Encyclique du pape François sur la fraternité et l’amitié dans la société
Le pape François continue à ” se distinguer “, comme il l’a fait dans la ” Joie de l’Évangile “, son premier grand texte programmatique. Oui, ” se distinguer “, c’est prendre l’initiative, être le premier à faire certains choix, à avancer vers une Église et un monde où la fraternité n’est plus un mot du dictionnaire mais renvoie à des vies concrètes et heureuses.
“Nous sommes tous frères et sœurs”, est tout à fait évident pour le pape François, comme l’était la vie et les paroles du Christ il y a deux mille ans. Depuis plus de deux millénaires, le monde a déployé des initiatives pour atteindre ce grand objectif. Nous nous focalisons souvent davantage sur ce qui nous sépare que sur ce qui nous unit. Et avec ces attitudes arrogantes, le monde a construit plus de murs que de ponts.
Avec ce document, le pape François tente de faire un pas vers un avenir de fraternité universelle. Si nous sommes vraiment frères et sœurs, alors la race, la couleur, le pays, les idées, la religion, le club de football, les goûts personnels, les titres universitaires, le compte en banque, l’emploi, les chansons préférées, etc. ne seront pas les choses les plus importantes dans la vie, parce que, par essence, nous sommes tous frères et sœurs les uns pour les autres, sans la moindre frontière.
C’est un texte inspirant pour ces temps de pandémie mondiale. Publié à Assise et le jour de la Saint François, il est un signe pour le monde entier, car François est un symbole de paix et de fraternité universelle. Quelles que soient les flots d’encre qu’il fera couler, je tiens à préciser ma position : je suis tout à fait favorable. Le seul voyage qui ait un sens est celui qui nous conduit au cœur des autres, à commencer par ceux qui pensent et prient différemment de nous. Dieu nous a créés frères et sœurs, et le Christ nous a demandé de nous aimer les uns les autres et d’aller à la rencontre de tous, comme il l’a fait dans les régions de Galilée et de Samarie.
Les paroles et les gestes du pape à Assise étaient si riches, si intenses, si profonds, si suggestifs…. Le Pape explique aux évêques : “Le titre est le message de Jésus nous encourageant à reconnaître chacun comme un frère et une sœur et à vivre ainsi dans la maison commune que le Père nous a confiée”. Cette Lettre encyclique, sur la fraternité et l’amitié dans la société, a pour titre l’expression que saint François d’Assise utilisait pour s’adresser à tous afin de leur proposer “un mode de vie marqué par la saveur de l’Évangile (FT 1)”. Saint François proposait ” le principe d’une ouverture fraternelle qui nous permet de reconnaître, d’apprécier et d’aimer chaque personne, quelle que soit sa proximité physique, quel que soit son lieu de naissance ou de résidence ” (FT 1).
François est un exemple parce qu’il a semé la paix partout où il est allé et qu’il a cheminé avec les pauvres, les abandonnés, les malades et les rejetés. En bref, il était toujours aux côtés des moins puissants. Il avait un cœur sans frontières, il ne faisait pas de combat d’idées, parce qu’il pensait que la bonne démarche était de vivre et de partager l’amour de Dieu, en éveillant chez les gens le rêve d’une société fraternelle.
Saint François a fait un pari courageux et inconcevable pour les gens de son temps : “il s’est libéré du désir d’exercer un pouvoir sur les autres. Il est devenu pauvre parmi les pauvres et a cherché à vivre en harmonie avec tous” (FT4).
L’éruption de COVID 19 donne à cette encyclique sa raison d’être, car, malgré tant de connectivité technologique, les pays montrent une incapacité à agir ensemble.
Le premier chapitre se penche sur les difficultés d’un monde fermé. Le second, intitulé “un étranger sur la route”, propose une réflexion sur la parabole du bon samaritain. Le troisième chapitre nous invite à imaginer et à faire naître un monde plus ouvert. Puis vient la proposition d’un cœur ouvert au monde entier et la demande de meilleures politiques pour rompre avec le populisme et le libéralisme. Enfin, le Pape parle de dialogue et d’amitié dans la simplicité, ouvrant des pistes pour rapprocher les peuples en se basant sur la vérité, la paix et le pardon. En conclusion, le chapitre huit place les religions au service de la fraternité, en les éloignant de toute forme de violence.
GUÉRIR LE MONDE. CHAP. I
(Les ombres d’un monde fermé, 9-55)
‘Les ombres d’un monde fermé’ est le premier chapitre de l’encyclique “Fratelli Tutti”. La fraternité universelle est entravée par certaines tendances du monde actuel qui bloquent son développement.
De nombreuses avancées humaines sont en déclin :
“D’anciens conflits que l’on croyait enfouis depuis longtemps éclatent à nouveau, tandis que les exemples de nationalisme extrémiste, hostile et agressif se multiplient” (FT 11). Beaucoup de dirigeants oublient quelque chose d’essentiel : “La bonté, ainsi que l’amour, la justice et la solidarité ne sont pas acquis une fois pour toutes ; ils doivent être concrétisés chaque jour” (FT 11).
Le monde se construit sous le contrôle d’intérêts étrangers et de puissances économiques qui investissent sans entrave ni contrainte, en imposant un modèle économique et culturel unique : “Cette culture uniformise le monde, mais divise les personnes et les nations, car à mesure que la société se mondialise, elle fait de nous des voisins, mais ne fait pas de nous des frères” (CE 12).
Le découragement et la méfiance se répandent, surtout dans les nouvelles générations . Nous ne prenons pas bien en charge le monde et nous-mêmes. Nous encourageons la culture du jetable, considérant que “certaines parties de notre famille humaine, semble-t-il, peuvent être facilement sacrifiées pour le bien d’autres considérées comme dignes d’une existence insouciante” (FT 18).
Le racisme reste vivace, bien que plus dissimulé, de nouvelles formes de pauvreté naissent, les organisations mafieuses profitent de la peur et de l’insécurité des gens, les femmes ont moins de droits que les hommes, les droits humains ne sont pas les mêmes pour tout le monde : “Alors qu’une partie de l’humanité vit dans l’opulence, une autre partie voit sa dignité méconnue, méprisée ou piétinée et ses droits fondamentaux ignorés ou violés” (FT 22).
En outre, “des millions de personnes aujourd’hui – enfants, femmes et hommes de tous âges -sont privées de liberté et contraintes à vivre dans des conditions assimilables à celles de l’esclavage.” (FT24). Nous devons lutter contre toutes les formes de trafic d’êtres humains, par lequel les personnes sont traitées comme un moyen et non comme une fin. Le monde est violent ; aujourd’hui, nous vivons une “troisième guerre mondiale” menée au coup par coup” (FT).
Au lieu de ponts, les gouvernements et les peuples construisent “des murs dans le coeur, des murs érigés sur la terre pour éviter cette rencontre avec d’autres cultures, avec d’autres personnes. Et quiconque élève un mur, quiconque construit un mur, finira par être un esclave dans les murs qu’il a construits, privé d’horizons” (FT 27).
Le Pape cite le Document sur la fraternité humaine, écrit avec le Grand Imam Al-Tayyeb : “nous soulignons que, avec ces progrès historiques, grands et appréciés, se vérifient une détérioration de l’éthique, qui conditionne l’agir international, et un affaiblissement des valeurs spirituelles et du sens de la responsabilité” (FT 29).
Nous avons perdu notre sentiment d’appartenance à une humanité commune ; nous avons découvert des planètes lointaines sans découvrir les besoins urgents de ceux qui vivent à côté ; nous sommes victimes de la mondialisation de l’indifférence. C’est pourquoi le Pape s’écrie : “L’isolement, non ; la proximité, oui. Choc des cultures, non ; culture de la rencontre, oui” (FT 30).
La COVID 19 nous a rappelé que nous sommes tous dans le même bateau face à la même tempête et que personne n’est sauvé seul, mais seulement ensemble. La pandémie nous oblige à “repenser nos modes de vie, nos relations, l’organisation de nos sociétés et, surtout, le sens de notre existence” (FT 33). Nous avons tous besoin les uns des autres.
Nous essayons de faire venir d’autres personnes dans notre pays alors que nous n’aidons pas les pays les plus pauvres, et nous offrons une couverture à des trafiquants d’êtres humains sans scrupules. Mais il faut aussi “réaffirmer le droit de ne pas émigrer, c’est-à-dire d’être en condition de demeurer sur sa propre terre” (FT 38). Il est urgent de combattre “la peur qui nous prive du désir et de la capacité de rencontrer l’autre” (FT 41).
Nous vivons à l’ère du numérique, mais les cœurs ne sont pas tous interconnectés. Il y a beaucoup de violence et de fanatisme qui se répandent dans les médias aujourd’hui. Nous avons besoin de plus de sagesse et de moins de manipulations et de fausses nouvelles. Et de plus : “Il ne faut pas perdre la capacité d’écoute. Saint François d’Assise a écouté la voix de Dieu, il a écouté la voix du pauvre, il a écouté la voix du malade, il a écouté la voix de la nature. Et il a transformé tout cela en un mode de vie” (FT 48).
Dans ce premier chapitre, le pape parle davantage d’ombres, mais les chemins d’espérance sont nombreux, car “Dieu continue à répandre des semences de bien dans l’humanité” (FT 54).
Le défi du Pape est un appel à la confiance : “Marchons dans l’espérance” (FT 55) !
Voisin ou partenaire ? Chap.II
(Un étranger sur la route, 56-86)
La dernière encyclique du pape François, “Fratelli tutti”, a fait couler beaucoup d’encre, mais cela ne fait que montrer son importance et le débat qu’elle a suscité et suscite encore. Je vais ajouter quelques réflexions à ce brasier…
Le Pape fournit une réflexion très opportune sur la parabole du Bon Samaritain, un texte biblique qui a provoqué des réactions de la part de nombreux universitaires, politiciens, économistes et écrivains, y compris des non-croyants. Le pape François fait une distinction entre être un partenaire: “partenaires à la poursuite d’intérêts particuliers” (FT 102) et être un voisin : “libre de toute étiquette et de toute position, il a pu interrompre son voyage, changer ses plans, et venir à l’improviste au secours d’un blessé qui avait besoin de son aide” (FT 101). C’est le choix que nous sommes constamment invités à faire.
Le chapitre qui parle du bon samaritain est intitulé “Un étranger sur la route”. Le Pape nous le rappelle : “L’amour ne se soucie pas de savoir si un frère ou une sœur dans le besoin vient d’un endroit ou d’un autre. Car l’amour brise les chaînes qui nous maintiennent isolés et séparés ; à leur place, il construit des ponts. L’amour nous permet de créer une grande famille, où chacun de nous peut se sentir chez lui… L’amour respire la compassion et la dignité” (FT 62).
En parcourant cette parabole emblématique de Jésus, le pape François rappelle que beaucoup de gens sont passés à côté de la personne battue par des bandits… ils sont partis et ne se sont pas arrêtés. Le lévite et le prêtre, hommes de loi et hommes du Temple, ne se sont pas arrêtés. Mais une personne s’est arrêtée, donnant du temps à l’homme blessé, empêchant sa mort imminente (cf. FT63). Et le Pape ose nous demander : “A qui vous identifiez-vous ? La conclusion semble évidente : “Nous sommes habitués à regarder ailleurs, à passer outre, à ignorer les situations jusqu’à ce qu’elles nous touchent directement” (FT 64).
Suivre le bon samaritain est un exercice de citoyenneté responsable, donnant corps au bien commun : par ses actions, le bon samaritain a montré que “notre existence à tous est profondément liée à celle des autres : la vie n’est pas un temps qui s’écoule, mais un temps de rencontre” (FT 66).
Nous devons veiller sur les autres plus que sur nous-mêmes, en dépassant l’égoïsme et l’individualisme qui caractérisent ce temps : ” Vivre dans l’indifférence face à la douleur n’est pas une option possible; nous ne pouvons laisser personne rester ‘‘en marge de la vie’’ (FT 68).
Aujourd’hui, il y a beaucoup de personnes meurtries. Beaucoup se sentent exclus, abandonnés et blessés au bord du chemin. Nous sommes constamment invités à choisir si nous voulons être de bons samaritains ou des voyageurs indifférents qui passent leur chemin.
Pour faire simple, le pape explique qu’il existe deux types de personnes : “celles qui prennent en charge la douleur et celles qui passent outre ; celles qui se penchent en reconnaissant l’homme à terre et celles qui détournent le regard et accélèrent le pas” (FT 70).
L’histoire du bon samaritain se répète sans cesse. Jésus “se fie au meilleur de l’esprit humain et l’encourage, par la parabole, à adhérer à l’amour, à réintégrer l’homme souffrant et à bâtir une société digne de ce nom” (FT 71).
De l’autre côté, il y a beaucoup de chemin à parcourir, de l’égoïsme à l’indifférence. Mais le texte dit quelque chose qui nous dérange : les personnes qui sont passées par là étaient des religieux. “C’est le signe que croire en Dieu et l’adorer ne garantit pas de vivre selon sa volonté” (FT 74).
Ceux qui passent deviennent les complices de ceux qui ont attaqué l’homme sur la route. Nous nous sentons souvent comme le blessé, jeté au bord du chemin dans notre vie. Notre attitude doit être celle de chrétiens responsables : “Soyons parties prenantes de la réhabilitation et de l’aide aux sociétés blessées. Aujourd’hui, nous nous trouvons face à la grande opportunité de montrer que, par essence, nous sommes frères, l’opportunité d’être d’autres bons samaritains qui prennent sur eux-mêmes la douleur des échecs, au lieu d’accentuer les haines et les ressentiments” (FT 77).
Faire le bien implique de ne pas attendre de remerciements, car, comme le dit le Pape, “Nous sommes tous responsables du blessé qui est le peuple lui-même et tous les peuples de la terre. Prenons soin de la fragilité de chaque homme, de chaque femme, de chaque enfant et de chaque personne âgée, par cette attitude solidaire et attentive, l’attitude de proximité du bon Samaritain” (FT 79).
Enfin, nous devons nous pencher sur la demande de Jésus : “Va, et fais de même”. Nous n’avons pas d’alternative, car les chrétiens reconnaissent Jésus lui-même dans chaque frère abandonné ou exclu” (FT 85).
Et il reste une orientation pastorale importante : ” La catéchèse et la prédication incluent plus directement et clairement le sens social de l’existence, la dimension fraternelle de la spiritualité, la conviction de la dignité inaliénable de chaque personne et les motivations pour aimer et accueillir tout le monde.” (FT 86).
Ouvrir des mondes au monde. Ch. III
(Envisager et engendrer un monde ouvert, 87 – 127)
Le pape François, dans “Fratelli Tutti”, soutient qu’il n’est pas possible “d’expérimenter ce que vaut la vie sans des visages concrets à aimer” (FT 87). Le monde doit s’ouvrir davantage, en améliorant les taux d’hospitalité. Il affirme également que “la teneur spirituelle d’une vie humaine est caractérisée par l’amour qui est somme toute « le critère pour la décision définitive concernant la valeur ou la non-valeur d’une vie humaine ” (FT 92).
Il est urgent d’aller vers les périphéries, dont certaines sont très proches de nous, même dans nos propres familles. Nous devons être attentifs aux signes inquiétants de racisme, “un virus qui mute facilement et qui, au lieu de disparaître, se dissimule, étant toujours à l’affûtun virus qui mute rapidement et qui, au lieu de disparaître, se cache et se cache dans l’attente (FT 97)”. Nous devons accorder une attention particulière aux “exilés invisibles”, tels que les personnes handicapées et certaines personnes âgées qui ne comptent pas dans les sociétés compétitives, prospères et lucratives.
La mondialisation ne peut pas façonner tous les gens de la même manière, car “elle détruit la richesse ainsi que la particularité de chaque personne et de chaque peuple” (FT 100). L’avenir de l’humanité a beaucoup de couleurs, en valorisant la richesse de la diversité. Nous devons surmonter un monde de partenaires pour construire un monde de frères proches les uns des autres, inspirés par la parabole du bon samaritain qui, ” libre de tout titre et de toute charge, il a été en mesure d’interrompre son voyage, de changer de projet, d’être disponible pour s’ouvrir à la surprise de l’homme blessé qui avait besoin de lui” (FT 101).
L’égalité et la liberté sont des valeurs importantes, mais sans la “fraternité”, elles n’apportent rien ou presque d’intéressant à l’humanité : “l’amitié sociale et la fraternité universelle font réaliser combien vaut un être humain, combien vaut une personne, toujours et en toute circonstance (FT 106).
Une croissance authentique et intégrale est une condition nécessaire pour promouvoir le bien moral. La solidarité commence dans “les familles qui constituent le premier lieu où se vivent et se transmettent les valeurs de l’amour et de la fraternité, de la convivialité et du partage, de l’attention et du soin de l’autre. Elles sont aussi le milieu privilégié pour la transmission de la foi” (FT 114). Le souci de l’autre doit toujours être présent, comme la plus haute expression de la solidarité : “Servir, c’est en grande partie, prendre soin de la fragilité ” (FT 115).
Il est nécessaire de lutter contre “les causes structurelles de la pauvreté, de l’inégalité, du manque de travail, de terre et de logement, du déni des droits sociaux et du travail” (FT 116). Et, bien sûr, nous devons nous engager en faveur d’une écologie intégrale qui nous oblige à “prendre soin de la maison commune” (FT 117).
Le pape François traite également en détail la question de la propriété. La Doctrine sociale de l’Église dit que le droit à la propriété privée est toujours soumis à la destination universelle des biens (cf. FT 123) et les sociétés doivent “veiller à ce que chaque personne vive dans la dignité et ait des opportunités appropriées pour son développement intégral” (TF 118).
Le développement doit être durable et soutenu. Il doit garantir “les droits humains, personnels et sociaux, économiques et politiques, y compris les droits des nations et des peuples” (TF 122).
Cela suppose également une autre manière de comprendre les relations et les échanges entre les pays: “Si toute personne a une dignité inaliénable, si chaque être humain est mon frère ou ma sœur et si le monde appartient vraiment à tous, peu importe que quelqu’un soit né ici ou vive hors de son propre pays” (FT 125). Il est demandé aux pays les plus riches et les plus développés de ne pas écraser les plus pauvres, mais de les aider à vivre avec des conditions de dignité, en garantissant “le droit fondamental des peuples à leur subsistance et à leur progrès” (FT 126).
Le pape François conclut ce troisième chapitre avec l’espoir d’un avenir meilleur : “On peut aspirer à une planète qui assure terre, toit et travail à tous. C’est le vrai chemin de la paix, et non la stratégie, dénuée de sens et à courte vue, de semer la peur ou la méfiance face aux menaces extérieures. En effet, une paix réelle et durable n’est possible « qu’à partir d’une éthique globale de solidarité et de coopération au service d’un avenir façonné par l’interdépendance et la coresponsabilité au sein de toute la famille humaine ” (FT 127).
Et ce dernier document du pape François va beaucoup plus loin. D’un “cœur ouvert au monde entier”, nous en viendrons à réfléchir à la “meilleure politique”. Nous devons surmonter les fausses convictions qui présentent le migrant comme un usurpateur qui n’a rien à offrir, les pauvres comme dangereux ou inutiles alors que les puissants sont de généreux bienfaiteurs (cf. TF 141). Nous y reviendrons …
L’amour politique. Chap.IV
(Un cœur ouvert au monde, 128-153)
Un cœur ouvert au monde” est le thème du chapitre IV de “Fratelli Tutti”. En fixant des limites aux frontières que le monde a érigées, le Pape est clair : “Notre réponse à l’arrivée des personnes migrantes peut se résumer en quatre mots : accueillir, protéger, promouvoir et intégrer” (FT 129). Nous devons offrir aux migrants la possibilité d’un nouveau développement (cf. FT 134) car “si on les aide à s’intégrer, sont une bénédiction, une richesse et un don qui invitent une société à grandir” (FT135).
Il doit également y avoir un échange fructueux entre les pays, car l’aide mutuelle pour tous est bénéfique et renforce la conviction que “ou bien nous nous sauvons tous ou bien personne ne se sauve” (FT 137), car tout est interconnecté. Dans l’accueil des personnes, il est urgent de cultiver la générosité fraternelle en évitant les échanges calculés et inhumains. Les immigrés ne peuvent pas être catalogués comme des usurpateurs qui n’offrent rien. On pense souvent que ” les pauvres sont dangereux ou inutiles et que les puissants sont de généreux bienfaiteurs” (FT 141). Plus une société est accueillante et ouverte, plus il est possible de promouvoir des cultures saines fondées sur des valeurs universelles. Et le pape François de préciser qu'”aujourd’hui aucun État national isolé n’est en mesure d’assurer le bien commun de sa population” (FT 153).
Une meilleure politique, “mise au service du véritable bien commun”, est nécessaire (FT 154). Les orientations prises en faveur des politiques populistes et libérales ont un effet négatif sur la vie des gens car, “dans les deux cas, il devient difficile d’envisager un monde ouvert qui fasse de la place pour tous, y compris les plus vulnérables, et qui respecte les différentes cultures” (CE 155).Le travail est la meilleure chose qu’un gouvernement puisse offrir à ses citoyens, car il assure à chacun une vie digne et un engagement dans la construction d de la société.
Le marché ne résout pas tous les problèmes et la spéculation financière continue à faire des ravages. Le Pape rappelle : “La fragilité des systèmes mondiaux face aux pandémies a mis en évidence que tout ne se résout pas avec la liberté de marché et que, outre la réhabilitation d’une politique saine qui ne soit pas soumise au diktat des finances, il faut « replacer au centre la dignité humaine et, sur ce pilier, doivent être construites les structures sociales alternatives dont nous avons besoin” (FT 168).
François nous prévient que “Le XXIe siècle « est le théâtre d’un affaiblissement du pouvoir des États nationaux, surtout parce que la dimension économique et financière, de caractère transnational, tend à prédominer sur la politique” (FT 172). Pour éviter ce risque, l’ONU doit être réformée afin “de donner une réalité concrète au concept de famille des Nations ” (FT 173). La fraternité universelle et la paix sociale exigent une bonne politique qui ne soit pas soumise “à l’économie et celle-ci ne doit pas se soumettre aux diktats ni au paradigme d’efficacité de la technocratie” (FT 177).
La lutte contre la corruption doit être implacable. Et la grandeur politique “se révèle quand, dans les moments difficiles, on œuvre pour les grands principes et en pensant au bien commun à long terme” (FT 178). La solidarité sociale est l’âme d’un ordre social et politique sain, dans la poursuite du bien commun : “la charité est au centre de toute vie sociale saine et ouverte” (FT 184). Les hommes politiques doivent aider les pauvres, mais aussi “changer les conditions sociales qui causent leur souffrance (…) en créant des emplois, en exerçant une forme sublime de charité qui ennoblit leur action politique” (FT 187). Ils doivent s’occuper des plus faibles, de ceux qui sont victimes de violations des droits de l’homme.
“Nous sommes encore loin d’une mondialisation des droits humains les plus fondamentaux” (FT 189). Le Pape condamne la faim qui est criminelle, les tonnes de nourriture qui sont gâchées et le trafic d’êtres humains qui est une “honte pour l’humanité que la politique internationale ne devrait pas tolérer” (FT 189).
L’intolérance fondamentaliste est également visée par le pape François, car elle nuit aux relations entre les personnes, les groupes et les peuples et ne permet pas aux différentes voix de se faire entendre. Le pape fait une demande : “Ne nous résignons pas à vivre enfermés dans un fragment de la réalité !” (FT 191). La haine et la peur font partie du fondamentalisme.
La politique est un art d’aimer, qui renforce ” les réserves de bien qui se trouvent dans le cœur du peuple” (FT 196). Les hommes politiques doivent se laisser gagner par la tendresse des pauvres et des fragiles de notre monde. Nous ne devons pas regarder les résultats tangibles, mais la fécondité de l’intervention politique : “Si je réussis à aider une seule personne à vivre mieux, cela justifie déjà le don de ma vie” (FT 195).
De nombreuses questions demeurent, dont certaines sont douloureuses : “En quoi ai-je fait progresser le peuple ? Quelle paix sociale ai-je semée” (FT 197) ? Le Pape développe sa réflexion en proposant le dialogue comme chemin vers l’amitié sociale.
Des voix de différentes couleurs. Chapitres V-VI
(Une meilleure politique, 154-197 ; dialogue et amitié dans la société, 198-224)
Le dialogue implique de “Se rapprocher, s’exprimer, s’écouter, se regarder, se connaître, essayer de se comprendre, chercher des points de contact” (FT 198). C’est une tâche difficile mais décisive, notamment parce que les désaccords et les conflits font beaucoup plus parler d’eux.
Le dialogue est un pont, il établit un terrain d’entente “entre l’indifférence égoïste et la protestation violente” (FT 199). Il faut aussi éviter toute forme de pouvoir manipulateur : “économique, politique, médiatique, religieux ou de tout autre genre” (FT 201).
Le point de vue des autres doit toujours être respecté pour qu’il y ait un dialogue social authentique. Sur le plan social, il faut beaucoup investir dans le débat public qui est “un tremplin permanent qui permet de mieux atteindre la vérité, ou du moins, de mieux l’exprimer” (FT 203).
Les médias nous aident à nous sentir plus proches des autres. Et à l’ère des technologies de l’information et des réseaux sociaux, “l’internet peut offrir plus de possibilités de rencontre et de solidarité entre tous” (FT 205). Mais il y a le revers de la médaille et “nous ne pouvons pas accepter un monde numérique conçu pour exploiter notre faiblesse et faire émerger ce qu’il y a de pire chez les personnes ” (FT 205).
La recherche d’un consensus est un objectif important : “Accepter qu’existent des valeurs permanentes, même s’il n’est pas toujours facile de les connaître, donne solidité et stabilité à une éthique sociale” (FT 211).
La foi est une valeur ajoutée pour les croyants. “Pour les croyants, cette nature humaine, source de principes éthiques, a été créée par Dieu qui, en définitive, donne un fondement solide à ces principes” (FT 214)
Vinicius de Moraes est cité comme évoquant l’importance de créer une nouvelle culture : “La vie, pour toutes ses confrontations, est l’art de la rencontre” (FT 215). Le pape revient à son image répétée du polyèdre qui “représente une société où les différences coexistent en se complétant, en s’enrichissant et en s’éclairant réciproquement, même si cela implique des discussions et de la méfiance” (FT 215).
La paix sociale est très compliquée et nécessite de la pratique. La paix ne s’obtient pas dans le confort des bureaux, mais dans les difficultés et les risques de la vie quotidienne : “Ce qui est bon, c’est de créer des processus de rencontre, des processus qui bâtissent un peuple capable d’accueillir les différences. Outillons nos enfants des armes du dialogue ! Enseignons-leur le bon combat de la rencontre !” (FT217) !
Personne ne peut être exclu ; les périphéries ont aussi quelque chose à offrir, car l’expérience et l’histoire montrent que ” Ignorer l’existence et les droits des autres provoque, tôt ou tard, une certaine forme de violence, très souvent inattendue” (FT 219).
Nous devons toujours avoir cette conviction profonde et éprouvée qu'”aucun changement authentique, profond et durable, n’est possible s’il ne se réalise à partir des diverses cultures, principalement celle des pauvres” (FT 220).
Il existe des contre-valeurs qu’il est urgent de bannir des pratiques sociales. L’une d’entre elles est l’individualisme consumériste, responsable de nombreux abus. Le monde doit cultiver la bonté, car il est essentiel de ne pas blesser les autres avec des paroles ou des gestes jugés offensants. Il s’agit plutôt de ” qu’on dise « des mots d’encouragements qui réconfortent, qui fortifient, qui consolent qui stimulent », au lieu de « paroles qui humilient, qui attristent, qui irritent, qui dénigrent ” (FT223).
Dans une société qui évolue à grande vitesse, les gens ne semblent pas avoir le temps de faire des gestes simples mais essentiels.
Le Pape rappelle que “souvent, de nos jours, nous ne trouvons ni le temps ni l’énergie de nous arrêter pour être gentils avec les autres, pour leur dire “excuse-moi”, “pardonne-moi” et “merci”. Nous devons valoriser les expressions de gentillesse qui créent une bonne atmosphère et génèrent le bonheur. Le pape François conclut : “Puisqu’elle suppose valorisation et respect, elle transfigure profondément le mode de vie, les relations sociales et la façon de débattre et de confronter les idées, lorsqu’elle devient culture dans une société. Elle facilite la recherche du consensus et ouvre des chemins là où l’exaspération détruit tout pont. ” (FT224).
Nous devons ouvrir des voies pour nous rencontrer les uns les autres. Nous pourrions ainsi étancher beaucoup de soif !
Des cœurs qui s’embrassent. Chapître VII
(Chemins de rencontre renouvelés)
Le pape François est clair et direct : ” En bien des endroits dans le monde, des parcours de paix qui conduisent à la cicatrisation des blessures sont nécessaires. Il faut des artisans de paix disposés à élaborer, avec intelligence et audace, des processus pour guérir et pour se retrouver” (FT 225).
Il est nécessaire d’ouvrir les “chemins d’une nouvelle rencontre”. Il faut oser “repartir de la vérité”, car ce n’est que dans cette perspective que l’on pourra “faire un large et persévérant effort de compréhension mutuelle et de recherche d’une nouvelle synthèse pour le bien de tous” (FT 227), sans jamais oublier que ” la vérité est une compagne indissociable de la justice et de la miséricorde” (FT 227).
François est convaincu que la réconciliation et la construction de la fraternité nécessitent de savoir ce qui s’est passé : “La vérité, c’est dire aux familles déchirées par la douleur ce qui est arrivé à leurs parents disparus (…) La vérité, c’est reconnaître la souffrance des femmes victimes de violence et d’abus”. La fraternité n’aura lieu que lorsque les chaînes de la violence seront brisées, car “la violence engendre la violence, la haine engendre plus de haine et la mort plus de mort” (FT 227). La vengeance ne résout rien et “Le pardon, c’est précisément ce qui permet de rechercher la justice sans tomber dans le cercle vicieux de la vengeance, ni dans l’injustice de l’oubli” (FT 252).
Les chemins peuvent être difficiles à parcourir, mais il est clair “qu’une véritable paix ne peut être obtenue que si nous luttons pour la justice à travers le dialogue, en recherchant la réconciliation et la croissance mutuelle” (FT 229).
Les théories peuvent aider à la construction sociale d’un pays, mais rien ne remplacera l’engagement pratique :Il y a une “architecture” de la paix où interviennent les diverses institutions de la société, chacune selon sa compétence, mais il y a aussi un “artisanat” de la paix qui nous concerne tous” (CE 231).
Il n’y a pas de paix sans justice, et c’est un indicateur important : “Ceux qui cherchent à pacifier la société ne doivent pas oublier que l’iniquité et le manque de développement humain intégral ne permettent pas de promouvoir la paix (FT 235). Et il ne faut jamais oublier le moindre de nos frères et sœurs, les plus rejetés et les plus fragiles.
D’autres thèmes majeurs sont le pardon (qui “n’implique pas l’oubli” (FT 250)) et la réconciliation, appréciée par le christianisme et de nombreuses religions. Le Pape précise que “Jésus-Christ n’a jamais promu la violence ou l’intolérance”, car “l’Évangile demande de pardonner soixante-dix fois sept fois” (FT 238). Il existe des luttes légitimes pour la défense des droits et de la dignité, mais “L’essentiel, c’est de ne pas le faire pour nourrir une colère qui nuit à notre âme et à l’âme de notre peuple” (FT 242), même en sachant que “dépasser l’héritage amer d’injustices, d’hostilités et de défiance laissé par le conflit n’est pas une tâche facile” (FT 243).
L’histoire montre combien il est difficile de guérir la violence, mais “la vraie réconciliation, loin de fuir le conflit, se réalise plutôt dans le conflit, en le dépassant par le dialogue et la négociation transparente, sincère et patiente” (FT 244). L’oubli ne doit jamais être proposé. “La Shoah ne doit jamais être oubliée” (FT 247), ni “les bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki” (FT 248), ni “la persécution, la traite des esclaves, les massacres ethniques” (FT 248), afin de ne pas commettre à nouveau des atrocités de cette ampleur. Mais “Il est très sain de faire mémoire du bien” (FT 249).
Enfin, le pape François s’attaque à deux sujets brûlants : la guerre et la peine de mort. “La guerre est la négation de tous les droits et une agression dramatique contre l’environnement” (FT 257). Après la découverte des armes nucléaires, chimiques et biologiques, la logique d’une possible guerre juste est balayée, compte tenu de sa puissance destructrice : “Nous ne pouvons donc plus penser à la guerre comme une solution, du fait que les risques seront probablement toujours plus grands que l’utilité hypothétique qu’on lui attribue. … Jamais plus la guerre” (FT 258) ! Le Pape ne doute pas que “La guerre est toujours un échec de la politique et de l’humanité, une capitulation honteuse, une déroute devant les forces du mal. (…) Interrogeons les victimes elles-mêmes” (FT 261).
Et voici la grande proposition : “Et avec les ressources financières consacrées aux armes ainsi qu’à d’autres dépenses militaires, créons un Fonds mondial en vue d’éradiquer une bonne fois pour toutes la faim et pour le développement des pays les plus pauvres” (FT 262).
La peine de mort est également visée : Aujourd’hui, nous déclarons clairement que “Aujourd’hui, nous disons clairement que « la peine de mort est inadmissible » et l’Église s’engage résolument à proposer qu’elle soit abolie dans le monde entier” (FT 263). Il faut lutter pour des conditions décentes dans les prisons et l’abolition de l’emprisonnement à vie, “une peine de mort secrète” (FT 268).
Il est nécessaire de suivre Isaïe qui a annoncé : “Ils briseront leurs épées pour en faire des socs” (FT 270). La fraternité ne peut être établie que par la rencontre des cœurs.
La fraternité des croyants. Chap. VIII
(Les religions au service de la fraternité dans le monde, 271-287)
Le pape François a une longue expérience du dialogue œcuménique et interreligieux et ne doute pas que ” Les différentes religions…, offrent une contribution précieuse à la construction de la fraternité et pour la défense de la justice dans la société” (FT 271). Notre contribution spécifique en tant que croyants est celle de croire en un “fondement unique” : “Nous, croyants, nous pensons que, sans une ouverture au Père de tous, il n’y aura pas de raisons solides et stables à l’appel à la fraternité” (FT 272).
Notre expérience de foi éclairée et vécue, accumulée au cours des millénaires, nous donne la conviction que “rendre Dieu présent est un bien pour nos sociétés” (FT 274). Et l’histoire nous dit aussi que nous tirons les leçons d’innombrables faiblesses et chutes.
Nous vivons à une époque marquée par l’exclusion de la dimension religieuse du débat public. Le pape François nous demande de revoir cette attitude car, selon lui, “Il est inadmissible que, dans le débat public, seuls les puissants et les hommes ou femmes de science aient droit à la parole. Il doit y avoir de la place pour la réflexion qui procède d’un arrière-plan religieux, recueillant des siècles d’expérience et de sagesse” (FT 275).
En ce qui concerne la mission de l’Église, le pape rappelle au monde que, au-delà des domaines de l’assistance sociale et humanitaire et de l’éducation, l’Église “cherche à promouvoir les personnes et la fraternité universelle” (FT 276). Et elle doit remplir sa mission en n’excluant personne, car elle est “une maison aux portes ouvertes, parce qu’elle est une Mère” (FT 276).
Le dialogue avec les autres religions est valorisé car il y a beaucoup de choses vraies et saintes en elles. Mais nous avons quelque chose de spécifique à donner au monde : “Mais nous, chrétiens, nous ne pouvons pas cacher que « si la musique de l’Évangile cesse de vibrer dans nos entrailles, nous aurons perdu la joie qui jaillit de la compassion, la tendresse qui naît de la confiance, la capacité de la réconciliation qui trouve sa source dans le fait de se savoir toujours pardonnés et envoyés. Si la musique de l’Évangile cesse de retentir dans nos maisons, sur nos places, sur nos lieux de travail, dans la politique et dans l’économie, nous aurons éteint la mélodie qui nous pousse à lutter pour la dignité de tout homme et de toute femme” (FT 277). Nous reconnaissons la richesse des autres qui boivent à d’autres sources.
Habituellement, les documents pontificaux se terminent par une référence à Marie. C’est ici que cela commence : “Pour de nombreux chrétiens, ce chemin de fraternité a aussi une Mère, appelée Marie. Elle a reçu au pied de la Croix cette maternité universelle (cf. Jn 19, 26) et elle est pleine de sollicitude, non seulement pour Jésus, mais aussi pour le « reste de ses enfants » (Ap 12, 17). Forte du pouvoir du Ressuscité, elle veut enfanter un monde nouveau où nous serons tous frères, où il y aura de la place pour chacun des exclus de nos sociétés, où resplendiront la justice et la paix. ” (FT 278).
François revient sur le thème brûlant et actuel de la liberté religieuse et demande aux responsables politiques du monde entier, où les chrétiens sont minoritaires, de se voir accorder la liberté de culte et de mission. Cette même liberté doit également être favorisée pour les croyants d’autres religions dans les pays à majorité chrétienne. Tout cela parce que “Il y a un droit fondamental qui ne doit pas être oublié sur le chemin de la fraternité et de la paix. C’est la liberté religieuse pour les croyants de toutes les religions” (FT 279).
L’unité au sein de l’Église est également une condition de la fraternité : ” une unité, laquelle s’enrichit des différences qui s’harmonisent par l’action de l’Esprit Saint ” (FT 280).
La religion ne va jamais de pair avec la violence. Mais elle ouvre des espaces communs de solidarité : “les croyants ont besoin de trouver des espaces où discuter et agir ensemble pour le bien commun et la promotion des plus pauvres” (FT 282). Et il doit être clair que “la violence ne trouve pas de fondement dans les convictions religieuses fondamentales, mais dans leurs déformations” (FT 282). D’où l’urgence “d’interrompre le soutien aux mouvements terroristes par la fourniture d’argent, d’armes, de plans ou de justifications, ainsi que par la couverture médiatiques et de considérer tout cela comme des crimes internationaux qui menacent la sécurité et la paix mondiale. Il faut condamner ce terrorisme sous toutes ses formes et ses manifestations” (FT 283).
Dieu n’a besoin de personne pour le défendre en son nom, et chaque chef religieux doit être un authentique médiateur, “un artisan de paix, qui unit au lieu de diviser, qui étouffe la haine au lieu de l’entretenir, qui ouvre des chemins de dialogue au lieu d’élever de nouveaux murs” (FT 284).
Fratelli Tutti se termine par une Prière au Créateur et une Prière chrétienne œcuménique. Le message final du Pape est clair : “Au nom de Dieu et de tout cela, [… nous déclarons] adopter la culture du dialogue comme chemin ; la collaboration commune comme conduite ; la connaissance réciproque comme méthode et critère” (FT 285).
Le monde a besoin de références et le pape nous demande de nous pencher sur la vie de Martin Luther King, Desmond Tutu, Gandhi et Charles de Foucauld. Ils sont des lumières brillantes pour nos jours.
Tony Neves CSSp, à Rome