les besoins changent. Nous sommes appelés à quitter notre terre et à voyager dans d’autres pays, dans d’autres cultures ; nous sommes appelés à réaliser de nouveaux services, à retourner dans nos lieux d’origine, à prendre de nouveaux engagements : tout cela fait partie de notre vocation. Dans chaque appel, dans chaque nouveau changement, nous devons comprendre quels sont les plans du Seigneur pour nous. Parce qu’il nous demande d’aller sur un autre continent ou de retourner à notre lieu d’origine alors que nous nous en sortions si bien avec ces gens, alors que nous y paraissions même si nécessaires, la vie nous amène à changer de lieu, à recommencer…

Pourquoi lorsque nous avons l’impression d’être arrivés dans un dernier port, y a-t-il quelque chose en nous qui nous interroge, qui nous inquiète ? C’est le Seigneur qui nous parle. Avec lui, nous avons une relation amicale qui nous aide à grandir. En tant qu’amis, nous partageons la vie et les nouveaux projets qui la traversent. Avec des moments de plus grande stabilité mais aussi avec des moments de nouveaux défis. Nous ne sommes pas venus pour nous reposer sur cette terre, mais pour rendre la vie fructueuse, pour permettre et pour lutter afin que d’autres puissent en profiter aussi.

Nous répondons à cet appel non seulement individuellement mais aussi au sein d’une communauté. Nous ne marchons pas seuls. Cela fait partie de notre vocation chrétienne, l’appartenance à l’Église, tout comme nous nous sentons aussi partie de l’humanité tout entière. Et en tant que membres de cette Église, nous nous sentons appelés à un service commun. En tant que Laïcs Missionnaires Comboniens (LMC), nous ressentons cette appartenance à l’Eglise de Jésus. Et nous pensons que cette vocation spécifique que nous avons reçue est une vocation et une responsabilité communautaire. Nous avons un appel personnel mais aussi un appel en tant que communauté et communauté de communautés. Nous reconnaissons l’Église comme un sacrement universel de salut, chacun ayant sa spécificité, ses dons et son charisme propres pour la proclamation et la construction du Royaume.

Jésus appelle ses disciples à vivre, à marcher sur le chemin en communauté. Nous savons que ce n’est qu’avec l’aide de Jésus que nous pouvons marcher et, en tant que communauté, nous avons besoin de cette profonde spiritualité qui nous unit à Jésus, au Père et à l’Esprit. Un chemin où la prière, la vie de foi et la communauté deviennent une nourriture et une référence pour la vie du LMC.

La centralité de la mission en Comboni. L’Église au service de la mission

Comboni a été très clair sur la centralité de la mission dans sa vocation et sur la nécessité de celle-ci dans l’Eglise. Devant les besoins de nos frères et sœurs les plus démunis, nous sommes appelés à donner une réponse. Et cette réponse est tellement nécessaire et complexe que nous ne sommes pas appelés à la donner individuellement mais en tant qu’Église. Chacun de nous, chrétiens, est appelé à répondre à cet appel. Quel que soit notre statut ecclésial, chacun de nous doit donner une réponse de foi. Jésus appelle chacun à marcher. Et c’est en raison de la complexité des besoins qui existent que l’Esprit suscite dans le monde et dans son Église différentes vocations, différents charismes qui apportent leur contribution à cette réalité.

Identifier l’Église avec le clergé ou même avec les religieux et les religieuses, c’est ne pas comprendre Jésus, c’est ne pas écouter l’Esprit. L’activité et l’appel au sacerdoce ou à la vie religieuse sous ses nombreux aspects sont fondamentaux pour le monde, mais pas plus que l’engagement de chacun des laïcs. L’Église n’a pas seulement une responsabilité liée à la religiosité et à la spiritualité des gens. Nous avons une responsabilité sociale, familiale, environnementale, éducative, sanitaire, etc. avec le monde entier.

Les choses de tous les jours sont les choses de Dieu. Les petites choses sont les choses de Dieu. L’attention portée à chaque personne dans les besoins concrets et globaux est la responsabilité des disciples de Jésus. Et dans toutes ces choses, le rôle des laïcs est fondamental, de l’homme et de la femme, dans le domaine matériel et spirituel… c’est ainsi que Comboni l’a compris et c’est ainsi que nous le comprenons aussi.

Comboni

Le laïc dans le monde

Dans cet appel global que nous avons reçu, l’Église se présente comme une communauté de référence. C’est une nourriture pour le service. C’est un lieu pour reprendre des forces, pour se nourrir d’une manière privilégiée mais pas unique.

En tant que laïcs, nous sommes appelés à créer des racines qui stabiliseront le sol et l’enrichiront, nous sommes appelés à créer des réseaux de solidarité et de relations qui articulent la société, à travers la famille, les petites communautés de copropriétaires, les quartiers, les entités sociales, les entreprises … nous sommes de grands créateurs de réseaux de relations, de collaboration et de travail. Nous vivons impliqués dans tous ces réseaux et nous sommes appelés à les animer, à leur donner une spiritualité afin qu’ils soient au service des gens, surtout des plus faibles. Nous sommes appelés à inclure toutes les personnes. Notre regard doit se concentrer sur les personnes les plus pauvres et les plus abandonnées dont Comboni a parlé, sur les exclus de cette société, ce doit être un regard qui nous pousse à rester dans les banlieues parce que c’est d’en bas que les choses sont vues d’une manière différente. Nous ne pouvons pas nous adapter à une société où tout le monde n’a pas une vie décente. Une société où l’on récompense l’avoir et non pas l’être, une consommation qui dévaste une planète finie qui crie et revendique notre responsabilité globale.

Cette vision qui doit remettre en question nos vies exige des actions concrètes.

L’appel du laïc est un appel au service de l’humanité. Un appel qui, pour certains, sera au service de notre Église. Nous ne pouvons pas penser que le bon laïc est celui qui aide dans la paroisse mais perd de vue notre vocation de service au monde. Certains services internes sont nécessaires mais l’Eglise est appelée à sortir. Pour aller avec Jésus sur la route, pour aller de village en village, de maison en maison, pour aider dans les petites et les grandes choses. Nous sommes appelés à être le sel qui donne la saveur, la levure dans la pâte… appelés à être dans le monde et à y contribuer de manière significative. Nous ne pouvons pas rester à la maison où nous nous sentons bien, où nous nous comprenons les uns les autres. Nous sommes appelés à sortir. L’Église n’est pas née pour elle-même, mais pour être une communauté de croyants qui suivent Jésus et servent les plus démunis. C’est pourquoi nous nous sentons appelés à contribuer à la croissance des communautés humaines (y compris les communautés chrétiennes).

Quelle réponse sommes-nous en train de donner en tant que LMC ?

Actuellement, il y a une large réflexion dans toute l’Église sur le spécifique de la mission, sur ce que sont et doivent être nos services en tant que missionnaires, nos ministères spécifiques. Nous avons désormais perdu la référence géographique de la mission, la référence entre un Nord riche et un Sud à développer, où les inégalités et les difficultés sont présentes dans tous les pays, même si dans certains continuent à concentrer l’essentiel des richesses et des possibilités alors que dans d’autres les difficultés sont beaucoup plus graves … En effet, la pauvreté sévit parmi les sans-abris dans les pays dits riches, les migrations forcées dues à la pauvreté, les guerres, les persécutions pour diverses raisons, le changement climatique et d’autres facteurs aggravent un phénomène qui a toujours été présent dans l’humanité. La pandémie COVID-19 nous rappelle la globalité de notre humanité au-delà des barrières et des frontières. Elle nous affecte tous et tous de la même manière. Jusqu’à présent, l’argent semblait être le seul moyen de voyager sans passeport, mais il semble maintenant que le virus le puisse aussi.

Ce n’est que dans un monde juste que nous pouvons tous vivre dans la paix et la prospérité. Les inégalités salariales, les conflits, la consommation imprudente au point de faire fondre la glace aux pôles, etc. finissent par affecter et avoir des conséquences pour toute l’humanité. Les barrières et la police, que ce soit aux frontières, dans les maisons ou dans les zones urbaines de ceux qui ont plus, ne permettront pas d’obtenir un monde meilleur pour tous ou pour ceux qui se réfugient derrière.

Face à tout cela, le débat et la réflexion sur les spécificités du laïcat missionnaire en cette nouvelle ère sont clairs. Je ne prétendrai pas entrer dans le sujet de manière théorique. Je vais simplement vous présenter quelques-unes des activités dans lesquelles nous sommes présents en tant que laïcs pour répondre à l’appel que nous avons reçu.

C’est notre ministère, le service auquel nous nous sentons appelés. La réponse de la vie, non pas théorique, que nous donnons. Je ne m’étendrai pas sur le sujet. Je n’indiquerai que quelques exemples qui peuvent éclairer ; beaucoup d’autres resteront anonymes… ce n’est pas pour rien que nous sommes appelés à être des pierres cachées.

Nous avons des amis qui travaillent avec les Pygmées et le reste de la population en République centrafricaine, un pays où nous sommes présents depuis plus de 25 ans, parmi ceux qui sont considérés comme des esclaves par la majorité de la population ; agir comme un pont d’inclusion ou prendre la responsabilité d’un réseau d’écoles primaires dans un pays qui a connu plusieurs coups d’État et qui est en situation de guerre depuis des années, ce qui ne permet pas à l’État de fournir ces services.

Au Pérou, nous accompagnons les gens des périphéries des grandes villes. Dans les colonies de squatters où les gens de la campagne arrachent un morceau de terre à la ville pour y vivre, sans lumière, sans eau ni égouts. Peu de familles luttent pour une vie digne, elles ont quitté leur village pour la ville afin de manger et de donner une vie meilleure à leurs enfants. Où il y a beaucoup de solidarité entre voisins et d’accueil, mais aussi des problèmes causés par l’alcool, la violence masculine et l’éclatement de nombreuses familles.

Au Mozambique, nous collaborons à l’éducation des jeunes hommes et femmes qui, en quittant leurs communautés à l’intérieur du pays, espèrent pouvoir être formés pour élever le pays. Ils ont besoin d’écoles qui leur donnent cette formation professionnelle et de stages qui leur permettent de vivre pendant la période scolaire, car leur domicile est très éloigné. Accompagner ces jeunes et les communautés chrétiennes fait également partie de notre appel.

D’autre part, nous sommes présents au Brésil, dans la lutte contre les grandes compagnies minières qui chassent les communautés de leurs terres, empoisonnent les rivières et l’air, interrompent les communications ou les isolent avec leurs trains kilométriques qui extraient des minéraux de la région sans se soucier de l’environnement ou du bien des gens.

En outre, dans de nombreux pays européens, nous nous occupons de l’accueil des immigrants. Nous essayons de rendre ce que nous avons reçu lorsque nous étions nous aussi des étrangers. Nous sommes appelés à accueillir ceux qui fuient la pauvreté et les guerres, ceux qui cherchent un avenir meilleur pour leur famille et qui, à leur arrivée, sont confrontés non seulement à des murs de béton et de grillage mais aussi à la peur et à l’incompréhension de la population. Servir de pont avec une population qui continue à être accueillante et solidaire, présente dans les organisations sociales et ecclésiales qui se mobilisent pour accueillir et intégrer les nouveaux voisins. De l’accueil sur la plage à l’aide linguistique, en passant par la recherche d’un emploi, d’une maison, d’un travail administratif ou la reconnaissance de la richesse qu’ils nous apportent et de la valeur ajoutée qu’ils représentent pour la nouvelle société. Valoriser ce qu’ils sont et leurs cultures et être un point de référence pour eux dans un monde qui ne les comprend pas toujours.

Lorsque la société s’effondre et que l’être humain est vaincu, nous ne savons pas quoi faire de ces personnes. L’emprisonnement en prison est la solution que nous avons donnée en tant que société. Mais ces prisons deviennent très souvent des écoles de délinquance et non de réhabilitation, comme elles le devraient. Parmi eux, les APAC qui sont nés au Brésil et qui se développent progressivement. Un système d’emprisonnement où la personne qui arrive est considérée comme une personne à récupérer et non comme un prisonnier, qui est appelé par son nom et non par un numéro. Protagoniste de sa vie, elle est aidée à comprendre son erreur et la nécessité de demander pardon et de réintégrer la société en tant que membre actif. Une méthode où la communauté fait un changement et construit des ponts en récupérant ses fils et ses filles qui ont un jour commis une erreur ; où ces personnes à récupérer ont les clés des portes et, avec d’autres, elles comprennent la dignité d’être enfants de Dieu, le repentir et leur valeur en tant que personnes pour la société.

La façon dont les gens vivent dans les pays disposant de plus de ressources épuise une planète finie. Les relations commerciales internationales appauvrissent beaucoup de gens au profit de quelques-uns… La promotion d’un nouveau mode de vie est essentielle pour changer les paradigmes et les valeurs qui s’avèrent être les seuls valables pour le résultat social et le bonheur. Dans une société où la possession et la consommation l’emportent sur l’être, de nouveaux modes de vie doivent être proposés. C’est aussi ce à quoi nous nous employons en Europe : proposer de nouveaux modes de vie, d’engagement, de responsabilité dans la consommation, dans l’économie, etc.

Nous pourrons ainsi poursuivre les activités liées à une éducation engagée auprès des exclus dans les banlieues de nos villes, dans la prise en charge des malades en montrant le visage de Dieu qui les accompagne et la main de Dieu qui les soigne, dans la prise en charge des sans-abri, des personnes souffrant de dépendances, etc.

En tant que missionnaires, nous sommes et devons faire prendre conscience à tous de la réalité d’un monde globalisé qui exige une action commune, une nouvelle position. Ainsi, chacune de nos petites actions, tous nos grains de sable donnent forme à de petites montagnes où nous pouvons escalader, voir et rêver d’un monde différent.

Pour grimper avec les gens avec qui nous vivons tous les jours. Appelés en particulier vers ceux qui vivent submergés sans possibilité de voir un horizon, de sortir de leurs difficultés, nous sommes appelés à lever la tête et à regarder devant nous, à animer et à accompagner ces communautés. Nous sommes appelés à rester là où personne ne veut aller. Tous appelés à lutter de manière globale pour les problèmes qui sont globaux, à s’unir et à être les promoteurs de réseaux de solidarité dans cette humanité qui habite la maison commune, qui s’avère chaque jour plus petite.

Et entre les deux, de mettre Jésus, la personne qui a changé nos vies. Dieu est le droit de chaque homme et de chaque femme. Nous nous sentons responsables de faire connaître la Bonne Nouvelle, de présenter un Dieu vivant qui est au milieu de nous, qui marche avec nous, qui, comme Jésus de Nazareth nous l’a montré, ne nous abandonne pas et nous accompagne toujours. A l’intérieur de chaque personne, dans les plus démunis, dans la communauté, Dieu attend de chacun de nous, de transformer notre vie, de la remplir de bonheur, de bonheur profond. Dieu attend que nous lui donnions de l’eau vive, cette eau qui remplit la soif de l’être humain.

Que le Seigneur nous donne la force d’être toujours présents et de nous accompagner, d’être un instrument qui amène les gens à le rencontrer et nous garde toujours à ses côtés sur le chemin.

LMC

Alberto de la Portilla, LMC

Mes premiers experiences en RCA

LMC RCA
LMC RCA

Je me sens comme l’un des héritiers  de la Vision prophétique de saint Daniel Comboni de ‘’Sauver l’Afrique par l’Afrique’’ dont aujourd’hui la vision s’est intensifié avec un  Afrique qui sauve le monde. Le seigneur nous dit « Comme le père m’a envoyé moi aussi je vous envoie » (Jn 20,21).

C’était un dimanche dont la matinée promettait un de ces beaux jours du 15 Mars, que j’ai posé mes bagages sur la terre de ma mission, le sol de la république centrafricains, je n’aurais pas des mots juste, pour exprimer ce que je ressentais au fond de moi dans ces instants-là. Je suis arrivé à Bangui, après une longue période de la formation y compris l’expérience communautaire à Kinshasa. ce fut pour moi un moment d’émotion avec un cœur, d’un côté en joie de la mission, de l’autre côté la douleur de séparation car derrière moi j’ai laissé le pays qui m’a vu naître, la terre de mes ancêtres, ma famille, mon travail, ma communauté, mes amis etc… je pouvais encore me souvenir du dernier tête à tête avec mon papa à la veille de mon voyage et ce matin-là à l’aéroport avec ma maman qui m’accompagnais ensemble avec le père aumônier de LMC du Congo, père célestin NGORE et notre coordonnateur de LMC de Kinshasa monsieur Gerald KAMBAJI.

Je savais Désormais que, j’appartenais dans une nouvelle famille, une terre nouvelle m’avais adopté j’étais en joie de savoir que le seigneur m’attendais ici en RCA et que j’aurais des nouveaux frères et sœurs.

Début de l’aventure

Dès mon arrivé à Bangui, j’ai été bien accueilli par le père Claude-Bernard mccj, qui était venu me récupéré et me conduire à la communauté ou je devais habiter. Arriver à la communauté il me présente la place et m’informera que je dois passer 14 jours en quarantaine pour observer si je présente les signe du corona virus. C’est dans cet instant que j’ai réalisé que, J’étais arrivé à Bangui dans un moment marqué par la pandémie du covid-19, ce fus un temps particulièrement difficile pour la délégation combonienne de la RCA car le premier cas du covid19 au pays c’était un père Comboniens, testé positif après son retour de l’Italie et tous ses confrères qui était en contact physique avec lui au moment de son retour à Bangui, ont été mis en quarantaine de 15 jours pour observer si eux aussi été contaminer.

C’est dans ce contexte que l’état avait pris des mesures préventif, pour limiter les risques de contamination dans un pays où il y a peu des structures sanitaires équipées capable de gérer cette pandémie à grande échelle. Donc pour chaque personne qui arrive au sol centrafricains devrais passer une période de mis en quarantaine de deux semaine temps d’observation, c’est dans ce contexte que j’ai passé mes 15 premier jours en quarantaine. Au début C’était des moments difficiles pour moi, des moments de solitude seule dans une pièce qu’à peine je venais faire connaissance. certes j’étais seul physiquement, mais je me sentait ensemble avec des milliers de personnes confiner dans le monde, les prisonniers arrêter injustement dans leur cellule, les malades sans soutiens, des personnes marginaliser et obligé de vivre dans la solitude, et je recevais des messages de soutiens et d’encouragement via le réseaux sociaux venant de tout bords. Je me fortifiai des paroles de notre saint patron ‘’les œuvres de Dieu prennent naissance aux pieds du calvaire’’, et comme c’était pendant le carême j’ai profité pour entrer en profondeur de ce mystère et de présenté encore ma mission au seigneur et passer des moments d’écoutes, enfin comme Comboni j’ai remercié jésus pour les croix.

La découverte de Centrafrique

Apres ma mise en quarantaine j’ai présenté aucun signe de covid19, je pouvais enfin sortir et entre en contact avec les autres, mais en respect des règles barrière. C’est ainsi que ensemble avec les pères nous avons entamé les démarches juridique pour être en règles avec les papiers. Enfin je pouvais découvrir la ville de Bangui je pouvais remarquer des Monument à chaque rond-point de la ville, comme le monument des Martyrs, de la paix, de Barthelemy Boganda et celui de oumar bongo Odima pour citer que ça. Une ville riche en culture. les arbres était couverts par la poussière car ici c’est la saison sèche qui dure six mois, je pouvais voir et écouter les centrafricains, comme c’était beau d’entendre cette nouvelle langue parler avec douceur et beauté une langue dont quelque mot est aussi utiliser en lingala qu’on parle à Kinshasa chez moi. Malgré ce quelque mot qu’on utilise aussi ici, mais c’était compliqué pour moi car je comprenais rien de cette langue qui s’appelle Sango chez moi au Congo le Sango signifie prêtre religieux alors qu’ici c’est le nom d’une langue donc j’ai compris que je dois tout apprendre moi qui pensais que les choses allais se ressemblé car la RDC et la RCA sont des pays voisin et qu’on partage d’autre tribu. J’ai conclus que, je devrais tout apprendre sans exception et que l’Afrique est un, mais ses diffèrent par la culture de chaque pays.

Au moment où le monde entier est touché par le coronan virus, les autorités centrafricains ont décrété urgence sanitaire et invitant la population de se confiner et stricte interdiction de rassemblement de plus de 15 personne donc plus d’école, église, bar et toutes rassemblement sportif ou autre. Mais ici la majorité de la population ne respecte pas le confinement décrété par les autorités, je réalise que c’est difficile pour une population majoritairement pauvre qui vivent au tôt du jour comme on dit ici. Donc ils sont obligés de sortir pour vendre et cherché quoi nourrir leurs familles. C’est ici que j’ai réalisé la grâce du seigneur et la protection divine.

LMC RCA

En ce moment je suis encore à Bangui pour continuer d’apprendre la langue et des choses utiles pour ma mission à Mogoumba. Notre fondateur, saint Daniel Comboni demande de former de saints et capables, en cette période d’apprentissage, je reste patient, ouvert et beaucoup d’écoute j’adopte l’attitude d’un enfant. Je vous demande de prié pour moi, je n’oublierais pas de faire de même.

Enoch, LMC

Le XVIII Chapitre Général et la ministérialité

Hno. Alberto Parise
Hno. Alberto Parise

Dans la vision de l’Evangelii gaudium (EG), la mission de l’Eglise et tous les ministères en son sein sont orientés vers la construction du Royaume de Dieu, s’efforçant de créer des espaces dans notre monde où toutes les personnes, en particulier les pauvres et les exclus, peuvent faire l’expérience du salut de Jésus ressuscité. Les ministères revêtent donc une importance cruciale en tant que lieu de rencontre entre l’humanité, la Parole et l’Esprit dans l’histoire. (Fr. Alberto Parise, dans la photo)

LE XVIII CHAPITRE GENERAL ET LA MINISTERIALITE

Fr. Alberto Parise

Il y a des moments dans l’histoire qui marquent des passages d’époque ou des transitions d’un système socioculturel à un autre, qui est sans précédent, marquant une importante discontinuité. L’époque dans laquelle Comboni a vécu est certainement l’un de ces moments historiques. C’était l’époque de la révolution industrielle, résultat du grand saut que la science et la technologie faisaient, également sur le plan économique et politique. L’Église s’est retrouvée sur la défensive, devant le soi-disant “modernisme” qu’elle percevait comme une menace. C’était une Église assiégée, politiquement et culturellement ; et dans sa résistance, elle courait le risque de l’autoréférentialité. Et pourtant, dans cette période très difficile, elle a connu une grande renaissance : parmi les contradictions et les maux sociaux qui sont apparus avec le nouveau système économique capitaliste industriel, un élan vers l’apostolat social a émergé, à travers le service des laïcs et un grand nombre de nouveaux instituts religieux. Le mouvement colonial – qui répondait à la logique politico-économique et à l’idéologie des États-nations concurrents – s’accompagnait en revanche d’un grand intérêt culturel pour l’exploration, l’exotisme, l’esprit d’aventure. Mais il y a eu aussi la naissance d’un nouveau mouvement missionnaire vers des terres et des peuples lointains. L’Église est ainsi entrée dans une nouvelle ère, avec un fort renouveau spirituel – comme en témoigne la spiritualité du Sacré-Cœur, qui a caractérisé ce temps – et un nouveau modèle missionnaire a émergé.

Le 18ème Chapitre général a été célébré à un moment charnière pour l’Église. Le discernement du Chapitre s’est syntonisé avec la lecture de ce tournant que le pape François avait fait dans l’Evangelii gaudium (EG) : une lecture théologique de la nouvelle époque qui ouvre, dans la pratique pastorale, à un nouvel élan missionnaire. Nouveau, dans le sens où il s’agit de dépasser le paradigme auquel nous sommes habitués : une mission basée sur le modèle géographique, dont les protagonistes sont des missionnaires “corps spéciaux”, véritables pionniers, dont le rôle est de fonder des Églises locales. La réalité de la globalisation et la crise socio-environnementale dévastatrice de notre époque – conséquence du modèle de développement dominant qui n’est pas durable et qui nous a rapprochés du point de non-retour – appellent à une approche renouvelée de l’évangélisation. De plus, si l’on considère notre seule réalité combonienne, on se rend compte que le modèle du passé est déjà dépassé dans la pratique. Par exemple, le schéma des provinces (du nord) qui envoient et des provinces (du sud) qui reçoivent des missionnaires ne correspond plus à la réalité. Tout comme l’idée que dans les pays du Sud il y a “évangélisation” et dans ceux du Nord il y a “animation missionnaire”. On peut voir l’urgence de l’animation missionnaire, par exemple, en Afrique et – comme l’indiquait alors le Chapitre – de la mission en Europe.

Evangelii gaudium indique alors un nouveau paradigme de la mission. Non plus seulement géographique, mais existentiel. L’Église est appelée à dépasser son autoréférentialité et à sortir vers toutes les périphéries humaines, où l’on souffre l’exclusion et où l’on fait l’expérience de toutes les contradictions dues à l’inégalité économique, à l’injustice sociale et à l’appauvrissement. Tout cela n’est plus un aspect dysfonctionnel du système économique, mais une exigence sur laquelle ce même système se fonde pour prospérer et se perpétuer. La mission devient le paradigme de toute action pastorale et l’Église locale en est le sujet. Quel est donc le rôle des instituts missionnaires ? Il s’agit d’animer les Églises locales afin qu’elles puissent vivre leur mandat de missionnaires, Églises en sortie vers les périphéries existentielles. Ce sont des chemins de communion, au sein de réalités marquées par la diversité et le pluralisme, qui construisent ensemble une perspective commune qui valorise les différences et les “dépasse”, sans les annuler, en construisant l’unité à un niveau supérieur. Ce sont des chemins caractérisés par la proximité des derniers, par le service, par la capacité d’annoncer l’Évangile dans l’essentialité du kérygme avec des mots et avec la vie. François a relancé la vision de l’Église du Concile Vatican II comme “le sacrement, c’est-à-dire le signe et l’instrument de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain”. Dans le nouveau monde façonné par la révolution numérique et la globalisation des marchés du capitalisme financier, l’Église est appelée à convoquer un “peuple” qui dépasse les limites de l’appartenance et marche vers le Royaume de Dieu. Alors le témoignage chrétien du Ressuscité sera génératif et l’Eglise aussi grandira : par attraction, pas par prosélytisme.

Comme ce fut le cas pour Comboni à l’époque de la révolution industrielle, l’ère de la révolution numérique est pour nous aujourd’hui une grande opportunité missionnaire. Comme il s’agit d’un nouveau paradigme, le défi consiste à penser, à se structurer et à se former en conséquence. La première étape est de reconnaître la grâce du charisme de Comboni, très actuel et adapté au nouveau paradigme de la mission. Tout d’abord l’idée centrale de la “régénération de l’Afrique avec l’Afrique”, une image synthétique qui raconte une histoire très complexe et articulée : il y a l’idée de la génération d’un “peuple”, capable de construire une société alternative, en accord avec l’action de l’Esprit. La proclamation de l’Evangile contribue à compléter les “semences du Verbe” déjà présentes dans les cultures et la spiritualité des peuples. Comboni a également souligné l’importance que ce travail soit “catholique”, c’est-à-dire universel : loin de l’autoréférence, il se voyait comme une partie intégrante d’un mouvement missionnaire beaucoup plus vaste, beaucoup plus articulé, avec une variété de dons et de charismes. Il comprenait son rôle comme celui d’un animateur qui se manifestait « en particulier par ses efforts inlassables pour réveiller la conscience des pasteurs de l’Eglise par rapport à leurs responsabilités missionnaires, afin que l’heure de l’Afrique ne vienne pas à passer en vain” (RV 9). Dans la vision de l’EG, la mission de l’Eglise et tous les ministères en son sein sont orientés vers la construction du Royaume de Dieu, s’efforçant de créer des espaces dans notre monde où toutes les personnes, en particulier les pauvres et les exclus, peuvent faire l’expérience du salut de Jésus ressuscité.

Les ministères revêtent donc une importance cruciale en tant que lieu de rencontre entre l’humanité, la Parole et l’Esprit dans l’histoire. Une rencontre régénératrice, comme Comboni l’avait bien compris. C’est pourquoi, dans son Plan, il avait pensé à toute une série de petites universités théologiques et scientifiques le long des côtes du continent africain, pour préparer des ministres dans divers domaines qui rayonneraient ensuite vers l’intérieur, pour faire grandir des communautés à l’esprit évangélique, capables de transformation sociale, comme en témoigne le modèle de Malbes et Gezira.

Dans l’esprit du Chapitre, la requalification de notre service missionnaire sur le plan ministériel exige, comme Comboni l’avait intuitivement prévu, une nouvelle “architecture” de la mission, qui soutienne et promeuve :

  •  une requalification ministérielle de notre engagement, en développant une pastorale spécifique de manière participative et communautaire, selon les priorités continentales. Dans le Chapitre, en effet, il est apparu que si, d’une part, nous sommes présents dans ces “frontières” de la mission, d’autre part, nous manquons souvent d’approches contextuelles des groupes humains que nous accompagnons ;
  •  le ministère collaboratif, sur des chemins de communion. Nous sommes encore soumis à des pratiques et des méthodes de travail trop individualistes et fragmentées ;
  •  la refonte de nos structures, à la recherche de plus de simplicité, de partage et de capacité à être plus proches des gens, plus humains et plus heureux ;
  •  la réorganisation des circonscriptions. Le discours sur les fusions n’a pas seulement une justification dans l’insuffisance de personnel, mais il a surtout une valeur par rapport au passage d’un modèle géographique à un modèle ministériel, qui a besoin de connexion, de mise en réseau, de partage des ressources et de parcours ;
  •  la réorganisation de la formation, afin de développer les compétences nécessaires dans les différents domaines pastoraux spécifiques.

En résumé, comme l’attestent les Actes du Chapitre, “grandit aussi la conscience d’un nouveau paradigme de la mission, qui nous pousse à réfléchir et à réorganiser les activités sur un modèle ministériel” (AC 2015, n. 12). Reprenant l’invitation de François (EG 33), le Chapitre a indiqué le chemin de la conversion pastorale, en abandonnant le critère du “on a toujours fait ainsi” et en lançant des parcours d’action-réflexion pour repenser les objectifs, les structures, le style et les méthodes évangélisatrices (AC 2015, n. 44.2-3). (Fr. Alberto Parise)

« Ayez confiance en Jésus et suivez le dans le noir » dixit Anna Obyrtacz, laïque Missionnaire Combonienne en fin de mission en République Centrafricaine.

Anna RCA
Anna RCA

Elle n’a jamais voulu partir. Elle rêvait fonder une famille et vivre à la campagne en Pologne, mais une soirée passée à l’église dominicaine lui a bouleversé la vie. Anna Obyrtacz, missionnaire laïque Combonienne en fin de mission en RCA parle de sa vocation et de sa mission dans la ville de Moungoumba dans la Lobaye auprès des pygmées en qui elle a trouvé Dieu.

La Rédaction (LR) : Bonjour Anna ! Comment avez-vous reçu l’appel à servir le Seigneur comme Laïque Missionnaire Combonienne ?

Anna Obyrtacz (AO): je n’ai jamais pensé à la mission. Cela n’a jamais été mon rêve ou mon désir profond. J’étais une jeune qui aspirait au mariage et à une belle vie à la campagne. Mais le Seigneur étant grand est venu à ma recherche pour m’envoyer dans sa moisson. Moi missionnaire ? Cela m’amuse souvent quand j’y pense, puisque ce n’était pas ma plus profonde aspiration il y’a quelques années en arrière. Maintenant, je peux vous assurer que je ne saurai penser ma vie sans la mission et au quotidien, je me demande toujours où est ce que cette marche à la suite du Seigneur m’amènera.

J’ai étudié à Cracovie en Pologne où j’ai même commencé à travailler. Ma rencontre avec les missionnaires comboniens était un hasard. Pour moi peut-être, mais pas pour Dieu. Cette rencontre s’était faite au mois de mars 2012 dans une communauté des dominicains que je fréquentais. Ce jour les comboniens avaient organisé une adoration.

LR : Et que s’est-il passé ensuite ?

AO : Après mes études supérieures et l’obtention du travail, je vivais tranquillement ma petite vie. Je pensais comme je l’ai déjà dit à fonder une famille. Du coup, j’étais un peu concentré sur mon travail et ma vie de prière, j’entends par vie de prière, la messe, l’eucharistie, la prière quotidienne. Puis un jour, poussé par quoi, je ne saurai le dire, j’ai eu l’inspiration de rejoindre la nouvelle pastorale académique. Cette pastorale dénommé KOMPAS s’occupait essentiellement des jeunes.  Sur invitation d’un père Combonien responsable, j’ai rejoins l’équipe pour une retraite spirituelle. Lors de cette retraite, j’ai fait la connaissance de plusieurs personnes, surtout des personnes impliquées dans les activités missionnaires à travers le monde. J’ai pu échanger avec eux sur la mission et sur comment devenir missionnaire. Mais en ce moment, l’esprit d’aller en mission ne m’avait pas encore effleuré la pensée.

LR : Cependant juste après cette première expérience faite à la retraite, vous êtes parti pour l’Afrique. Comment l’expliquez-vous ?

AO : Peu de temps après cette expérience, j’ai commencé à penser à la mission. Les conversations faites avec les missionnaires rencontrées lors de la retraite me revenaient à l’esprit. Fort de cela, je commençais à m’intéresser à la mission. J’ai commencé à faire de nouvelles rencontres, surtout avec les missionnaires. Plus tard, j’ai eu la grâce d’être envoyer en Ouganda pour un mois pour ma première expérience missionnaire, c’était en 2013. En quittant la Pologne, je m’attendais à vivre le pire en Ouganda, mais quelque chose me disait au fond de moi, ça vallait le coup d’essayer.

LR : Quelle a été votre première impression de l’Afrique ?

AO : Je me souviens comme d’un brouillard, qu’il faisait très chaud (rires). Au début, il y’ avait toute une pression, je voulais vraiment bien faire tout ce qu’on me confiait. On avait la passion, le désir, mais la langue constituait notre barrière. Je me souviens du visage des enfants de l’orphelinat où on travaillait, ils avaient envie de nous parler, mais vu qu’on ne parlait qu’anglais, et eux leurs langues locales, c’était un peu difficile. Et donc à défaut de communiquer, on restait là avec eux sans mots, juste comme ça et cela nous touchait énormément.

Après un mois passé en Ouganda, je suis rentré en Pologne où j’ai regagné les laïques missionnaires comboniens afin de discerner ma vocation, soit d’être : missionnaire en Afrique ? Dans mon propre pays ? Travailler ? Me marier ? …

LR : Vous vous êtes battu avec ces pensées pendant longtemps ?

AO : Dans la vie parfois la monotonie nous amène à vouloir changer notre mode de vie. Du coup, je devrais prendre le temps nécessaire pour discerner ce que je ressentais. A cet effet, sur accord des responsables, j’ai été à la retraite ignacienne chez les Jésuite à ZAKOPANE. Un moment de seul à seul avec soi-même et avec le Seigneur. Pendant ces précieux jours passés chez les Jésuites, le Seigneur a répondu à toutes mes inquiétudes et il m’a également posé des questions, mais je lui faisais confiance. A un moment donné de notre vie, nous devons apprendre à devenir « aveugle » et à laisser le Seigneur nous guider. En polonais on dit : « aller dans le noir ». Décider d’aller dans le noir et laisser Jésus nous guider.

Un autre aspect important dans ma vocation, c’est le soutien de ma famille. Elle m’a beaucoup soutenu dans mes débuts et pendant mes expériences missionnaires. Je prie le Seigneur de les bénir et de les combler de paix.

LR : Pourquoi l’Afrique et la République Centrafricaine ?

AO : pour les Comboniens, l’Afrique est une terre si spéciale. Notre fondateur a commencé sa mission en Afrique et il aimait beaucoup ce continent. A l’époque, on avait plusieurs options : le Mozambique, l’Ethiopie et la RCA. La RCA était présenté comme un pays post conflit, pas du tout stable et beaucoup craignaient d’y aller. Tout portait à croire que la mission en RCA allait être un sacerdoce : les pauvres, la guerre, l’insécurité etc. Ce qui inquiétait le plus, c’est le français (rires). Je ne l’avais jamais étudié, vous voyez ? (rires). Mais j’ai pris mon courage à deux mains pour venir, surtout venir à l’exemple de Comboni pour servir les pauvres. Je puis vous dire aujourd’hui avec beaucoup de sincérité, que la Centrafrique est un merveilleux pays. Je reviendrai ici, ici en RCA mon second pays.

LR : Comment avez-vous préparé votre départ pour Bangui, en dépit de votre petite connaissance en français ?

AO : c’était bien. J’ai officiellement rejoint la communauté des laïc missionnaires comboniens, Le 12 JUIN 2015 à Varsovie avant mon départ pour le Congo RDC où je devrais apprendre le français. Puis la messe de l’envoie en mission présidée dans ma paroisse Saint Jean Baptiste à Orakwa  à l’occasion de la fête du sacré – cœur de Jésus par Mgr Grzegorz Rys.  Arrivée au Congo (RDC) où j’ai passé 4mois, j’ai été reçu par une consœur congolaise du nom d’Irène.  Elle m’a aidé à comprendre la mentalité africaine, surtout celle de l’Afrique centrale. C’était un moment fantastique, puisque j’y étais seulement pour l’apprentissage de la langue. Le jour de mon départ pour Bangui, Irène m’a conseillé en ces termes : « souviens-toi que tu as été envoyé à ces gens, essaie de les comprendre et de les aimer. Partage ce que tu as avec eux alors tu connaitras le bonheur ».

LR : Quelles ont été les premières difficultés après votre arrivée en RCA ?

AO : De Kinshasa où je vivais comme en Europe, je me suis retrouvé dans un buisson sans accès à internet, à l’électricité et à l’eau chaude (rires). Ce premier mois a été difficile. Difficile parce que je n’avais pas beaucoup d’amis, je devrais tout refaire à zéro. Et je suis heureuse d’avoir réussi à aller au delà des amitiés, je me suis fait une famille.

LR : Quel a été votre ministère à Moungoumba ?

AO : la communauté des laïcs de Moungoumba est composé deux quatre laïcs : un italien, deux portugaises et moi une polonaise. Nous prenions les décisions ensemble sur notre façon de vivre et sur comment aider la population. A moungoumba les laïcs s’occupent de l’éducation, des pygmées et aussi de la santé. En ce qui me concerne, je travaillais au dispensaire. Concrètement, je soignais les pygmées prioritairement, puis les enfants souffrant de malnutrition. De temps en temps, nous organisons les séances de formation à l’intention des personnels soignants etc.

LR : c’est une mission unique à cause des pygmées qui y vivent. Comment aidez-vous cette minorité ?

AO : les pygmées occupent une place particulière dans toutes nos activités. Ils sont prioritaires. Ils ne sont pas trop considérés dans cette partie de la RCA. Ce sont ces types de personnes que notre fondateur souhaitait rencontré et servir. Mais travailler avec eux n’est pas aussi facile que ça, car ce sont des personnes très libres, qui n’aiment pas beaucoup être enfermé dans certains cadres par exemple. Petit à petit, nous leurs avons appris à écrire et à lire, à avoir une bonne hygiène de base, à éviter les maladies dues à la saleté etc. Nous avons essayé de leur montrer une autre manière de vivre, vivre en étant indépendant, vivre en sachant gérer le peu d’argent qu’ils ont.

LR : Quels sont les besoins dans ce terrain ? Quels sont les principaux problèmes qui affectent la République centrafricaine et ses habitants ?

AO : ce dont la RCA a le plus besoin, c’est la paix. La paix dans les rues, la paix dans les cœurs, la paix dans les villes. Les gens veulent vivre sans crainte, élever leurs enfants, aller au travail, cultiver. Le gouvernement doit ménager aucun effort pour garantir la sécurité de cette population qui n’aspire qu’à vivre en paix.  Un autre défi de la RCA, c’est l’éducation et la création des entreprises. Les jeunes doivent bien étudier, dans de très bonnes conditions et aussi trouver des opportunités d’emploi à la fin de ces études.

LR : Quelles sont les menaces du service missionnaire dans cette région ?

AO : en ce qui concerne Moungoumba, nous étions en sécurité, dans une zone très sûre où rien ne nous dérangeait. Toutefois la RCA est très vaste et il existe encore des zones où les gens se cachent, vivent en danger constant où le conflit armé est ouvert. La seule menace c’est peut-être la maladie. Les médicaments sont bien sûrs disponible, mais vous ne savez  jamais là où elle peut vous amener. Mais Dieu nous protège toujours.

LR : quelle invitation avez-vous à adresser au monde en faveur de la RCA ?

AO : j’invite les uns et les autres à soutenir la RCA à travers la prière et surtout les aides concrètes. Je veux dire des aides en termes de projets, d’accompagnement financier etc. j’invite les autres laïcs et missionnaires à venir dans ce beau pays.

LR : Anna qu’est-ce que la mission en RCA vous a personnellement donnée ?

AO : j’ai appris encore à plus m’ouvrir à d’autres personnes, très souvent différentes de moi et élevée dans une culture différente. Vivre sobrement dans l’humilité en se contentant des moyens de bords que nous avons est l’une des belles expériences que j’ai eues. Cette expérience m’a aussi montré que quand on quitte notre famille biologique, Dieu nous en donne une autre.

LR : Quels sont vos projets pour le futur proche ?

AO : Après les vacances en Pologne, je me rendrai au Canada pour trois ans afin de suivre une formation en psychologie. C’est un programme préparé pour les missionnaires. Et comme je l’ai dit ci-haut, si Dieu me garde en vie, je reviendrai en RCA pour apporter une aide psychologique plus spécialisée aux personnes qui ont vécu des expériences de guerre traumatisantes et plus encore. Une fois de retour en RCA, je donnerai plus d’espoir à ceux qui ont été blessés et abandonnés.

Propos recueillis  par Eustache Michael Mounzatela